Le feu sous la soutane : Un prêtre au coeur du génocide rwandais
de Benjamin Sehene

critiqué par Bwana, le 7 février 2006
( - 64 ans)


La note:  étoiles
Premier roman sur le génocide des Tutsis par un rwandais
L’abbé « «soi-disant » génocidaire est aussi présent sur la scène littéraire. Benjamin Sehene, écrivain rwandais qui n’en est pas à son premier essai, publie un témoignage romancé, à la première personne du singulier, d’un abbé rwandais, exilé en France, accusé de génocide, Le Feu sous la soutane. Ce prêtre, qui ressemble à s’y méprendre à Munyeshyaka, se remémore du fin fond de sa geôle française la saint Barthélémy rwandaise de 1994, et le terrible engrenage qui l’a amené à y participer. De simple prêtre aimé de tous, Stanislas, aussi surnommé « le jeune » pour son entrain et son goût de la communication, sombre peu à peu dans le Mal absolu. En charge de quelques centaines de tutsi réfugiés dans son église dès le début du génocide, à Kigali, Stanislas, de père hutu et de mère tutsi, est tiraillé par sa condition de prêtre et sa faiblesse humaine, par son humanisme et son militantisme pro-hutu. Après avoir vainement résisté contre lui-même, Stanislas, vaincu par sa faiblesse, commet son premier viol, assassine un réfugié, livre des tutsi aux interamwe, ment à sa propre mère. Loin de tout manichéisme, refusant de porter la robe de procureur, Benjamin Sehene se contente de décrire les affres psychologiques d’un homme, prêtre de surcroît, qui sombre irrémédiablement dans la déchéance morale. Ce premier roman, qui évoque à certains égards Bernanos, pose la question de la justice divine et de la justice des hommes. Impossible de connaître le sort que réserve le Très Haut à cet abbé égaré par satan. Quant à la justice des hommes, la réponse est pour le moment entre les mains du ministère français de la Justice…
Les ténébres sous la soutane 8 étoiles

Inspiré d'une histoire vraie, ce livre raconte l'histoire du père Stanislas, un Hutu qui officie dans une petite église de Kigali. Alors que les canons tonnent dans les collines voisines, témoignant de l'approche du mouvement rebelle tutsi, les miliciens Interahamwes hutus continuent leur besogne d'extermination systématique.

Quoiqu'il fraternise avec les assassins, le prêtre accueille sous son toit des Tutsis chassés de chez eux par les massacres. Des femmes, de préférence. Il les met bientôt, qu'elles le veuillent ou non, dans son lit. Puis, au fil des jours, l'église se remplit d'hommes, de vieillards, d'enfants, tous réfugiés, terrorisés, affamés. Le bon samaritain se transforme en assassin, la haine naît, le prêtre devient bourreau.

Jmutu - - 35 ans - 10 février 2006