Le Moghol blanc
de William Dalrymple

critiqué par FROISSART, le 20 février 2006
(St Paul - 77 ans)


La note:  étoiles
La lecture de Patryck Froissart
Le moghol blanc
Auteur: William Dalrymple
Collection Noir sur blanc (Le Seuil)
Ce livre, traduit de l'anglais, est à la fois une chronique extrêmement précise et documentée de la vie des grands dignitaires anglais dans l'Inde coloniale de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècles et le récit, à peine romancé, mais très romanesque, de la vie amoureuse de James Kirkpatrick, Lord Résident britannique de la Compagnie anglaise des Indes Orientales, et de celle qui allait devenir, malgré de nombreux obstacles liés aux convenances et à la politique officielle de la puissance coloniale, son épouse, la belle Khair un Nissa. Converti à l'Islam, Kirkpatrick, comme un grand nombre de ses compatriotes, allait vivre de plus en plus à l'indienne, ce qui devait lui attirer de nombreux ennuis, et menacer sa carrière.
L'auteur, qui serait lui-même d'ascendance anglo-indienne, s'est livré à un véritable travail d'historien, et a pu accéder, au prix d'une recherche obstinée, à de nombreuses pièces d'archives, publiques et privées, tant en Inde qu'au Royaume-Uni.
L'intérêt de l'ouvrage réside en ce que l'intrigue fondatrice est contextualisée dans de passionnantes études sur la vie des résidents britanniques, et aussi sur celle d'autres Européens, en Inde à cette période de l'Histoire. C'est ainsi que le lecteur apprend que tout individu, quel que fût son origine, sa couleur de peau, sa religion, pouvait être admis à occuper les plus hautes charges dignitaires à la cour d'un radjah, pour peu qu'il possédât des compétences reconnues dans un domaine intéressant le souverain. Quelle leçon pour nos sociétés chauvines, nationalistes, voire xénophobes du XXIe siècle!
Inscrire l'histoire dans l'Histoire, voilà ce que réussit à faire Dalrymple, rejoignant la lignée des Balzac et Zola. Du grand roman !
Patryck Froissart, le 2 janvier 2006
Le récit d'un historien 9 étoiles

Il s'agit avant tout d'un récit historique fondé sur les recherches personnelles de l'auteur, et ce qu'il a découvert dépasse largement ce qu'aurait pu imaginer un auteur prolifique. La vie quotidienne en Inde des occupants britanniques de la Compagnie de Indes Orientales au XVIIIème siècel est magnifiquement décrite et cela ne peut qu'encourager le voyageur d'aujourd'hui à rechercher les lieux évoqués et à découvrir les restes de ces splendeurs.

Des français prenaient part également à l'aventure comme le fameux Benoît de Boigne qui dirigeait un régiment sous les couleurs fleurdelysées partant à l'assaut d'un autre régiment commandé par un français qui s'était placé derrière les couleurs révolutionnaires au service de Tipu sultan, membre du club des Jacobins !

On lit assez lentement cet épais ouvrege mais on le savoure jusqu'à la fin.

Si vous aimez le Moghol blanc, vous aimerez le dernier Moghol, du même auteur...

Tanneguy - Paris - 85 ans - 23 mars 2009