Vieux Lézard
de Ousmane Diarra

critiqué par Sahkti, le 20 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
S'accepter
Un résumé très court dirait que c'est l'histoire d'un bibliothécaire, la quarantaine, posé, dont l'attention est détournée par une jeune lectrice assidue et belle comme l'amour. Au début, le courant ne passe pas très bien entre eux, elle ne respecte pas les horaires et il y a le fossé des générations. Puis ils se parlent. Des livres, du Mali, de Bamako, de la vie, des rêves, des traditions, de l'excision, de la douleur, des lapidations et des imams. Un jour, la jolie Sakira s'en va, le monde des esprits s'ouvre à elle.

Comme la langue de Ousmane Diarra est belle! Chantante, légère et grave à la fois, naturelle et spontanée, un vrai plaisir de lecture. Il y a un côté oral dans sa manière d'écrire, comme si il racontait une histoire au coin du feu.
Ousmane Diarra parle avec passion des livres et du métier de bibliothécaire. Il est lui-même bibliothécaire au Centre culturel français de Bamako, un métier qu'il connaît bien et dont il restitue avec beaucoup de justesse les contraintes et les plaisirs. Il parle de l'Afrique aussi et de ses traditions, surtout lorsque celles-ci font mal.
Moins sombre en apparence que "L'hibiscus pourpre" de Adichie ou "L'intérieur de la nuit" de Léonora Miano, mais pourtant l'essentiel est là, ce culte de la souffrance et d'une certaine violence, le poids des traditions, le besoin de liberté. Diarra a privilégié la voie de la tendresse et du dialogue, avec une petite touche particulière proche du conte. Cela n'enlève rien au poids de son sujet mais ça le rend sans doute plus aisé à aborder, et ce n'est pas plus mal.