Le Cheval Blanc
de Georges Simenon

critiqué par JEANLEBLEU, le 24 février 2006
(Orange - 56 ans)


La note:  étoiles
Encore un Simenon magnifique !
Tous (ou presque tous) les personnages de ce roman polyphonique en sont les héros. Ils sont tous bien campés avec leur psychologie, leurs motivations, leurs histoires personnelles. Nous voyons l'histoire, tour à tour, à travers les yeux de chacun. Il y a même des enfants (Ah ce Emile est inoubliable !). Un grand Simenon. Après avoir lu ce roman, on a l'impression de mieux comprendre l'espèce humaine dans sa diversité... L'écriture impressionniste de Simenon fait, encore une fois, merveille. Quelle poésie des moments simples ! Quelle compréhension de ses personnages, même dans leurs aspects inavouables...

Rien que le premier chapître est un chef d'oeuvre à lui tout seul...

Pour finir, je voudrais fustiger les 4ème de couvertures de la collection "FOLIO Policier" qui n'ont souvent (en tout cas pour Simenon) qu'un rapport très vague et ultra simplificateur avec le contenu réel du roman. Je ne sais pas si ce genre de texte incite vraiment les lecteurs à rentrer dans un tel roman. Le mieux, pour Simenon, n'est-il pas (comme le fait la collection "Livre de Poche") de mettre juste les premières lignes du roman...
Une pensée pour Rose … 10 étoiles

Ce roman en forme de boucle m’a fait penser un peu à la fantaisie pour piano (« Wanderer . D . 760 de Schubert) ce qui est pour moi déjà, remarquable. Notamment avec ce couple qu’est Maurice et Germaine Arbelet parachevant cette histoire rurale. Ensuite, il y a ce patron du « cheval blanc » toujours en rut, contrastant, justement avec Maurice qui, lui, semble introverti… Enfin cette épave de Félix, qui croupit le plus souvent sur une paillasse et pour couronner le tout, la fameuse réplique d’Arletty dans Hôtel du Nord… Impressionnant.

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 4 mars 2020


Cheval blanc et chien enchaîné 9 étoiles

Monsieur Arbelet aime faire des promenades avec son épouse et ses deux enfants. Ils arrivent un beau jour à l’auberge « Le cheval blanc « près de Neuilly. Ce restaurant est tenu par Jean, son épouse madame Fernande, deux servantes Thérèse et Rose qui doivent supporter les mains baladeuses du patron (et si ce n’était que cela …), la vieille Nine, Félix un vieux pervers, homme à tout faire. Les yeux et la plume de Simenon font le reste à savoir nous décrire ce petit monde. Pas de crime, pas de Maigret mais le génie de Simenon fait une fois de plus que l’on se délecte à lire ces pages ; et vous, lecteurs, assisterez comme si vous y étiez, à ce spectacle pas toujours très glorieux. Car, au fond, chacun ici ressemble au pauvre chien, enchaîné nuit et jour, et qui ne vaut pas plus que sa gamelle…


Extrait :

Il valait mieux n’en pas parler, n’en jamais parler. La plupart des malheurs viennent de ce qu’on en parle. De parler, cela précise des pensées, des sentiments, des désirs qui n’auraient peut-être jamais éclos dans le silence.

Catinus - Liège - 73 ans - 13 juillet 2013