Algérie : Vue du ciel
de Yann Arthus-Bertrand, Djamel Souidi, Benjamin Stora, Jean Daniel (Préface)

critiqué par Sahkti, le 10 mars 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
La beauté sonne faux
On ne va pas bouder son plaisir, les photographies de Yann Arthus-Bertrand sont superbes d'ouvrage en ouvrage. Alors consacrer un album photos à un pays beau comme l'Algérie, c'est certain, j'étais curieuse.
La qualité des photos est là, c'est indiscutablement esthétique. Mais comment dire... je trouve que ça manque cruellement de vie. Le photographe affirme avoir pu photographier partout et comme il voulait, avec autorisation spéciale de survol du territoire délivrée par Bouteflika lui-même (c'est le président algérien qui a demandé à Arthus-Bertrand de réaliser cet ouvrage... en toute indépendance paraît-il). On pourrait s'en réjouir mais de trop haut, la misère, elle ne se voit plus et ça, c'est bien dommage. Prenons la Casbah d'Alger. Vue du ciel, elle semble presque belle et magique. Dérangeant.

Donc on a l'Algérie, belle, envoûtante, avec ses couleurs, sa mer, ses montagnes, ses grandes villes et ses étendues désertes... Tout cela semble riche à souhait, opulent, joyeux... la vie est belle.
Puis je cherche les gens. Ceux qui justement la font et la défont cette Algérie de catalogue. Et je ne les vois pas. Ho je cherche! Il y en a bien ci et là quelques-uns qui font signe, qui regarde l'hélico et son photographe, qui se demandent ce qui se passe, petits points minuscules au milieu de l'immensité. Pas de regards, pas de mots, pas de sourires... l'humanité est absente à chaque page. Restent les couleurs. Qui finissent par sonner faux. Trop belle l'Algérie. Sans misère, sans bidonvilles, sans ruelles crasseuses ou villages misérables. El-Hamiz ressemblerait presque à une colonie de vacances...

Je ressens un malaise, je suis partagée, cet ouvrage a une allure de trop politiquement correct que sa beauté ne suffit pas à effacer. Dommage, il y avait une intention...
Sans vague 6 étoiles

« La Terre est ma patrie et je passe une grande partie de ma vie à voler et à montrer la diversité du monde. »

Je peux comprendre le malaise en lisant ce beau-livre, le trop propre, trop lisse. Yann Arthus-Bertrand nous montre une Algérie mystique, l’Algérie du ciel, pas celle du quotidien. Il a déjà mentionné qu’il y a certains endroits où il lui fallait se montrer plus diplomatique, je ne sais pas si c’est le cas ici, on peut se demande si il a cherché à ne pas faire de vagues. Ce photographe a toujours privilégié les photos esthétiquement belles aux photos polémiques à caractère politique, mais on dirait qu’il a pris encore moins de risques que d’habitude. Ça sentait parfois pamphlet touristique, mais peut-être que c’était le prix à payer pour les belles photos. Il a quand même eu la chance de survoler le pays sans problème.

Pour les textes, je les ai trouvé un peu trop compacts au début (je trouve que 9 pages en ligne sans photo, c’est trop pour ce genre de livre), mais à part de ça, j’ai beaucoup apprécié les informations tout au long du livre sur l’endroit des photographies. Instructif, mais j’aurais voulu avoir des commentaires plus personnels.

Le format de mon édition (La Martinière, 2011) était agréable (moyen, carré). Certaines photos étaient sur deux pages, ce que j’aime moins, et j’aurais voulu que les informations se retrouvent plus souvent sur la même page des photos, pour éviter les va-et-vient.

En gros je recommande, les photos d’Arthus-Bertrand sont toujours aussi sublimes et caractéristiques au photographe, on en apprend sur l’histoire du pays, mais je n’ai pas l’impression d’en connaître plus sur la vie des gens qui y habitent.

« Ce livre porte en lui plus que des photos de paysages, l’espoir est là. »

Nance - - - ans - 8 octobre 2012