Oeuvres complètes
de Pindare

critiqué par Joachim, le 3 avril 2006
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Pindare à neuf
anntônn biotô phaos"

"Rares sont ceux qui ont remporté sans peine la victoire, dont l'éclat illumine la vie, en récompense de tous nos exploits"

par Puech donne chez J.-P. Savignac :

"Ceux qui sans peine ont gagné la joie, rares ;
lumière sur la vie préférable à tout."

Le choix de J.-P. Savignac revient pratiquement à calquer l'ordre des mots du vers français sur l'ordre de ceux du vers grec, ce qui provoque naturellement une dislocation. Le nombre de pieds est presque exactement respecté.

Cette prise de parti peut choquer, elle est en certains endroits lumineuse, en d'autres obscures, créant des moments de doute. Le français n'est pas le grec, c'est dommage, et je doute que les non-hellénistes apprécient longtemps ce genre de traduction, malgré la légitimité et le regard neuf qu'on peut souvent lui accorder.

La nouvelle traduction est parfois presque illisible, c'est dommage, quand elle cherche à coller à la syntaxe grecque et à celle, bizarre pour les Grecs eux-mêmes, qu'adopte le poète lyrique. Un élément caractéristique, la possibilité en grec de forger des adjectifs composés, à laquelle le français, contrairement à l'anglais et à l'allemand, rechigne la plupart du temps. Quand Puech disait "Muses aux tresses violettes", Savignac répond par "Muses violettes-bouclées". Liberté d'apprécier ou pas. La recherche chez Rabelais notamment de termes neufs est intéressante.

Puech était Saint-John Perse et Valéry, Savignac pousse par moments jusqu'à Mallarmé et Rimbaud. C'est une question de ton, à étudier pour qui s'intéresse à la traduction de la poésie, ou tout simplement court après un français plus flexible, quel qu'en soit le prix.

"Première est l'Eau, et l'Or, en feu qui brûle,
éclate la nuit au comble de la richesse altière ;
mais si sonner des Jeux
te plaît, cher cœur,
non, fors le soleil ne scrute plus
d'autre plus torride au jour
d'astre lumineux dans l'éther solitaire,
ni ne parlons d'une joute meilleure qu'Olympie..."