Mon ange
de Guillermo Rosales

critiqué par Sahkti, le 21 avril 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Couper les ailes à un oiseau
William Figueras est le héros de ce livre poignant. Guillermo Rosales en est l'auteur. Entre les deux hommes, beaucoup de parallèles et un destin tragique.
Comme Rosales, William est écrivain. Cubain. Contraint à l'exil. Fuyant le communisme. William fuit Cuba et atterrit à Miami, il y découvre l'enfer, la misère. On le dit fou, il est peut-être simplement trop lucide sur cette réalité sordide qui l'entoure. Le voilà enfermé chez les fous, lui qui rêve de liberté. Cet asile privé est une véritable horreur et en même temps, il déborde de tant d'humanité, celle de ces pensionnaires désincarnés.
Un roman qui fait frissonner, d'autant plus qu'il est autobiographique, que tout cela est terrible et qu'on cotoie d'immensément près le drame du désespoir et de la perte de ses illusions. On n'en sort pas indemne. J'ai ressenti une profonde révolte en refermant le livre. D'abord lorsque William ne quitte pas une première fois ce boarding home. Et puis à la fin, devant cette injustice si flagrante qui le frappe à nouveau et anéantit toute envie d'envol. Couper les ailes à un oiseau... Rosales optera pour un grand départ "volontaire", Figueras pour l'enfermement résigné. Dans les deux cas, un beau gâchis et une profonde tristesse.