Les normaux
de David Gilbert

critiqué par Podie, le 20 mars 2006
( - 43 ans)


La note:  étoiles
De quoi réfléchir sur nos névroses...
Billy Schine, un New-yorkais, vit de petits boulots parce qu'il ne veut pas devenir businessman à Wall Street comme tous ces camarades d'Harvard. Il reçoit un jour une lettre du cabinet de recouvrement Ragnar&Sons qui le menace de poursuites s'il ne rembourse pas dans les meilleurs délais son prêt étudiant. Billy décide de fuir New York et s'inscrit pour participer à une étude pharmaceutique chez HAM (Hargrove Anderson Medical). Contre une rémunération, il accepte de faire partie du groupe de 25 personnes qui vont tester l'Allevatrox, un anti-psychotique contre la schizophrénie.
Pendant les 15 jours de l'étude, on suit le parcours de personnages tous aussi originaux les uns que les autres et les effets secondaires du médicament sur leur corps et leur mental.
Billy tout d'abord, pessimiste de nature, qui se croit toujours poursuivi par Ragnar ; Brad Lannigan, un acteur qui fait du théâtre et qui décide un beau matin pendant l'étude de se raser entièrement le corps, y compris les cils et les sourcils; Gretchen, la seule femme du groupe, qui passe ses journées devant la chaîne météo et ses nuits dans le lit des hommes, etc.
D'autres histoires viennent s'insérer dans cette décapante galerie de portraits : un docteur qui recherche des cobayes humains pour breveter son expérience de cryogénie, des activistes de l'association SCANDAL qui dénoncent les agissement du HAM, la mère de Billy atteinte de la maladie d'Alzheimer et son père qui veut organiser son propre suicide et celui de sa femme le jour de leur anniversaire de mariage, et qui demande à Billy de bien vouloir venir scotcher les sacs sur leur tête, Chuck Savitch, dont l'IRM ressemble au visage du Christ sur le suaire de Turin et qui est pris pour le nouveau messie...

David Gilbert a mis 5 ans pour écrire ce roman. Un roman d'une écriture très fluide, humoristique, loufoque, qui dénonce les névroses de nos sociétés actuelles. Magnifique !
Des félicitations à adresser également au traducteur Jean-Luc Piningre qui a réussi à traduire les sigles et jeux de mots en gardant leur originalité.
Vous avez dit normal ? 8 étoiles

Qu'est-ce qui qualifie quelqu'un de normal ? Quelqu'un qui a des réactions attendues ? Quelqu'un qui n'a pas de problèmes mentaux ou physiques ? Les Normaux, dont Billy Schine fait partie, sont un groupe de personnes qui se sont engagées à recevoir des médicaments quotidiennement dans une clinique, CRAH, afin d'en tester les effets secondaires. Il n'est pas si facile de qualifier quelqu'un de normal, surtout quand on voir les interactions entre les différents cobayes de cette expérience.
Ce livre est un sacré morceau ! L'auteur expose les pensées de Billy Schine à un moment décisif de sa vie : harcelé par un usurier Ragnar pour non-recouvrement, englué dans une vie professionnelle qui peine à décoller, le jeune homme part deux semaines dans une clinique, payé à prendre des comprimés. Une entreprise assez rentable. C'est sans compter sur une ambiance assez particulière…
David Gilbert parsème son récit de petites touches loufoques : ce terrifiant usurier, des voisins de chambre excentriques, l'adorable Gretchen, sa relation particulière avec ses parents… J'ai beaucoup souri dans ce roman et, même si l'action s'y déroule très calmement, j'ai apprécié les mésaventures de Billy sans le plaindre vraiment parce que Gilbert fait une peinture assez réaliste du jeune homme : intelligent mais effrayé par la vie et l'amour ainsi qu'un peu égocentrique sur les bords. La désillusion semble être le maître mot de sa vie.
Les patients parlent de leurs expériences « professionnelles », partagent les pires anecdotes. On grimace en lisant certaines lignes, jusqu'à où sont prêts à aller les médecins pour faire le progrès de la science ?
C'est une lecture assez originale, j'ai passée un bon moment de lecture même si la fin est un peu décousue. J'ai vu qu'un nouveau livre de David Gilbert est sorti récemment, & Fils, je le note, j'espère y retrouver l'esprit que j'ai trouvé dans celui-ci.
(La couverture d'Actes Sud est assez différente de celle des éditions 10/18 et fait plus sentir le côté humoristique du roman alors que celle de 10/18 me faisait penser à Shining (hum moins drôle)).

Shan_Ze - Lyon - 40 ans - 20 octobre 2015