Le Grand Cinquième : Le lumineux destin du Dalaï Lama qui façonna le Tibet
de Patrick Weber

critiqué par Dirlandaise, le 10 mars 2006
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Une épopée au pays des nuages
Le cinquième Dalaï Lama fut un personnage hors du commun et l’un des plus grands dirigeants spirituels du Tibet. Il a accompli plusieurs grandes œuvres dont la réunification du pays, déchiré par les guerres internes ; l’alliance avec la Mongolie ; la construction du Potala à Lhassa et un voyage d’amitié en Chine pour y rencontrer le Fils du Ciel, Shun Chih. Sous son règne, le Tibet s’est ouvert au monde extérieur et s’est développé d’une façon spectaculaire. Le roman de Patrick Weber raconte la vie de cet homme sage et modéré depuis sa découverte à cinq ans dans un petit village reculé jusqu’à sa mort, soixante ans plus tard, tenue secrète durant de nombreuses années.

L’auteur mêle la réalité et la fiction, mettant en scène des personnages inventés qui côtoient des personnages ayant réellement existé dont Sonam Chöpel, le principal collaborateur du quatrième Dalaï Lama, Sangyé Gyatso, le dési qui accompagna le Grand Cinquième jusqu’à la fin de sa vie, Karma Tenkyong, le roi du pays de Tsang et Shun Chih, l’empereur de la Chine.

Donc, l’enfant de cinq ans est reconnu comme la cinquième incarnation du Bouddha sur terre et devra vivre au grand monastère de Gandem avec sa mère et son frère adoptif Tempa qui deviendra le chef de sa garde personnel. La vie au monastère est stricte et Lobsang devra passer ses journées à étudier les textes sacrés afin de pouvoir remplir sa tâche au mieux de ses connaissances. Le temps passe et les événements tragiques ne manquent pas. Lobsang doit combattre le roi du Tsang qui conteste son autorité et désire le vaincre. Il devra faire face à de nombreuses crises et gérer efficacement ce territoire dont il est responsable. Trahisons, meurtres, attentats et complots parsèment ce récit passionnant. Mais aussi de belles histoires d’amour et d’amitié viennent éclairer le roman, ajoutant une touche de romantisme et de passion. Une belle atmosphère de méditation et de spiritualité imprègne le lecteur. La culture du Tibet en est une des plus mystérieuse et attirante : le thé au beurre de yack, la tsempa, les lampes à l’huile, le culte du divin, la diplomatie, la patience et surtout les paysages grandioses me font aimer ce pays merveilleux.

Un beau roman qui se lit comme une épopée et qui plaira à ceux qui aiment le Tibet et qui s’intéressent à son histoire et à sa culture. Chaque chapitre est précédé d’une citation haute en sagesse tibétaine qui ajoute à l’atmosphère de recueillement et de méditation propre à cette religion admirable :

« Entre le ciel et la terre, il n’y a qu’une demeure temporaire. » Bouddha

« Lorsque je rencontre des êtres dont la nature est perverse, accablés par la violence de leurs méfaits et la détresse, puissé-je les chérir comme si j’avais découvert un rare et précieux trésor. » Pratique de l’esprit d’Éveil

« Pour jouir d’une vie heureuse et accomplie, la clé est l’état d’esprit. C’est là l’essentiel. » Le XIV ième Dalaï Lama

« La compassion est la meilleure des protections. » Sogyal Rinpoché

« Être satisfait du malheur éprouvé par un ennemi, se sentir vengé de ce qu’il vous a fait subir parce qu’il se désespère ne vous apportera jamais le bonheur. » XIV ième Dalaï Lama

« Notre situation peut être vue comme le paradis ou l’enfer : tout dépend de notre perception. » Pema Chödrön

La seule faiblesse que j’ai constatée dans le récit est la prévisibilité de certaines intrigues qui m’a laissé comme une impression de naïveté de la part de l’auteur. Mon enthousiasme en a été un peu refroidi et je trouve ça dommage mais j’ai bien apprécié cette histoire magnifique malgré tout.