Couma acò
de Edmond Baudoin

critiqué par Feint, le 23 mars 2006
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Le chef d'oeuvre inconnu
Edmond Baudoin évoque ses souvenirs d'enfance. Mais c'est à son grand-père qu'il laisse le rôle principal, un grand-père rude, vivant dans l'arrière-pays niçois, homme fruste et de "peu de mots" refusant d'avoir l'électricité chez lui, vu par le regard, entre fascination et dégoût, de son petit-fils, déjà citadin. Le narrateur adulte, devenu dessinateur - il faut admirer comment le trait épais de Baudouin laisse apparaître la trame du papier - reconnaîtra finalement dans son grand-père un initiateur et même un artiste, lorsqu'il se retrouvera devant le secret des murets de pierres sèches, montés trente ou quarante ans auparavant par l'aïeul disparu.

Je ne pense pas que cet album ait connu des ventes record. Les lecteurs de bande dessinée ont souvent tendance à délaisser tout ce qui ne ressortit pas au simple divertissement, et les lecteurs de littérature (ceux de Gracq, de Giono, de Michon...) ont souvent tendance à négliger ou à méconnaître la bande dessinée. C'est dommage : les uns comme les autres ratent quelque chose.

Pour mémoire, cet album magnifique a obtenu l'Alph'Art du meilleur album à Angoulême en 1992. Les Editions L'Association ont eu récemment la bonne idée d'en faire une réédition.