Le chant du coyote
de Colum McCann

critiqué par Jules, le 16 juin 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un père et son fils se cherchent et le passé est lourd...
Le narrateur de ce livre est le fils de Michael Lyons, un enfant abandonné, mis au monde au bord d’une falaise en Irlande, alors que son père se faisait tuer dans les Flandres pendant la « grande guerre ».
Ce nom est celui qu’il s'est donné lui-même à l’âge de onze ans. Il devient photographe et parcourt le monde. Un jour, au milieu de nulle part, dans un village mexicain, il rencontre une très belle jeune fille. Il s’attarde et l'épouse. Ils voyageront à deux
avant de rentrer en Irlande, dans une vieille bâtisse délabrée, avec une vue sur une vieille usine à viande abandonnée.
Ils ont un fils, le narrateur, Conor, qui n'a presque jamais connu sa mère. Celle-ci n’a ni supporté le climat de l'Irlande, ni le foutu caractère de son mari. Un jour elle est partie, tout simplement… Et depuis, plus jamais de nouvelles !
Au début du bouquin, Conor rentre chez son père après avoir parcouru un bon bout de la planète, une photo de sa mère en mains, pour essayer de la retrouver. Il a fait presque tout le Mexique et le sud des Etats-Unis. Bredouille !
Ses retrouvailles avec lui ne seront pas toujours faciles, le vieux n’est pas causant… Mais au fil du temps, au fil des heures de pêche dans la rivière au bord de leur terrain, un dialogue finit par s'installer.
Conor aura beaucoup à faire pour rendre la maison plus habitable et forcer son père à se laver. Le vieux est plutôt en mauvais état : une toux qui vient du tréfonds et qui prend des proportions canon à chaque cigarette qu'il se roule. Le « whiskey » n'arrange rien !
Ce livre a un ton particulièrement juste. Le fils qui tente d'avoir des informations sur sa mère, le père qui reste bloqué, deux hommes qui se tournent autours. Ils sont attachés l’un à l'autre, mais c'est tellement difficile de le dire… Et puis la disparition brutale de cette femme fait qu'elle est entre eux comme une présence constante.
A ma connaissance, ce livre est le premier écrit par Colum McCann et c’est une merveille !… Il nous en donnera une seconde avec « les Saisons de la nuit » que j’ai déjà critiqué sur ce site.
Un très grand écrivain et j'attends un nouveau roman de lui avec impatience !
McCann est Irlandais, né à Dublin en 1969. Il vit aujourd'hui à New York.
Grosse déception 2 étoiles

C'est le second roman que j'ai lu de cet écrivain, le premier étant "Zoli" qui a reçu les critiques les plus négatives. Alors avant d'entamer celui-ci, j'étais très optimiste quand à sa qualité car j'avais déjà adoré Zoli.

Quelle déception ! Cet écrivain est reconnu pour son style sobre mais élégant, plein de finesse. Ici, je n'ai pas retrouvé cela, peut-être est-ce du au fait qu'il s'agit de son premier roman ?

Quand au fond, il ne m'a pas non plus intrigué ; il n'y a pas vraiment d'évolution dans l'histoire, ce livre, je l'ai lu malheureusement un peu en diagonale. Les identifications aux personnages sont difficiles, on ne comprend pas toutes ces relations sans pour autant en ressentir une intrigue, un mystère agréable.
Je ne retrouve pas de sincérité, de réalisme dans le dialogue qui tend à s'établire entre les personnages.

J'ai donc vraiment peu aimé ce roman, seul point positif, le récit sur le parcours géographique du photographe.

Elya - Savoie - 34 ans - 19 mai 2009


Ailleurs 6 étoiles

Un roman d'une très grande intensité émotionnelle, qui retrace, à travers la quête du père, puis du fils, l'histoire douloureuse d'une famille éclatée par la recherche de l'inaccessible bonheur.

Le récit, sans être démonstratif, nous invite à suivre les errements géographiques et psychologiques des personnages en souffrance de leur propre existence.

J'ai beaucoup apprécié le style effectivement très évocateur, en revanche, je n'ai jamais réussi à être complètement transporté par l'histoire. Reste les magnifiques passages dans lesquels l'auteur traite de la psychologie des personnages avec beaucoup de justesse et de sensibilité.

A la finale, une lecture en demi-teinte, mais qui ne me dissuade pas pour autant d'envisager de lire un autre ouvrage de cet auteur.

Heyrike - Eure - 56 ans - 13 mars 2006


à bout de souffle, made in Eire 9 étoiles

Je termine à l’instant ce roman et doucement mon souffle revient…
Parce qu'en effet, la lecture de ce premier roman de McCann m’a laissé à bout de souffle du début jusqu’à la fin. Comme le dit si bien Jules dans sa très bonne critique, c’est le TON qui est particulièrement juste et l'on suffoque à voir ainsi ces deux êtres tenter vainement de s'approcher, de se parler, de se comprendre.
La psychologie intrinsèque de ces dialogues est particulièrement prenante, mais, au-delà de cette histoire de base, la semaine que passe le fils chez le père, il faut se dire qu'il n’y a là qu’un prétexte à la narration de l’histoire de ce père, rêveur incompris qui parcourrait le monde avec son appareil photo et qui trouva la Beauté ('b' majuscule) qu’il recherchait en la personne d’une jeune mexicaine qu'il aimera trop, jusqu'au bout, sans savoir comment le lui dire…
L’histoire est comme les eaux de la rivière qui coule non loin de la cabane du vieux, claire et limpide au début, elle charrie bientôt tous les détritus de l’usine à viande et l’histoire sans cesse se répète… Le vieux ne peut pas exprimer ses sentiments paternels comme il n'a pas pu exprimer l'amour de sa femme.
Profond, juste et prenant. à conseiller !

Pendragon - Liernu - 53 ans - 29 juillet 2002