Anges déchus
de Richard K. Morgan

critiqué par Belial, le 20 mars 2006
(Anvers - 45 ans)


La note:  étoiles
Diplomatie au lance-flammes
Richard Morgan est un nouveau venu dans le cercle pas si restreint des auteurs de Science-Fiction britanniques. Il est parvenu en trois romans à renouveler et remettre au goût du jour le genre du cyberpunk, traditionnellement associé aux années 1980 et de plus en plus considéré comme désuet. Lorsqu’on lit sur le quatrième de couverture d’Anges Déchus que l’auteur a récemment entrepris de passer un bachelor d’Economie du développement, on est peu surpris de la teneur politique de ses ouvrages (dans un genre qui est par tradition un des plus politisés des œuvres de fiction).
Takeshi Kovacs, ancien « Diplo » (unité d’élite du Protectorat des Nations Unies) s’est engagé comme mercenaire auprès des Impacteurs de Carrera, gratin des forces armées chargées de combattre le révolutionnaire Kemp sur la planète Sanction IV. Après des années de lutte, la condition des habitants n’a cessé de se dégrader, tout comme la motivation de Takeshi, dont les penchants rebelles et les tendances au rejet de l’autorité sont bien connues des lecteurs du précédent opus de ses aventures. Aussi, lorsqu’un civil s’infiltre dans son camp orbital surprotégé en lui proposant de déserter pour s’associer à une opération juteuse, il n’hésite pas. Takeshi se retrouve mêlé à une opération archéologique majeure, financée par une corporation locale, qui suscite l’envie de tous les intervenants de l’opération. Aussi il ne serait pas surprenant qu’ « on » cherche à s’approprier la découverte de son équipe.
Tout comme le précédent volume relatant la vie de Takeshi Kovacs – Carbone Modifié, Anges Déchus fait la part belle aux scènes d’action et à la cinématique des scènes. L’option de Joel Silver (producteur de Matrix) sur ce précédent tome en vue d’une adaptation au cinéma, n’est donc en rien surprenante. Anges Déchus a tendance à mélanger les genres et les influences littéraires et artistiques : hardscience (les équipements futuristes sont décrits avec plus de précision que dans Carbone Modifié), space opera, cyberpunk… L’auteur n’hésite pas à faire quelques clins d’œil évidents aux films de SF, la série Alien en invitée vedette. Si comme pour ses autres romans, Richard Morgan n’omet pas le divertissement, la richesse de l’exposé des thèses politiques soutenues n’est pas omise. On retrouve avec intérêt les prémices d’une démocratie mondiale où l’importance des nations a semble-t-il beaucoup décru. La résurgence du militarisme fait douter de sa viabilité. Comme dans tout roman de cyberpunk qui se respecte, le capitalisme tient une place peu enviable, mais là où Morgan se distingue c’est dans sa focalisation sur les individus et leurs décisions plutôt que la critique d’un système économique qui n’a – à mon avis – pas sa place dans une fiction. Au final le roman pèche sans doute un peu par son manque d’homogénéité et de clarté, mais il est suffisamment bien écrit et efficace pour justifier sa lecture.
Extrait : « La guerre est une histoire d’amour ratée comme une autre. Bien sûr, on a envie de tout arrêter, mais à quel prix ? Et surtout, une fois qu’on s’en est sorti, se sent-on vraiment mieux ? »
Trop de guerre et de sang 6 étoiles

C'est en effet la guerre qui domine ce roman. Une guerre avec des armes futuristes, une guerre aux motivations éternellement idéologiques et prédatrices. Avec des cartels qui profitent de la situation pour vendre. Les civils sont des pions gênants tandis que les soldats bourrés de drogues et de gadgets dévastateurs, sont là pour obéir aux ordres sans discuter.

Les motivations des uns et des autres sont variées. Des retournements de situation et de loyauté font que le suspense dure jusqu'à la fin grâce mais aussi en dépit de l'intuition du héros, qui provient d'un réflexe conditionné acquis.

De la violence en abondance (passages que j'ai trouvé beaucoup trop longs), une dose d'aventure, une intrigue qui apparaît progressivement et un zeste de sexe composent ce roman. On retrouve certains traits de caractère du héros qui semble cependant moins sympathique que dans le 1e tome, totalement indépendant de celui-ci. Ce tome est en tous cas beaucoup moins profond que le précédent.

Kovacs, lieutenant chez les Impacteurs sur la planète Jonction en guerre abandonne son poste de mercenaire quand un homme l'approche, lui dit qu'une expédition archéologique a trouvé une porte dans un vaisseau martien menant vers un "ailleurs" en faisant des fouilles et lui demande son aide pour vendre cette trouvaille. Il va sortir la maîtresse de la guilde archéologique, seule rescapée de la campagne de fouille, du camp de réfugiés civils où elle se trouve.

IF-0915-4380

Isad - - - ans - 23 septembre 2015