La terre des femmes
de Regina McBride

critiqué par Eireann 32, le 28 mars 2006
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Fêtes païennes.
Malgré une chronologie inversée, un superbe roman dans la lignée de «La nature de l’air et de l’eau». Une vie de passion et de conflit, d’amour et de trahison, et peut-être un jour l’apaisement et le bonheur.
Pendant la première partie du livre, nous sommes en 1972 à Santa Fé (Nouveau Mexique) Fiona y a rejoint son père photographe après avoir quitté l’Irlande et sa mère. Mais son père décède la laissant seule. Cherchant du matériel pour ouvrir une boutique, elle fait la connaissance de Carlos, antiquaire, dont un lointain ancêtre a fait partie de l’Invincible Armada, qui s’échoua près des côtes irlandaises, Carlos voue une véritable passion pour ce pays. Ils deviennent amis et se revoient souvent. Puis Carlos doit partir. Il veut tenter de retrouver l’épave du bateau de son ancêtre au large des îles Blasket. Fiona et lui deviennent amants.
La seconde partie de ce roman se déroule en Irlande en 1960.
Fiona est adolescente, sa mère, Jane, est un personnage tout en mystère et fragilité intérieure, elle n’a jamais connu son père, sûrement un des descendants de ces nomades irlandais chasséd de chez eux pendant les grandes famines. Fiona fait la connaissance de Michael, en tombe amoureuse, mais la saison des grandes fêtes celtiques arrive, elle accepte d’être la reine de Beltane (solstice d’été) et de devenir en ce jour précis la maîtresse de Michael. La fête passée, la vie suit son cour, Fiona s’interroge sur Michel, Jane aimerait se marier avec son voisin Mc Ginty, ce que refuse la mère de ce dernier. Malgré Michael qui sert d’entremetteur, la partie n’est pas gagnée, chacun a son lot d’animosité vis à vis de l’autre. Mais petit à petit, les certitudes de Fiona s’envolent, et elle demande à rejoindre son père Ronan aux Etats-Unis.
Ce roman, aussi réussi que le premier, nous fait découvrir les dernières fêtes celtiques, ce monde de sorcelleries et de magie, Jane et Fiona se livrant à des incantations, avec une mèche de cheveux pour faire revenir Ronan. Ou alors les coutumes pour ensemencement des champs ou les fêtes pour les solstices. (Samhain, le solstice d’hiver étant devenu Halloween aux U.S.A.)
Extraits :
-«Tir na mBan » (La Terre des Femmes)
Il a trouvé la Terre des Femmes. Le paradis irlandais.
-«Les Irlandais sont des gens mesquins», avait balbutié Jane en pleurant.
«Les Français comprennent les faiblesses de la nature humaine».
«Freud disait que les Irlandais étaient le seul peuple au monde auquel la psychanalyse ne pouvait venir en aide».
-C’est pendant les fêtes de Lugnasa, La moisson que ma mère a rencontré mon père. Les enfants conçus à la moisson sont voués à la terre.