Maigret a peur
de Georges Simenon

critiqué par Richard, le 21 février 2006
( - 78 ans)


La note:  étoiles
un maigret "chabrolien"
Les « Maigret » étaient d’après Simenon une série de textes alimentaires qui devaient lui permettre d’assouvir ses immenses besoins pécuniaires en attendant d’écrire « l’ouvrage littéraire » par lequel il obtiendrait, l’espérait-il, enfin la consécration : l’admiration des grands écrivains de son époque, Gide notamment, l’accès à une noble assemblée comme l’Académie Française, un prix comme le Nobel.
Tout au long de sa vie Simenon a dit et puis s’est contredit, comme l’a montré Pierre Assouline dans sa biographie. Plus que les déclarations ce sont les faits qui montrent au plus près la réalité de l’écrivain et de l’homme.
La série des Maigret n’est pas une œuvre mineure, même si les ouvrages sont de qualité variable. Au-delà de l’intérêt romanesque et la dextérité avec laquelle Simenon nous fait entrer dans la vie des personnages les plus divers, nous fait ressentir physiquement et moralement son personnage principal. Les « maigret » s’accompagnent tous d’une analyse sociologique fine d’un milieu social. Dans « maigret a peur » nous avons affaire à la bourgeoisie de province, cette bourgeoisie chère à l’œuvre de Chabrol, qui est ici peinte avec sa noblesse, ses faiblesses, ses tares et ses peurs.
Le célèbre commissaire débarque dans une ville de province pour rencontrer un vieil ami d’enfance qui exerce la charge de juge et fréquente la haute bourgeoisie. Une série de crimes se produit, la majorité des habitants hostile à la bourgeoisie a vite désigné le coupable, le juge est dépassé, mais heureusement Maigret est là.
Un bout de tuyau 9 étoiles

Maigret a décidé d’aller saluer son vieil ami Chabot qui est juge en province, à Fontenay-le-Comte. Il est encore dans le train qu’il apprend qu’un meurtre a été commis, là-bas. Et ce n’est pas un crime qui y sera perpétré mais deux, puis un troisième … et plus tard un suicide et deux suicides loupés. Maigret s’en mêle, un peu à l’écart (comme il aime tant ! ). Les trois personnes assassinées n’ont aucun lien entre elles et l’on retrouve l’arme du crime : un morceau de tuyau de plomberie usagé. Le roman aurait pu d’ailleurs très bien pu s’intituler : « un morceau de tuyau « .

Un « Maigret » tout simple, ce qui ne veut pas dire de moindre qualité : tout y est merveilleusement bien emballé et vous pourrez voir apparaître, devant vous, les différents personnages comme s’ils étaient réels. La marque de fabrique de notre bon vieux Georges adoré.

Catinus - Liège - 73 ans - 20 juin 2013