Comme une gazelle apprivoisée
de Barbara Pym

critiqué par Aria, le 21 mars 2006
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Un vrai dépaysement
« Le nouveau vicaire semblait être un jeune homme très convenable, mais quel dommage que l’on vît, dès qu’il s’asseyait, le bas de ses caleçons longs négligemment fourrés dans ses chaussettes ». Barbara Pym (1913-1980) donne tout de suite le ton de son roman : un œil aiguisé et plein d’humour sur la vie dans les villages anglais avant la guerre.

Belinda et Harriett Bede sont deux demoiselles quinquagénaires qui vivent de leurs rentes. Elles sont très occupées par la tenue de leur intérieur et de leur jardin mais leur passe-temps favori est leur participation à la vie paroissiale.
Belinda, l’aînée, mince et sérieuse, a toujours eu un faible pour l’archidiacre, qui a préféré épouser Agatha. Harriett, sa cadette, plus frivole, plus gaie, aux formes généreuses, préfère se consacrer au bien-être des jeunes vicaires, tous plus blêmes et maigrichons les uns que les autres, alors que le comte Ricardo ne cesse de la demander en mariage.
Aussi est-ce toute une affaire quand Agatha part en voyage seule en laissant l’archidiacre avec la bonne. Belinda va pouvoir veiller à ce qu’il ne manque de rien. Mais la vie du village est bien plus bouleversée lorsque se succèdent au presbytère de nouveaux célibataires : les responsables d’une grande bibliothèque, puis l’évêque de Mbawawa.

Miss Pym nous fait de délicieuses descriptions des intrigues auxquelles se livrent les deux sœurs pour inviter au thé ou au dîner leurs préférés, des longs préparatifs pour améliorer la robe de velours marron, des discussions acharnées pour décider si l’on fera de la poule au pot ou du canard, si l’on sortira le sherry ou le whisky. Et quel drame lorsque la couturière trouve une chenille dans son assiette de gratin de chou-fleur !

Publié en 1950, ce livre est le premier roman de cette romancière anglaise peu connue en France. Barbara Pym est pourtant reconnue dans le monde anglo-saxon comme un auteur de talent qui a su, à partir des petites choses de la vie quotidienne, faire d’admirables portraits psychologiques.

Une « sucrerie » à déguster lentement.

Titre original : « Some tame gazelle »
Savoureux ! 9 étoiles

Que rajouter à la très juste et pertinente critique d'Aria au sujet de ce livre.

Lire Barbara Pym est un réel bonheur pour qui aime le genre. Par certains côtés, elle se rapproche du style "Agatha Christie et Miss Marple" sans le cadavre évidemment. Mais tout y est, le petit village anglais, les vieilles demoiselles amateures de vicaires et de tout ce qui appartient au clergé, les cancans, les thés et les invitations à dîner, les toilettes de ces dames et les chaussettes à repriser de ces messieurs.

Certains personnages sont proches de la caricature comme cette chère Edith qui tient sa maison (ou plutôt ne la tient pas...) d'une façon tout à fait regrettable ! Et que dire de ses talents de cuisinière... elle ouvre une boîte de haricots et laisse tomber dedans sa cendre de cigarette avant de servir le tout à ses invitées !

Et puis, Belinda qui est amoureuse de l'archidiacre depuis trente années sans chercher ailleurs un autre amour et se satisfaisant de cet idylle platonique qui ne la mène nulle part. Et sa soeur Harriet qui refuse régulièrement les demandes en mariage d'un comte italien fortuné !

Certains passages sont très drôles tel celui de la conférence de l'évèque revenu d'Afrique et qui décrit les moeurs de sa communauté. Il va même jusqu'à donner une démonstration de leurs chants rituels au plus grand bonheur des villageois réunis dans la salle paroissiale.

Bref, je me suis bien amusée à lire ce livre et il me tarde de continuer à lire d'autres oeuvres de cette auteure.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 12 mai 2007