Pantin (Le)
de Michel Alzéal

critiqué par Shelton, le 21 avril 2006
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Chut ! Ecoutez comme c'est beau !!!
Souvent, je tente de vous convaincre que la bande dessinée n’est pas le médium que vous croyez connaître depuis votre petite enfance. Les super héros, les gags médiocres et les aventures pour garçonnets en mal de devenir adultes existent encore, certes, mais ne sont plus seuls dans les librairies. Il existe aussi de belles et douces choses lisibles par tous, qui font rêver, pleurer, penser, passer de bons moments de lecture… En voilà un magnifique exemple pour ne pas dire le plus beau, le meilleur… Voici donc un trésor de la bédé contemporaine !!!
Tout d’abord, que tous ceux qui ont peur des textes trop longs se rassurent, ici, il n’y a aucun texte. Oui, c’est une bande dessinée sans aucune parole ! Toutes les émotions du récit sont traduites en dessins, en couleurs, en non dits, en ellipses si fortes qu’on les relit mille fois avant de passer aux suivantes…
Un vieil homme fait sa valise. Il va quitter chez lui pour ce qui pourrait bien être le dernier voyage. Il part pour l’hôpital, il a l‘air très fatigué, malade peut-être et c’est sa famille qui vient l’aider à faire cet ultime déplacement… Mais, celui, que nous allons appeler le grand-père, laisse à son petit-fils un arlequin. Certains avaient des nounours, lui avait cet arlequin qui semble si doux au toucher qu’on le serrerait dans nos bras… Il avait du en recevoir, d’ailleurs, lui qui a peut-être accompagné le grand-père toute une vie… Le grand-père le laisse à son petit-fils comme un relais que l’on transmet, la vie, l’amour, la tendresse, tout cela doit continuer…
Arlequin verse une petite larme en voyant l’ambulance s’éloigner… Mais l’histoire ne verse pas dans le mélo à quatre sous. On a dit que c’était une transmission, alors Arlequin va tenter d’entrer dans cette phase de communication avec le jeune garçon… Mais notre peluche n’aime pas les dessins animés, les jeux vidéo, les pistolets et autres occupations de ce garçon et décide d’aller voir ailleurs ce qui se passe… Il s’échappe dans la ville… Vive la liberté, la vie, le grand air !!!
Mais, je ne voudrais pas vous en dire plus. Il y a à cela, deux bonnes raisons que je voudrais évoquer avec vous. Tout d’abord, pour préserver le suspense. Comment Arlequin pourra-t-il trouver une fin apaisante en quittant le jeune garçon à qui on l’avait confié ? D’ailleurs qui était le responsable dans le duo garçon-Arlequin ??? Mais, il y a aussi un second élément à prendre en cause : nous sommes en présence d’une histoire strictement visuelle. Chaque lecteur va donc devoir se construire son histoire, et ma version n’est, peut-être, pas celle que vous allez découvrir…
Mais c’est une petite merveille d’émotion, de tristesse et d’espérance. Un album que l’on devrait offrir à tous ceux que l’on aime car il aborde la vie en toute franchise, vérité et lumière. C’est aussi un ouvrage, lisible par tous, qui ose dire sur la mort ce que nous avons au fond de notre cœur : la tristesse et le désespoir de voir partir ceux que nous aimons, la certitude que tout ne peut pas stopper ainsi, l’espérance qu’il doit bien y avoir autre chose après cette déchirure et cette séparation…
A vous de vous faire votre idée ! A vous de prendre ce temps de lecture que vous ne regretterez pas mais qui laissera des profondes séquelles. Quatre ans après l’avoir découvert, je continue à le lire, à pleurer et l’aimer…
Une belle première aventure. 8 étoiles

Si on m'avait dit que je ferais une critique de bande dessinée, moi....
C'est un genre qui ne me séduit pas, ne m'a jamais séduite, ne me séduira quoiqu'il arrive jamais de manière irrésolue, je n'aime pas le mélange du texte et des images, je trouve fastidieux les mouvements oculaires qu'il impose, et surtout le fait qu'on m'illustre ce que je suis en train de lire me dérange.

Shelton m'avait donc suggéré de lire un ouvrage sans aucun texte.
Cette expérience m'a tentée, et je ne la regrette pas.
Ca m'a émue, vraiment.
J'ai aimé me raconter ma propre histoire, j'aime l'idée de pouvoir la réinventer inlassablement, (car comme le souligne Shelton les ellipses sont nombreuses), j'aimerai le compulser à nouveau de temps à autres pour y glaner de nouveaux détails qui m'ont sûrement échappée.

Mon fils de 10 ans l'a lue aussi, l'histoire de ce beau petit pantin.
Chacun a raconté l'histoire, telle qu'il l'a comprise, à l'autre.
Ce n'était pas complètement la même.....et c'est ça que j'ai vraiment adoré dans cette aventure visuelle.

Merci Shelton pour ce beau conseil.

A présent je ne dirai plus "je n'aime pas la bande dessinée", mais "j'aime la bande dessinée sans texte".

(Comme je n'ai aucune référence pour noter, je mets 4 étoiles.)

Sissi - Besançon - 53 ans - 27 janvier 2011