Aphorismes
de Oscar Wilde

critiqué par Sahkti, le 4 avril 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
L'intelligence
"Aujourd'hui tout le monde est intelligent. On ne peut aller quelque part sans rencontrer des gens intelligents. C'est devenu un véritable fléau social."

C'est court, c'est bon, c'est drôle... un petit bijou que ce recueil de pensées et autres maximes made in Oscar Wilde!
Accessible chez Mille et une nuits, donc sympathique côté budget!
Ce livre est un régal. J'aime beaucoup l'humour féroce d'Oscar Wilde, du second degré très caustique qu'on lit sous de multiples facettes. En le lisant, je comprends mieux pourquoi on hésitait parfois à l'inviter dans certaines soirées mondaines, le Gainsbourg de l'époque qui faisait peur à tout le monde à cause des propos imprévisibles qu'il pouvait formuler.
Pas de grandes formules pour paraître cultivé dans les soirées mondaines ou aux repas de familles, mais quelques piques bien balancées sur la vie, le monde et nous!
Décevant 4 étoiles

Je ne connais pas Oscar Wilde dont je n'ai lu aucun livre et j'ai acheté un peu par hasard ce recueil d'aphorismes. Et, contrairement aux autres critiques, je suis déçu. C'est d'abord une drôle d'idée que de tirer de l'oeuvre des phrases censées exprimer la substance de l'esprit de l'auteur. Je n'y ai que rarement trouvé une approche intéressante d'un sujet. Trop de textes sont trop longs et ne portent pas l'éclair que procurent nombre d'autres citations empruntées à divers auteurs. On y trouve des réflexions récurrentes sur certains sujets: l'art, les femmes, la société victorienne, la vie. Je n'ai que peu trouvé d'aphorismes vraiment éclairants, certains me sont apparus mal rédigés et un peu lourds, certainement pas drôles. J'en retiens quand même un: "Dire d'un livre qu'il est moral ou immoral n'a pas de sens. Un livre est bien ou mal écrit - c'est tout."

Falgo - Lentilly - 85 ans - 16 octobre 2022


Tellement justes 10 étoiles

Un recueil de la pensée de Wilde; qui s'amusait à prendre la morale petite-bourgeoise sinon celle de ses servants à contre-pied... Quelque soit le sens qu'on leur donne, la plupart sont à suivre si l'on veut conserver un esprit et aussi un corps sain, l'ensemble n'ayant que peu vieilli et n'étant absolument pas surévalué à la base !

Dire que c'est artificiel c'est n'avoir rien compris à l'auteur, grand rebelle avant l'heure qui a payé de sa personne tous ses compromis, et qui était selon ses proches surtout une sorte de romantique un peu triste souhaitant peupler ses châteaux d'autre chose que de simples spectres...

Au XIXème les temps étaient durs et peu amènes, mais sans doute ne sommes-nous pas si loin de cette période toute aussi rustre: la crise a, paraît-il, également provoquée beaucoup de mauvais mariages et de ces conséquences (qui font le plus souvent la gloire des larbins, il faut bien le dire.) En tout cas ce n'est pas l'exercice anonyme qui va nous contredire.

Voilà, je suis parvenu à évoquer ce livre parfait sans citer une seule fois Oscar Wilde. Déja pas si mal.

Antihuman - Paris - 41 ans - 4 octobre 2014


Artificiel 5 étoiles

« La seule différence entre les saints et les pécheurs est que tous les saints ont un passé et tous les pécheurs un avenir. »

Oscar Wilde est un homme qui aimait en mettre plein la vue avec les mots, ça se voit dans ses écrits. Ce recueil (publié posthumément) rassemble les aphorismes de Wilde quand il utilisait le pseudonyme de Sebastian Melmoth (après qu’il ait été condamné pour homosexualité et qu’il aille vivre en Bretagne / France). Personnellement, je trouve que ses aphorismes passent mieux quand ils sont intégrés dans ses oeuvres que nus dans un recueil. C’est un peu trop d’un coup. Déjà dans son Dorian Gray, je trouvais qu’il avait la main lourde avec ses aphorismes, mais je pardonnais parce que l’histoire est un classique mémorable et intemporel.

J’adore Dorian Gray, ses pièces, ses nouvelles, sauf qu’ici ça m’était difficile d’être derrière Wilde. Il attaque tout le monde, un peu n’importe comment. Parfois, il dit une chose et son contraire. Il est drôle, il a une belle tournure, mais parfois j’ai l’impression que c’est du n’importe quoi avec de la verve pour faire de l’effet dans les soirées mondaines.

« Aucune femme n’est un génie. Les femmes sont le sexe décoratif. Elles n’ont rien à dire, mais elles le disent avec tant de charme. »

Je crois que ce qui m’a fait décrocher du recueil c’est ce qui est dit sur les femmes. Les femmes sont tout au plus de belles plantes qui doivent à tout prix rester loin de l’art. Quand je vois à quel point les femmes ont été brimées dans le passé, le total manque d’ouverture pendant des siècles des millénaires dans l’art (la littérature, la peinture et surtout pour moi la musique classique !), oui, ça m’a fait réagir de lire ce genre de grossièretés dites aussi légèrement et peut-être que c’est ça qu’il recherchait. Bien sûr, il disait ne jamais rien prendre au sérieux et Sahkti parle de second degré dans ce recueil, de son côté caustique, mais je trouve que c’est une excuse facile...

Enfin, c’est court à lire, c’est une collection très abordable (Mille et une nuits, 73) et oui, je recommanderais à ceux qui aiment Wilde, il y a quelques aphorismes bien croustillants. Pour découvrir l’artiste je conseillerais plus de chercher dans ses pièces ou son roman Le Portrait de Dorian Gray.

« Il est absurde de se donner des règles absolues sur ce qu’il faut lire et ce qu’il ne faut pas lire. Plus de la moitié de la culture moderne repose sur ce qu’il ne faut pas lire. »

Nance - - - ans - 19 juin 2013


érudition et humour 8 étoiles

quelques aphorismes d'O.W (ou pas) :

- Les infidèles connaissent les plaisirs de l'amour. Les fidèles en connaissent les tragédies...

- La vie imite l'art, plus que l'art imite la vie...

- Le scepticisme, c'est le début de la foi...

- L'absinthe apporte l'oubli, mais se paye en migraine...

- Dieu ? on peut demander à l'homme de croire à l'impossible, mais pas à l'improbable...

- Etre vertueux, c'est être en harmonie avec soi-même. La discorde, c'est être en harmonie avec les autres...

- La beauté est dans les yeux de celui qui regarde...

- La preuve que la mode est ridicule, c'est qu'elle change tout le temps...

- Le temps, c'est une perte d'argent...

- Le travail est le refuge des gens qui n'ont rien de mieux à faire...

- L'horreur est humaine...

- Nous somme tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles...

- Seul l'amour peut garder quelqu'un en vie...

- La philosophie nous apprend à supporter sereinement le malheur des autres...

- Il existe deux choses émouvantes dans la vie : la laideur qui se sait et la beauté qui s'ignore...

- L'amour de soi est le commencement d'une idylle qui durera jusqu'à la fin de la vie...

- Personne n'est assez riche pour racheter son passé...

- Quand un homme agit, c'est une marionnette. Quand il décrit, c'est un poète...

- La véritable perfection de l'homme réside non en ce qu'il a, mais en ce qu'il est...

- Les femmes sont des sphinx sans énigmes...

- Les femmes sont faites pour être aimées, pas comprises...

- Chaque femme est une rebelle, le plus souvent violemment révoltée contre elle-même...

- Les femmes dépravés inquiètent. Les vertueuses ennuient. C'est la seule différence entre les deux...

- Je préfère les personnes aux principes et je préfère de tout ce qui peut exister au monde les personnes sans principes...

- L'art est l'expression de l'individualisme la plus intense que le monde ait jamais connue...

- La nature est toujours en retard sur son temps. Il faut un grand artiste pour être foncièrement moderne...

- La seule bonne école pour apprendre l'art, ce n'est pas la vie, c'est l'art...

- Ce que l'art reflète en réalité, ce n'est pas la vie, c'est le spectateur...

- Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée...

- La fondation qui convient le mieux à un mariage, c'est l'incompréhension mutuelle...

- De nos jours tous les hommes mariés ressemblent à des célibataires, et vice versa...

- La fidélité est à la vie émotionnelle ce que la logique est à la vie intellectuelle : un constat d'échec...

- Rien ne ressemble autant à l'innocence qu'un écart de conduite...

- La modération est fatale. Rien ne réussit aussi parfaitement que l'excès...

- Chaque fois qu'un homme se comporte de façon foncièrement bête, il est toujours animé par les motifs les plus nobles...

- Etre en avance, c'est être parfait...

- Il n'y a que les gens superficiels qui ne jugent pas d'après les apparences...

- On devrait soit être une oeuvre d'art, soit en porter une...

- La mode, c'est ce que l'on porte. Ce qui est démodé, c'est ce que portent les autres...

- Les questions ne sont jamais indiscrètes. Les réponses le sont parfois...

- J'ai horreur des gens qui parlent d'eux, comme vous, lorsqu'on a, comme moi, envie de parler de soi...

- Un poignard fait plus que cent épigrammes...

- Les bons conseils n'ont jamais aucune utilité. Ils ne sont bons qu'à être transmis à quelqu'un d'autre...

- N'achetez jamais une chose dont vous n'avez pas envie uniquement parce qu'elle coûte cher...

- J'ai fait une découverte importante. L'alcool, consommé à quantité suffisante, produit les même effets que l'ivresse...

- Le seul moyen de résister à une tentation, c'est d'y céder...

- J'adore les plaisirs simples, ils sont le dernier refuge des gens complexes...

- La vulgarité, c'est tout simplement le comportement des autres, et les mensonges, ce sont les vérités des autres...

- La société pardonne souvent au criminel, mais jamais au rêveur...

- J'aime contempler les génies et écouter les gens très beaux...

- La beauté a ceci de supérieur au génie, c'est qu'elle n'a pas besoin d'explication...

- La cohérence est le refuge de ceux qui n'ont pas d'imagination...

- La gravité est le refuge des gens qui n'ont pas de profondeur...

- C'est toujours avec les meilleures intentions que le pire travail est accompli...

- J'ai une véritable horreur de la mort, et de la vie une horreur encore plus grande...

- Je n'écris pas pour plaire à des cliques. J'écris pour me plaire à moi-même...

- Que c'est triste ! une moitié de l'humanité ne croit pas en Dieu, et l'autre moitié ne croit pas en moi...

Keox - - 40 ans - 12 janvier 2012