Le manteau, suivi de: Le nez
de Nicolas Gogol

critiqué par Clamence, le 11 février 2006
(saint quentin - 43 ans)


La note:  étoiles
le manteau : zéphyr....russe
Akaky Akakievitch Bachmatchine est un homme ....vide. Akaki fils d'akaki, au nom de savate (c'est la traduction de Bachmatch) condamné à être conseiller titulaire, autrement dit un statut ingrat dans la table des rangs.
La bureaucratie russe , comme l'armée, est organisée en 14 niveaux, dont les sept premiers sont destinés à la noblesse, conseiller titulaire, bien entendu, n'en fait pas partie.

Presque tous les héros des nouvelles de saint Petersbourg sont atteints de tchinisme (le tchin=le grade), cette belle volonté de monter la hiérarchie sociale (cf" le journal d'un fou") presque? pas Akaki...

Copiste de son état, il ne veut rien d'autre, trop ardu, trop difficile pour lui! Il est un homme de rien, qui reçoit tour à tour sur sa pauvre tête pluie de confettis jetés par ses collègues, pluie d'ordures jetées d'une fenêtre ; malade, souffrant d'hémorroïdes, il ne se plaint pourtant pas... et puis, voilà : sa pelisse, vieille, usée, recousue maintes fois, rapiécée, il doit la changer, l'hiver est rude, il lui faut un nouveau manteau, le couturier refusant de repriser encore cette loque informe qu'il possède.

Alors Akaki économise, lui qui vivait déjà chichement, se prive, inlassablement, rêvant , avec une obsession nouvelle, une passion qu'on ne lui connaissait pas, à la pelisse admirable qui devient maîtresse avant même qu'il ne la possède : "bien plus : son existence elle -même prit de l'importance ; on devinait à ses côtés comme la présence d'un autre être, comme une compagne aimable qui aurait consenti à parcourir avec lui la route de sa vie"

La pelisse conçue fait l'admiration de tous: son supérieur l'invite à la fêter, dans ses quartiers nobles qu'il ne connaît pas, d'où il part tard, trop tard, se faisant dépouiller du beau manteau au retour... la fin? je la tairai, pour un étrange basculement fantastique qui est à découvrir plus qu'il ne se résume, mais je pose la question : pourquoi?

De Gogol on a dit qu'il imposait un nouveau style, une re (é?)-création de la littérature russe, mais comment comprendre "le manteau"? on s'apitoie sur Akaki, mais on rit de lui, on le condamne, pour avoir refusé d'évoluer, oui le manteau est l'histoire d'un petit homme, mais n'est-il pas responsable de sa chute? à refuser ce qu'on peut être, pour vouloir paraître ce qu'on ne sera jamais , ne finit-on pas par se perdre? Entre pathétique et étrange, ironie cruelle , condamnation d'une bureaucratie qui se donne pour plus qu'elle est ( le personnage de Bachmatchkine, quand "chacun veut jouer au chef et copier plus haut que soi"), une oeuvre à (re)découvrir, subtile et forte, un petit vent frais en lieu et place du buran de Russie...

N.B et merci à Allain Mollot pour sa sublime mise en scène (chansons, marionnettes, etc.).
C’est une péninsule 9 étoiles

Deux nouvelles finement écrites dans lesquelles Gogol montre un talent supérieur à raconter une histoire. Gogol réalise le tour de force de capter notre attention avec l’histoire improbable d’un homme qui a perdu son nez puis les mésaventures d’un invisible petit fonctionnaire. Un îlot de génie, une péninsule.

Ravenbac - Reims - 59 ans - 19 janvier 2013


bravo 10 étoiles

J'ai adoré "Le nez". J'ai vu critiqués le non-sens et l'absurde de cette nouvelle alors que c'est justement ce qui la rend incroyable.
Critiquer l'absurde c'est affirmer que Ionesco est un imbécile.

Ainsi j'affirme que "le nez" est une des meilleures nouvelles jamais écrites.

Oursblanc - - 29 ans - 25 janvier 2011


Le nez sous le manteau 6 étoiles

"Le manteau" est une très belle histoire d'un homme seul et sans but dans la vie. Après de nombreux mois d'économie pour se payer une nouvelle veste, ce sera son âme soeur, malheureusement celui-ci va se la faire voler aussitôt! Effectivement, je ne vous dévoilerai pas la fin pour réserver un minimum de surprise. En tout cas, cette nouvelle satirique était extrêmement agréable à lire.
Pour "le nez", l'auteur a, à mon gout, un peu dérapé. Ou alors est ce un dérapage contrôlé? J'avoue que je ne le sais pas. Cette histoire est très déstabilisante jusqu'à la dernière ligne. Je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir! En tout cas, cette nouvelle était extrêmement déstabilisante et curieuse dans sa structure. Il faut la lire au moins par curiosité.

POOKIES - MONTPELLIER - 47 ans - 21 novembre 2009


Absurde, non-sens et St Petersbourg. 4 étoiles

“Le nez” constitue une nouvelle j’imagine intégrée normalement dans un recueil. Je l’ai lue isolée, je ne parlerai donc que de ce “nez”.
Pour en dire quoi ? Qu’on est dans le “rien”, le non-sens, l’absurde ? S’agit-il à l’origine d’un exercice d’écriture ? Ca y ressemble tant la chose me parait vaine ; histoire sans queue ni tête, absence (à mes yeux) d’une parabole ou d’une morale quelconque ? Dérouté je suis devant ce “nez”. Pour le coup peut-être, c’est le mien qui ne fonctionne pas !
En substance : Saint Pétersbourg, première moitié du XIXème siècle, Ivan Iakovlévitch, coiffeur et barbier de son état, découvre un nez un beau matin dans son pain de déjeuner. Pas banal non ? Mieux ! Il le reconnait comme étant celui de l’assesseur de collège Koliakov, un de ses clients, plutôt imbu de sa personne qui se fait appeler Major, Major Koliakov (à ce stade précisons qu’il nous manque probablement des clés pour comprendre certains propos de Gogol sur la fonction d’assesseur de collège, il me semble à moi). Il est terrifié et n’a de cesse de se débarasser dudit nez. Bien évidemment il le fera maladroitement et se fera épingler lors de l’opération par un policier. Fin du premier épisode.
Second épisode : Koliakov se réveille et s’aperçoit que son nez a disparu. Et là, franchement, ça part en vrille ! Il doit y avoir un symbolisme qui ne m’a pas été accessible. Entre la course de Koliakov à la quête de son nez (qu’il voit passer, chamarré en haut fonctionnaire ???), ses tentatives pour déposer plainte, mettre la main dessus, … et finalement le retour du nez, et son retour sur le visage … Moi y en a pas tout comprendre !
Et tout finit en boucle puisque la nouvelle se termine avec le retour de Koliakov chez son barbier pour se faire raser comme chaque semaine, avec manifestement la conscience aigue de part et d’autre de ce qui pourrait se passer si d’aventure le rasoir …
Alors je le prendrai comme un exercice d’écriture mi-fantastique mi-amusant, alors oui, c’est bien écrit, mais ça m’a paru sans intérêt majeur.

Tistou - - 68 ans - 28 décembre 2008