Les Oiseaux Bleus
de Christian Van Moer

critiqué par Le "chti" Nasir, le 20 mars 2006
(TOURNAI - 79 ans)


La note:  étoiles
LES OISEAUX BLEUS ou LE COMBAT CONTRE L\'HYDRE
LES OISEAUX BLEUS ou LE COMBAT CONTRE L’HYDRE
de Christian VAN MOER , © Editions Chloé des Lys (2005)

Voici d’abord, en quelques lignes, l’argument des Oiseaux Bleus, l’œuvre du Tournaisien Christian Van Moer, publiée chez Chloé des Lys :
En vacances au bord de la Grande Bleue, Julien rencontre Camille et c’est le coup de foudre réciproque. Mais après quelques semaines de folle passion, la jeune femme disparaît en laissant à son amant un billet d’adieu, où elle lui confesse que « sa nymphe callipyge obéit au clairon », qu’elle est en réalité une « guerrillera » et que son devoir l’appelle à Sarajevo pour se battre dans les rangs de ceux qui rêvent d’une Bosnie indépendante. Désespéré, Julien broie du noir. Un jour pourtant, contre toute attente, la milicienne le supplie de la rejoindre à Sarajevo. Le Français n’hésite pas une seconde. Surmontant sa peur, moderne Persée fermement résolu à délivrer sa belle Andromède des griffes du dragon, il se procure « un visa pour l’Enfer ». Et c’est bien l’enfer qui l’attend : l’enfer des corps à corps sanglants et des camps de concentration…

« Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. » prônait André Chenier. C’est sans doute ce que Christian Van Moer a dû se dire en renouant avec le genre difficile et délaissé du poème épique.
Les pensers nouveaux :
Thèmes brûlants, d’une triste actualité : les crimes de guerre (la torture, les exécutions sommaires), les crimes contre l’humanité (l’épuration ethnique, le génocide)… L’Hydre, le Dragon, la Bête… c’est évidemment l’allégorie de l’idéologie nationaliste poussée jusqu’au fanatisme aveugle et démentiel comme aux jours les plus sombres du nazisme et des fascismes.
Les vers antiques :
Ce long poème épique et lyrique (malgré la guerre, l’amour est toujours présent) est de facture classique, mais le rythme et le mètre sont variés et la lecture est rendue aisée. Les images sont puissantes, dures et s’appuient souvent sur la mythologie, mais le mot, parfois recherché, est juste et fait mouche. Et ce genre de poème engagé se lit comme un roman à suspense, car Christian Van Moer sait tenir son lecteur en haleine et, comme l’écrivait Françoise Lison dans Le Courrier de l’Escaut du 10/11/2005, « pas à pas, l’auteur construit un récit douloureux, en rimes et en questions… »
Alors inédite, cette œuvre fut présentée au concours de poésie de l’Académie des Sciences, Arts et Lettres d’Arras et la vénérable institution décerna à son auteur la médaille d’or.

Le "Chti" Nasir
J'ai lu "Les oiseaux bleus" de Christian Van Moer 10 étoiles

J’ai lu « Les oiseaux bleus » de Christian Van Moer (*)
Médaille d’Or de Poésie de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Arras (F)

………Editions Chloé des Lys
ISBN: 2-87459-095-9


Barde ou berger de la troupe ? Christian Van Moer est notre maître incontesté. Quand je referme le livre, je ne puis que souffler un « Diantre ! Quel diable de bonhomme ! »

Qui peut encore, aujourd’hui, se permettre le luxe de raconter une histoire en vers ?! Et une histoire d’aujourd’hui s’il vous plaît ! Quelle autre ponctuation que le point d’exclamation pourrais-je donc employer dans ce commentaire ? Vous êtes un diable, Monsieur Van Moer. Devant un tel écrit, je retire mon chapeau. Arras, en vous octroyant la Médaille d’Or, a reconnu en vous un maître de la poésie.

L’auteur nous raconte une histoire d’amour au moment le plus fort de la guerre de Bosnie. Il raconte, il murmure, il chante, loue, enrage, damne, hurle, pleure et avale la douleur. Il ne transcende rien, il offre, il offre tout : ses émotions et ses émois enrobés de musique rythmée par la magie des vers.

La richesse de la diversité des récits dans le rythme époustoufle. A la manière des anciens, il chante la mer, Eros puis, tel un magicien, il y mêle soudain les peaux dorées d’huile solaire et des mots tels que « sexy » et, enfin, tout en douceur et en délicatesse, y glisse furtivement la mélodie de la flûte… du dieu Pan !
Et je me surprends à lever les yeux et à chercher à le voir apparaître, le sourire doux au coin des lèvres. J’aime cet humour distillé qui rappelle que les récits latins et grecs n’étaient ni vierges ni insipides.

Je pense très sincèrement que, outre toutes les personnes aimant les lettres, ce livre devrait être lu et étudié par les sections littéraires.
Il est rare d’avoir des récits d’une telle qualité.

Christian Van Moer signe, avec « Les oiseaux bleus », un réel chef d’œuvre.

m.
23/07/2009

(*) http://christianvanmoer.skynetblogs.be

Martine_12 - - 71 ans - 24 juillet 2009