La vie mode d'emploi
de Georges Perec

critiqué par CptNemo, le 18 juin 2001
(Paris - 50 ans)


La note:  étoiles
Puzzle
Imaginez un échiquier. Maintenant imaginez un cavalier placé sur n'importe quelle case de l'échiquier ?
Et maintenant essayez de passer sur toutes les cases de l'échiquier sans repasser deux fois par la même case ?
Vous venez de découvrir l'énigme du cavalier ?
Imaginez à présent que cet échiquier représente un immeuble vu en coupe, chaque case représentant une pièce de l'immeuble. A présent pour chacune de ces pièces, vous allez raconter une histoire. Et pour chacune de ces histoires il y aura des éléments imposés.
Voila le principe qui gouverne "la Vie mode d'emploi", le plus grand puzzle de la littérature française.
Un livre extraordinaire par un écrivain halluciné. Ce livre fourmille d'idées, d'histoires, de jeux grammaticaux (palindrome et autre). Si au début on se demande où Perec veut en venir, on se laisse très vite porter au gré des 400 histoires que comprend ce roman.
Et à la dernière page, la lumière se fait, et quelle lumière.
A lire absolument.
Quel effort pour l'écrivain... et le lecteur ! 7 étoiles

Le nouveau roman était pour moi un concept un peu vague, un reste de cours de français. Je ne sais plus ce qui m’a décidé récemment à lire Georges Perec, en commençant par La vie mode d’emploi. J’ai adoré le préambule sur les puzzles. L’ambiance créée par les descriptions des premiers chapitres a été un plaisir me permettant de me fondre dans l’ambiance, l’ironie moqueuse rajoutait du piquant.
Au bout d’un moment, je me suis mis à la recherche d’informations sur les secrets de montage et j’ai découvert sur quelques sites érudits l’existence des listes, le damier, le problème d’échecs... C’est avec la satisfaction de mieux suivre l’enchaînement apparemment désordonné des descriptions et des anecdotes que j’ai poursuivi ma lecture.
Ceci étant, je l’avoue, plus de six cents pages, même bien écrites, quand il n’y a pas d’intrigue et que Perec prend plaisir à se moquer un peu gentiment de son lecteur c’est long ! Monumental certes mais épuisant : j’ai accéléré sur la fin...

Romur - Viroflay - 50 ans - 3 février 2018


De la cave au grenier 10 étoiles

Au début on est un peu perdu, l'auteur nous emmène de pièce en pièce dans ce grand immeuble, nous les décrit et parle de personnes dont on ne connaît rien puis au fur et à mesure le puzzle s'assemble, les histoires commencées plus tôt se développent et les occupants de ces lieux se dévoilent. Les premiers chapitres m'ont donc légèrement perturbé mais ensuite j'ai vite été conquis, c'est d'une très grande originalité et Georges Perec ne se contente pas d'une simple description mais nous fait découvrir des dizaines, des centaines d'histoires. C'est particulier c'est vrai et parfois il faut s'accrocher un peu et se rappeler qui est qui et qui a fait quoi mais cette œuvre vaut vraiment le détour car à partir d'un principe qui, à l'image des puzzles de Bartlebooth, comporte beaucoup de contraintes, le résultat est magistral.

Par contre, le seul élément que j'ai trouvé dommage est la présence d'un épilogue qui se déroule après ce que l'on vient de lire. On passe en effet tout le roman sur un même instant T, dont on comprend l'importance dans le tout dernier chapitre et au lieu de terminer sur ce moment il y a un épilogue que je trouve superflu et qui gâche un peu l'effet, tant pis. Ce livre a été tout de même une très belle découverte et fait partie de ceux qui m'ont probablement le plus marqué.

Koolasuchus - Laon - 34 ans - 14 mai 2017


Un rez-de-chaussée aurait suffi. 2 étoiles

J'ai arrêté au bout de 100 pages mais avant d'abandonner j'étais allé voir sur le net si on indiquait par hasard que la lecture du livre était laborieuse au début mais s'améliorait ensuite.
Rien de cela, au contraire quelqu'un a noté que le livre est un peu lent et fastidieux sur la fin qui présente des longueurs ... et bien !

Voici le commentaire d'un lecteur pris sur un autre site et qui résume bien le problème :
"Une prouesse : comment écrire 5oo pages quand on a rien à dire et se faire un nom dans la littérature ? Prenez la moquette de votre cage d'escalier, décrivez la pendant plusieurs pages (c'est encore mieux s'il y a beaucoup d'étages). Ou alors, allez chez Castorama et retranscrivez le catalogue."

Sa bonne position dans votre classement des livres (229 ème) et son prix Médicis en 1978 m'avait incité à choisir ce livre ... je suis tombé de haut.

Jérémy - - 75 ans - 3 novembre 2015


Une réussite expérimentale 10 étoiles

« On en déduira quelque chose qui est sans doute l'ultime vérité du puzzle : en dépit des apparences, ce n'est pas un jeu solitaire : chaque geste que fait le poseur de puzzle, le faiseur de puzzle l'a fait avant lui ; chaque pièce qu'il prend et reprend, qu'il examine, qu'il caresse, chaque combinaison qu'il essaye et essaye encore, chaque tâtonnement, chaque intuition, chaque espoir, chaque découragement, ont été décidés calculés étudiés par l'autre. »

On suit les aventures tragi-comiques des habitants d’un immeuble parisien sur près d’un siècle. Un immeuble, tel qu’on peut s’en apercevoir sur le plan à la fin de l’ouvrage, qui est divisé en 100 cases (un échiquier 10x10), chaque case étant une pièce du « puzzle », chaque pièce du puzzle étant racontée par l’auteur. Comme tout puzzle, il y a des pièces qu’on peut lier plus facilement, mais d’autres qui demandent plus de réflexions.

Oh oui, il est bon de dire que non seulement on nous raconte toutes les pièces du puzzle, sans deux fois passer par la même, les histoires se suivent sur le plan de l’immeuble par mouvement en L, comme le mouvement du cavalier dans les échecs (la polygraphie du cavalier) ! C’est vraiment un gros travail ! Le côté mathématique / exercice de style de l’oeuvre pourrait rebuter, mais heureusement Perec a un grand sens de conteur, avec plein d’anecdotes loufoques et de digressions qui rendent le tout très savoureux.

Un monument ! C’est un livre, si on prend en compte le nombre impressionnant de personnages, qui est surprenamment facile à suivre, mais on peut dire que le plan de l’immeuble y a été pour quelque chose. Bien qu’une fois, j’ai été mélangée quand on nous dit que l’atelier de Hutting est à l’extrême droite, alors que sur le plan il est clairement à l’extrême gauche. Coquille ou l’auteur veut nous sortir de notre zone de confort ? Je pense plus que c’était voulu et qu’on cherchait à nous déstabiliser.

En tout cas, c’est un chef d’oeuvre que je recommanderais, épuisant par moments, mais beaucoup plus accessible qu’on pourrait y penser.

Nance - - - ans - 19 novembre 2013


Livre emporté en vacances, pour être emportée. 10 étoiles

Je n'ai rien de plus à dire, ce roman est incroyable. Ce qui m'a plu, au "plu" haut point, c'est la profusion des histoires, dans lesquelles on est instantanément plongé. (l'exemple le plus frappant étant l'histoire de la fille de Vera Orlova, selon moi: il y a là matière à un roman entier.)

Lobe - Vaud - 29 ans - 3 septembre 2011


Un des piliers d'une bibliothèque idéale 10 étoiles

C'est à peine imaginable tout ce qu'il y a dans ce livre. Il est si riche que l'on peut le relire plusieurs fois sans en faire le tour.
Ce n'est pas un roman mais des romans emboités les uns dans les autres. Le niveau du romanesque et de l'écriture étant le top du top d'un bout à l'autre des 657 pages.
C'est également un exercice de travail de l'Oulipo, il se cache dans les pages du romans de nombreux exercices de style, des noms propres, des contraintes de nombres de lettres... Un casse tête absolu pour les traducteurs.
Bien qu'admiratif du travail, les contraintes d'oulipien me passent un peu par dessus la tête, je ne retiens que cet incroyable roman.
Aujourd'hui un peu oublié, je ne doute pas qu'un jour il reprendra sa place. N'attendez pas ce jour pour découvrir ce chef d'oeuvre.

Yeaker - Blace (69) - 50 ans - 29 décembre 2010


Remarquable ! 10 étoiles

Certes long, mais passionnant de bout en bout, ce livre mérite vraiment tous les qualificatifs (chef d'oeuvre, monument, grandiose, génial, etc) qu'on lui attribue généralement. A lire à tout prix !

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 4 juillet 2010


A tous les étages ! 8 étoiles

Roman lu il y a une dizaine d'années et qui m'a laissé un excellent souvenir .
En effet ; il semble que nous soyons projetés au sein d'un puzzle ( les différents appartements constituant l'immeuble ) où de multitudes histoires de vies sont décrites par l'auteur pour se rejoindre à la fin .
Grande oeuvre de Georges PEREC .

Frunny - PARIS - 58 ans - 20 juin 2010


Méli-mélo enchanteur 8 étoiles

Certains le considèrent comme un livre de chevet car il fourmille d'histoires et de destins qui ne se croisent pas forcément. En lisant ce "mode d'emploi", je me suis rendue compte que j'aurais été incapable de citer autant de couleurs, de noms, d'ambiances, de meubles, de vies, de gestes du quotidien si différents. Non seulement Perec y est arrivé, mais en plus il a su les reconstituer en une histoire (plutôt qu'un roman) intrigante.
Pour moi il n'est pas à lire par petit bouts en parallèle d'un autre ouvrage, il est à considérer à part entière par la profondeur de ces centaines d'histoires.
Et dire qu'Anna Galvalda dans Ensemble c'est tout impressionne par son talent de mettre en scène 4 histoires se recoupant... sur ce point, elle est bien loin du talent de Perec.

Elya - Savoie - 34 ans - 22 février 2009


Perecomanie 10 étoiles

Ayant étudié l'oeuvre de Perec, je ne peux que souscrire à l'enthousiasme de ces deux perecophiles... Evidemment, un chef-d'oeuvre au sens fort.

Pé-Ré-Shu - - 44 ans - 27 octobre 2004


Bien plus loin que le "cahier des charges" 10 étoiles

Je partage entièrement l'enthousiasme du "capitaine Nemo". Moi aussi, j'accorde 5 étoiles à ce livre gigantesque, à ce "romans" (le pluriel est de Perec) qui représente non seulement un tour de force littéraire (il n'est que de consulter le "cahier des charges" publié chez Zulma pour s'en convaincre), mais aussi, tout simplement, un chef-d'oeuvre de notre temps. Cher Nemo, tu parles d'une écriture "hallucinée". Peut-être est-ce l'effet qu'elle produit. Pourtant, tout est calculé chez Perec, qui prétendait même « n'avoir aucune imagination ». Mais cette impression hallucinatoire reflète la richesse d'un inconscient à jamais marqué par la « disparition » (encore un mot-clé) des parents, vide absolu que Perec cherche à combler par la psychanalyse d’abord, par la logorrhée romanesque ensuite. Un puzzle admirable (le fil rouge, l'histoire de Bartlebooth.) à dévorer ou déguster, selon les goûts.

Lucien - - 68 ans - 13 décembre 2001