Oeuvres, tome 2 : Pythiques
de Pindare

critiqué par Joachim, le 3 avril 2006
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Génie fondateur du lyrisme
Longtemps cité en exemple par une poignée d'amateurs, poursuivi par une réputation d'hermétisme et de préciosité, Pindare n'a qu'à être lu (enfin) pour de vrai pour faire tomber les idées reçues.

Pindare s'est nourri d'Homère et d'Hésiode, et il a influencé durablement la poésie occidentale : Platon, Ronsard, Chénier, Hölderlin, Keats, et plus récemment René Char, Paul Valéry, Saint-John Perse, Philippe Jaccottet, Michel Deguy...

Les Pythiques présentent quelques textes très célèbres (notamment la première) où les évocations du chant, des instruments et de la danse, les correspondances subtiles et d'une grande originalité entre les trois arts fondamentaux de la poésie chorale grecque qui se réunissaient pour former une sorte d'opéra à la gloire des héros, ponctués par des évocations brillantes et exemplaires de la sagesse archaïques.

Insaisissable, le génie de Pindare réside dans la liberté ahurissante qui caractérise toutes ses œuvres. Malmené, le récit des exploits mythiques ne font que mieux ressortir des maximes souvent sybillines, toujours brillantes. Une des plus connues, citée par Paul Valéry : "Ne cherche pas l'immortalité, chère âme, mais parcours le champ du possible".

La traduction des Belles lettres est un peu datée (1922), elle a le mérite d'exister, d'être très soignée dans son style légèrement précieux et abordable. Elle est en revanche un peu vieillotte par endroits et distante du rythme que le vers de Pindare apporte.

Il existe une traduction, assez intéressante, par J-P Savignac, aux éditions de la Différence, qui tente de rendre énergiquement la cadence du vers de Pindare, avec cependant des tentatives bizarres pour le (trop pauvre) français.