Le chevalier de Sainte-Hermine
de Alexandre Dumas

critiqué par Killeur.extreme, le 17 février 2006
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
Le dernier roman de Dumas
Déjà c'est un document historique (d'où le fait qu'il n'ait été découvert que récemment) voire une relique.

Un roman inachevé aussi, Dumas est mort avant de pouvoir le terminer, mais le plan indiqué dans la préface prouve qu'il savait comment le terminer, ce roman aurait dû être la transition entre ses historiques et le "Comte de Monte-Chirsto" c'est aussi le dernier roman de la dernière trilogie romanesque de Dumas (Les Blancs et Bleus et les Compagnons de Jehu).

Passons au roman les défauts, comme ça on en est débarrassé, le fait que Dumas s'auto-plagie en citant des passages de ses autres romans (en même temps ça apporte de la compréhension, mais ça révèle des points importants qui enlèvent le suspense à ceux qui n'ont pas encore lu les romans cités) et aussi défaut notable, certains passages où Dumas ne livre que des faits historiques laissant un peu tomber son histoire et aussi la partie en Inde, riche en aventures, mais un peu longue et répétitive. A part ça c'est du Dumas pur (pas de collaborateur, n'ayant plus les moyens d'en engager) et on retrouve les qualités de ses autres romans, facile à lire et prenant quand il narre les exploits de son héros.

Hector de Sainte-Hermine est un jeune Homme dont la famille s'est mise au service de la cause royaliste, son père et son frère sont morts pour cette cause, mais comme la paix est signée entre le Consul Bonaparte et Cadoudal, résistant royaliste, il profite de cette paix, qui le dispense de tenir la promesse qu'il a faite à son frère de rejoindre la cause royaliste pour le venger comme lui a vengé son père en devenant chef des compagnons de Jehu, pour épouser la femme qu'il aime Claire de Sourdis, proche de Joséphine Bonaparte, femme de Napoléon qui accepte cette union et même de signer lui-même le contrat de mariage, mais la trêve est rompue et Sainte-Hermine doit accomplir sa destinée, capturé il est détenu 3 ans et apprend à sa libération par Fouché, qui a eu de la compassion pour lui, que l'Empereur le gracie à la seule condition qu'il se fasse tuer sur le champ de bataille et que tous les grades qu'il obtiendra ne lui seront pas confirmés par L'Empereur. Ainsi débute sa nouvelle vie d'aventures où faute de mourir, il se taillera une belle réputation ce qui ne suffira pas contre la rancune de Napoléon...

Le roman s'arrête en 1809, alors que le plan de Dumas va jusqu'à la restauration de Louis XVIII en passant par les cent-jours et Waterloo et l'exil de Napoléon à Sainte-Hélène. Certes le roman est inachevé, mais demeure une bonne lecture et surtout a une part historique étant le Dernier roman de Dumas que seule la mort l'a empêché d'achever.
Le dernier Dumas, mais pas le moindre 8 étoiles

La première partie du livre est captivante. C’est du Dumas du plus haut niveau et de grande qualité.
Tout commence par les frasques de Joséphine. Le récit se déroule dans le bureau de Napoléon, alors premier consul d’une République à l’agonie.
Tout y passe ; les conversations avec Talleyrand, les attentats des royalistes contre la personne du premier consul (l’affaire célèbre de la carriole piégée), les tentatives avortées de rétablissement de la royauté par des militants fanatisés, le cynisme de Fouché déjouant tous les plans de Cadoudal et de la compagnie de Jéhu qui terrorisent les campagnes dans le but de déstabiliser le régime, l’horrible guerre civile avec la Vendée et la Bretagne, l’arrestation du grand rival de Napoléon, le général Moreau, ainsi que celle du général Péchigru, l’exécution du Duc d’Enghien …Le roman emporte le lecteur dans le souffle de l’histoire.
La deuxième partie relate les aventures du comte de Sainte Hermine compromis dans les complots royalistes et enfermé pendant 3 ans sur ordre de Napoléon.
Celui-ci doit racheter ses fautes en s’engageant dans la marine française comme simple matelot. Embarqué sur un navire corsaire, il fréquente Surcouf et lutte à ses côtés contre l’hégémonie de la marine anglaise. Le voyage en Inde est des plus ennuyeux, le roman retombe comme un soufflet. Le récit devient naïf, presque enfantin. Il est truffé d’incohérences. Les animaux croisés n’existent tout simplement pas en Inde : le poulpe, l’alligator etc.. La chasse au tigre est le miroir d’une époque révolue où la nature semblait abondante. Qui aujourd’hui s’enorgueillirait d’avoir tué un couple de tigres pour ramener leur progéniture orpheline au jardin des plantes à Paris ? Qui se vanterait aujourd’hui de massacres de tigres réalisés à dos d’éléphants ? La fin du livre n’a plus de substance ni d’énergie. Le livre semble daté, ce qui gâche l’ensemble et amoindrit le génie de la première partie.

Chene - Tours - 54 ans - 17 décembre 2016