L'Homme-dé
de Luke Rhinehart

critiqué par Echoes74, le 7 avril 2006
(Montréal - 49 ans)


La note:  étoiles
Rien de va plus!
Psychiatre new-yorkais radié pour « activités de mauvais aloi » et « incompétence probable », le narrateur mythomane de cette soi-disant autobiographie maboule est recherché par le FBI parce qu'étouffé par la routine, traqué par la dépression, il a décidé de confier son destin au hasard, en jouant ses actes aux dés... Luke Rhinehart, anti-héros homonyme de l’auteur, psychiatre new-yorkais englué dans une vie monocorde, s’ennuie à mourir, jusqu’au jour où, après une nuit éthylique passée à jouer avec ses amis, il envisage un dé caché par une carte sur une table. Si le dé indique le chiffre un, il devra descendre à l’étage inférieur et violer sa voisine du dessous. Il soulève la carte, un, il descend... Complètement bouleversé par sa découverte, Rhinehart commence à jouer sa vie aux dés, partant du postulat que le monde va mal quand on le laisse à l’appréciation de l’homme, autant l’abandonner au hasard. À partir de ce moment là, il laissera le dé choisir entre des actions plus ou moins raisonnables et d’autres, totalement fantasmatiques, libérées de toute contingence morale et de toute forme d’interdit, entraînant à sa suite sa famille, ses amis, et, petit à petit, toute une cohorte d’admirateurs, dans une sarabande insensée dont personne ne sortira indemne, jusqu’à la chute.

Derrière le pseudonyme de Luke Rhinehart se cache un auteur alors inconnu, George Powers Cockroft. Gag ou traité burlesque du désespoir, ce livre délirant, cru, dévastateur, a circulé comme un canular béni sur les campus américains des années 70. On suit ce personnage avec amusement, on y croirait presque, même si le procédé devient un peu répétitif. Ce roman n'en reste pas moins une réussite. À l'époque de sa sortie, il est vite devenu un livre culte, affirmant « le droit à l'expression de tous les fantasmes ». Trente ans plus tard, le message ne passe plus de la même manière, il reste une histoire bien menée qui se lit toute seule.

Qui est Luke Rhinehart ? On ne le saura sans doute jamais, est-ce bien important après tout ? Surgi de nulle part, plus de trente ans en arrière, L’Homme dé s’impose d’emblée comme un des romans les plus subversifs des années 70 et devient rapidement un des étendards de la jeunesse estudiantine, à l’aube de la libération sexuelle et de la guerre du Vietnam, alors que les vagues contestataires démarrent comme un feu de garrigue dans tous les campus américains. Il est peut-être urgent de se repencher sur ce genre de bouquin, quand on songe à la molle protestation provoquée par la tout aussi injuste guerre en Irak, quelques années plus tard, sur les mêmes campus, où l’étudiant américain, perfusé au Mac-Do, et Fox-Newsé jusqu’au trognon, semble plus prompt à brandir la bannière étoilée que le poing. Bizarrement, L’Homme dé, tout culte qu’il fut, disparaîtra petit à petit des rayonnages, pour ne renaître que quelques années en arrière et connaître une nouvelle jeunesse que très récemment.

Si vous trouvez des ressemblances avec le film « Fight Club », ce n'est pas fortuit... Sinon, la question de savoir comment mener sa vie ne semble pas avoir intéressé seulement les philosophes Grecs de l'Antiquité !
Such A Shame 10 étoiles

Le titre de ma (petite) critique complémentaire vous semble curieux ? C'est que vous ne savez pas que la chanson "Such A Shame" de Talk Talk se base sur ce roman de Luke Rhinehart, voilà tout. Et c'était pour l'anecdote inutile.
Roman subversif pour son époque et même pour maintenant, que cette histoire racontant l'histoire d'un homme, psychanalyste, qui un jour décide de jouer l'ensemble des décisions de sa vie, des plus simples aux plus complexes, aux dés. "Si c'est pair je reste avec ma femme et mes enfants, si c'est impair je quitte le foyer et je ne reviendrai plus jamais et ne donnerai plus jamais de nouvelles aux miens", ce genre de choses. Au fil du roman (roman dont le personnage porte le même nom que son auteur, nom qui est un pseudonyme), le personnage va devenir une sorte de gourou, la situation va s'étendre, devenir un vrai phénomène...
On lit ce livre comme un vrai page-turner, c'est une incontestable réussite.

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 21 avril 2023


Culte 6 étoiles

Peut-on mener sa vie en confiant son avenir à une paire de dés? Peut-on se fier au hasard pour prendre des décisions qui bouleverseront votre futur d’une manière totalement aléatoire ? Pour ma part, je ne m’y risquerai pas mais Luke Rhinehart lui, n’hésite pas. Une manière de mettre beaucoup de piment dans son existence mais aussi un paquet d’emmerdes ! Un livre bourré d’humour et qui fait même réfléchir sur notre capacité à nous enfermer de notre plein gré dans des routines qui ne nous conviennent pas. J’ai adoré certains passages et un peu moins apprécié d’autres mais le ratio plaisir/ennui est quand même positif. C’est en tout cas un livre qui ne peut pas laisser indifférent. A découvrir…

Kabuto - Craponne - 63 ans - 27 mars 2021


Jouez le jeu ! 3 étoiles

Entrez gentiment dans cette pseudo-autobiographie de ce pseudo-psychiatre et... dès que vous vous ennuyez, jetez les dés pour savoir si vous arrêtez la lecture ou non !
Répétez souvent l'opération, et n'hésitez pas à pimenter vos choix, comme l'aurait fait ce brave Luke : sinon, vous risquez de mourir d'ennui...

Prosper Van Damme - - 57 ans - 4 octobre 2016


Alea jacta est 7 étoiles

Luke Rhinehart, 32 ans, marié, père d'une enfant, psychiatre. Sa vie conjugale, professionnelle, sexuelle, amicale est une réussite. Mais voilà, Luke Rhinehart s'ennuie. Alors il décide de jouer aux dés les décisions de son existence, des plus bénignes ou plus graves. Quand le 1 apparaît sur la face du dé, le sort de sa voisine est scellé. Luke doit descendre la violer.
L'idée de départ est géniale et ouvre au romancier un vaste champ des possibles. Les scènes se succèdent avec réussite. Le roman est drôle, plein d'esprit et bien écrit. Malheureusement les situations sont répétitives et le roman est trop long.

Ravenbac - Reims - 58 ans - 19 septembre 2016


Subversif 7 étoiles

Un roman coup de poing.

L'idée est bien trouvée et exploitée à fond. Les lignes traitant de psychologie sont très intéressantes. L'auteur décrit certaines situations avec un tel réalisme que l'on en vient à se demander si cela est bien un roman.
Le style est agréable, sans plus. Ce qui est déjà pas mal.

Du côté des points négatifs, peut-être un peu (beaucoup en fait) longuets et répétitif.

C'est donc un livre coup de poing, qui suscite beaucoup de réflexions sur le "moi". On en vient forcément à se poser la même question que se pose le docteur Rhinehart et qui tient tout le roman.

Attention tout de même, ce n'est (à mon avis) pas un livre à mettre entre toutes les mains. Si certains peuvent apprécier le côté subversif de la Dé-vie, il n'en reste pas moins que c'est une arme de destruction massive de l'Humanité.

Ucca - - 42 ans - 16 février 2015


Psychiatre extrême en quête de total épanouissement 6 étoiles

Ce roman étrange pousse à l’extrême une théorie et l’illustre de façon absolue. Parce que la vie n’aurait pas de sens et parce que les individus sont modelés et étouffés par la société qui les névrose, il conviendrait de s’en remettre constamment à l’inattendu pour décider de sa direction, ce qui créerait des individus totalement adaptés.

Ce long récit est parfois amusant du fait des situations racontées comme la consultation psychiatrique et la recherche d’une solution pour soulager les malades sinon les guérir. Au passage, les théories psychanalytiques et leurs créateurs sont abordés de façon critique.

La narrateur a le nom de l’auteur du livre est un psychiatre de New-York, trentenaire, marié avec 2 enfants à la fin des années 60. Il use de l’alcool et de la drogue mais son couple et son travail l’ennuient. Il s’essaie aux pratiques zen mais sans succès et il n’arrive toujours pas à écrire. Il décide alors un soir d’ivresse de mettre un peu de piquant dans sa vie et de jouer au dé différentes options. Il tombe sur celle de violer la femme de son ami et collègue qui habite quelques étages en-dessous et elle accepte. Dès lors, il va ériger le choix du hasard en théorie visant à détruire la personnalité dominante de l’individu imposée par la société afin de lui permettre explorer ses possibilités latentes réprimées. Et on va lire tous les bouleversements que cela va occasionner...

IF-0813-4077

Isad - - - ans - 11 août 2013


Commentaire hasardeux 8 étoiles

J'ai tiré mon dé du tiroir et lui ai demandé si je devais faire une critique : 1) drôle, 2) choquée, 3) triste, 4) va-t-en guerre, 5) cynique, 6) honnête...

Et c'est le 6 qui est tombé !!! Ma critique sera donc le plus honnête possible.

J'ai beaucoup apprécié ce livre qui sort complètement des sentiers battus. Nous nous retrouvons dans les Etats-Unis de la fin des années 60, bien après la 2nde Guerre mondiale et le mc Carthisme, dans une époque hippie-babacool-anti guerre du Vietnam et dans laquelle il n'existe plus d'interdits. L'auteur nous plonge complètement dans ce monde permissif mais sans assumer son avis puisqu'il utilise un intermédiaire de premier ordre qui est... un dé.

En effet, sous l'impulsion d'un dé, un psychologue très bien vu de ses pairs et menant une vie fort agréable dans un New-York bourgeois, va faire une expérience de premier ordre. Cette expérience va le conduire à demander au dé de lui dicter sa vie. Ainsi, chacune des décisions qu'il va prendre dans sa vie sera dictée par le dé. Le personnage principal, et donc l'auteur dédouané, peut ainsi donner libre cours à son imagination et à ses fantasmes pour établir une société au sein de laquelle plus aucune loi logique ne peut s'appliquer. Le dé peut aussi bien vous dire d'aller violer la voisine que de marcher à reculons jusqu'au travail ou quitter votre femme et vos enfants à vie....

Le but d'une telle pratique est de démodéliser le monde tel qu'il est aujourd'hui, c'est à dire standardisé, édulcoré, normé... Se priver de ces normes est supposé, d'après notre auteur/personnage principal, désinhiber tout être humain et lui permettre de mener une existence sans se faire juger puisque ce n'est pas une personne qui prend une décision mais le dé qui la lui impose.

Le style du roman est complètement déjanté, une sorte de "Conjuration des imbéciles", les dialogues n'ont parfois ni queue ni tête, les styles peuvent varier d'un chapitre sur l'autre en fonction du caractère du moment du personnage ou bien en fonction de l'histoire (chapitres type biblique issus du livre (imaginaire) du Dé, ressemblant à la Bible, chapitres type "articles de journaux", chapitres à la 1ère ou à la 3e personne, etc....).

Pour apprécier ce livre, il faut, déjà, le prendre au 4e degré et il faut, ensuite, avoir envie de plonger dans un style totalement novateur pour l'époque. Il n'est pas étonnant qu'il ait fait le tour des universités américaines à sa sortie car dans le genre "anti-conformisme" de l'époque on ne fait pas mieux. Epoque 68arde, sans tabous, interdits ni préjugés, l'auteur nous entraîne dans des endroits sordides, auprès de femmes plutôt faciles et il n'hésite pas à entrer très crûment dans les détails de parties très très fines. Une sorte de voyeurisme qui conforte l'auteur dans sa quête de destruction des tabous.

Enfin et dernière chose, l'auteur s'est vraiment appliqué (et cela reste vrai même s'il est psychologue dans la vie) à rendre cette psychothérapie qu'est le dé aussi vraie que possible. J'y ai cru un instant en me disant "tiens ce n'est pas si bête que ça" car il arrive, en nous expliquant et en detractant les théories de psychologie moderne, à être suffisamment intelligent et pédagogue pour distiller le doute.

Bref, en 2 mots, si ce n'est pas le livre du siècle, il mérite vraiment d'être lu au moins pour recevoir un bon coup sur la tête et se mettre et mettre l'Homme, le temps de la lecture, en question.... (ou pas en fonction du dé)

Clubber14 - Paris - 44 ans - 25 avril 2013


Au hasard des lectures... 4 étoiles

Ce roman se déroule à la fin des années soixante et le début des années soixante-dix. Un psychiatre new-yorkais est déprimé par la vie qu'il mène. Il décide de mettre sa vie dans les mains du hasard, en confiant la prise de ses décisions aux dés. Au départ, il ne le fait que pour des choses sans importance, mais plus le temps passe et plus il se prend au jeu. Il en arrive à un stade où il confie sa vie entière et le traitement de ses patients au hasard. Bien sûr cela à des conséquences, sur son environnement proche, son travail et sa santé mentale. Mais il rencontre un succès phénoménal car sa "thérapie" fait de plus en plus d'adeptes. Se laissant emporter par ses délires il va même aller jusqu'au meurtre. Il sera poursuivi et recherché par le F.B.I. et radié des instances médicales et psychiatrique.
L'auteur nous écrit ce livre sous la forme d'une autobiographie, employant la première et la troisième personne du singulier. Il fait de nombreuses digressions, entraine le lecteur dans son univers chaotique. Il détaille avec beaucoup de précisions les différentes scènes sexuelles et sadiques présentes dans son récit. Bref il nous donne l'impression d'être complètement â côté de ses pompes et il le fait avec brio.
Ce livre n'est pas un chef d'oeuvre de la littérature américaine, cependant il illustre bien l'ambiance hippie de l'époque. Certains de ses passages peuvent être très drôles, d'autres plus choquants, on s'emploie ici à ne pas laisser le lecteur insensible.
Lorsque j'ai eu terminé cet ouvrage une certaine satisfaction m'avait envahi, car j'étais un peu fatigué de lire les élucubrations de cet auteur. Son style et son récit ne me plaisaient guère, il a fallu que je me fasse violence pour arriver à la fin. Si vous avez besoin de faire une nouvelle expérience alors amusez-vous à lire ce bouquin, mais sinon je vous le déconseille fortement.

Laurent63 - AMBERT - 49 ans - 28 octobre 2011