Mort d'un parfait bilingue
de Thomas Gunzig

critiqué par Lucien, le 15 juin 2001
( - 69 ans)


La note:  étoiles
Underground réécrit par San-Antonio
C'est un sentiment mitigé (douches froides et coups de chaleur) qui saisit le lecteur un tantinet exigeant à la lecture du premier roman de Thomas Gunzig, Mort d'un parfait bilingue.
Evoquons brièvement le titre : des morts, il y en a – à peu près autant que dans Apocalypse now, Platoon et Il faut sauver le soldat Ryan réunis. Normal, c'est la guerre. Et même la sale guerre. Nous y reviendrons. Mais le parfait bilingue, alors là, à moins d’avoir manqué un épisode… Certes, Vian n’a mis ni automne ni Pékin dans.
"l'Automne à Pékin", mais ici, on se demande ce que ce titre peut bien apporter (Vian était plutôt surréaliste, Gunzig plutôt réaliste, quoique.), d’autant plus que pour être bilingue, il conviendrait a priori de maîtriser au moins une langue.
Ce n’est pas vraiment le cas de l'auteur, qui oublie une cinquantaine de fautes d'orthographe (quelques sélections pour La foire aux cancres : le petit doigts, mes journée, il nous avait souris, les gens on mit ce qu’il fallait, des durs à cuir, des pleines boueuses…) et se permet quelques jolies expressions comme : « Sans doute que, à l'instar de certains animaux malades (…), Moktar cherchait-il (.) quelque chose pour soulager son esprit blessé. » Certes, le narrateur est d'origine indéfinie (slovène ?) et très diminué par un coma prolongé, mais ça fait désordre.
A la guerre comme à la guerre, répliquera-t-on. D'où, probablement, le papier recyclé qualité Pif gadget utilisé par l’éditeur (Au diable Vauvert, tout un programme).
D'où également cette ambiance qui rappelle étrangement l’Underground d’Emir Kusturia (un grand film) : une joyeuse bande de mercenaires prêts à tout tuent, baisent et se shootent à divers produits dans une atmosphère d’Apocalypse slave et cruelle.
Est-ce une raison pour saigner à blanc soixante enfants d’un orphelinat voisin pour offrir leur sang à des soldats blessés ?
Bien sûr, le récit est rondement mené : chapitres courts, montage en parallèle (le narrateur comateux retrouve peu à peu ses esprits sur son lit d'hôpital et se partage entre la description de son état présent et des « flash-back » sur les « exploits » qui lui ont valu d’en arriver là).
Bien sûr, la narration est truffée d’images à la San-Antonio & mais un bon élève du secondaire un peu speedé serait-il incapable de les pondre ? Du genre : « En plein été la ville ressemblait à une pomme au four. » ; « Cette histoire (.) allait rester comme un râteau planté dans le haut de mon crâne jusqu’à la fin de mes jours. » ; « quelqu’un avec des mains grandes comme des encyclopédies » ; « Ben Aaron est le fils d’une merde de chien et d’une roue d'autobus » ;
« ses sourcils ressemblaient à deux buissons de genévrier »…
Mais cela fait-il partie du programme décalé de Thomas Gunzig de placer de ci delà, comme pour vérifier l’attention de son lecteur, de subtils anachronismes qui, eux aussi, font un peu désordre : l’action est censée se passer « en mars 1978 »?... A ma connaissance, la télévision par satellite et les Fiat Punto (entre autres) étaient encore dans les encriers des concepteurs. Ils apparaissent pourtant ici. Ah, Dieu, que la guerre est jolie !
Détails, tout ça, détails. Thomas Gunzig est un des espoirs de la jeune génération. Puisqu’on vous le dit.
Ce n'est pas moi qui vais faire remonter ce roman dans le classement de CL 4 étoiles

Autant j’apprécie l’auteur dans ses chroniques radio sur Matin Première (Bonjour quand même), autant ici j’ai été troublé par ce roman qui d’une certaine manière ressemble à l’esprit vif de Gunzig, mais qui par ailleurs le rend quasi-illisible. Une bonne plume mais trop surréaliste.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 4 septembre 2018


Mort d'un parfait roman 5 étoiles

La suite logique des actions m'a semblé très mal découpée. Il faut être extrêmement attentif pour ne pas perdre le fil de l'histoire, l'auteur peut passer d'une action à une autre sans crier gare. Ce système agace très rapidement le lecteur. Dans un premier temps, on trouve le procédé assez original. Mais après une cinquantaines de pages, on n'en peut plus.
Ensuite, le personnage principal, "Chester", n'est pas attirant. Il m'a procuré un sentiment de mal être. Les personnes qui l'entourent transmettent un aspect tout aussi négatif. Mais bizarrement on veut en apprendre plus sur la suite de l'histoire car une série d'actions tient le lecteur en haleine.
Du début à la fin du roman, l'atmosphère est pesante. Le style est trop négatif à mon goût. Pour finir, j'ai été déçu de ce que l'ouvrage n'ait pas pour but de faire passer une morale ou une idée bien précise aux lecteurs. A aucun moment je n'ai ressenti l'impression d'apprendre une nouvelle formation. Dommage que l'auteur n'ait pas exploité les aspects intéressants de l'oeuvre comme la peine de mort.

Bruscrit - - 30 ans - 18 novembre 2013


Maladresse d'un premier roman? 4 étoiles

Pas simple à suivre ce roman de Gunzig.
D'abord à cause d'un découpage que je n'ai pas trouvé tout le temps cohérent, ça laisse perplexe.
Ensuite parce que ça peut passer d'un coin à l'autre, d'un récit à un autre sans crier gare et il s'agit d'être attentif, tant ça foisonne de gens, de détails et de diverses aventures.

Je déplore quelques maladresses tant dans le style que dans le contenu, pas tout le temps fluide ou intéressant.
Ceci dit, en même temps, ça participe à la création d'un univers très particulier, précurseur peut-être de ce que Thomas Gunzig (que j'aime bien) a pu faire par la suite: quelque chose de fébrile, déjanté, décalé à souhait et, en règle générale, j'aime assez ça, d'autant plus qu'il exploite plus que bien ce procédé!
Il y a des personnages intéressants, pathétiques et drôles, mais qui se perdent un peu au milieu de tout ce foisonnement d'actions et de résurgences du passé.
Bref, ayant lu ce livre après d'autres titres de lui, je n'ai pas retrouvé le Gunzig que j'apprécie mais tout de même, pas mal de bon et aussi du moins bon.

PS: lu ce livre dans son édition "Au Diable Vauvert", pfff, pas terrible comme qualité éditoriale sur ce coup :(

Sahkti - Genève - 50 ans - 12 mars 2008


Le moins bon ? 4 étoiles

Lors du salon du livre de Genève, je me suis dirigé vers le stand Belgique-Wallonie à la recherche de quelques auteurs conseillés sur le site. J'en suis reparti avec un livre de F.Ringelheim, un de Xavier Deutsch et un de Gunzig.

Manque de chance, il semble que, malgré son prix Rossell, ce soit son moins bon livre !!

Et effectivement, je veux bien le croire. J'avoue humblement ne pas avoir remarqué les fautes d'orthographe et le papier "qualité Pif gadget" ne m'a pas gêné.

Par contre, les anachronismes et autres invraisemblances relevés par Lucien m'ont énervé au plus haut point ! Je suis également d'accord avec la remarque de Saint Germain des prés :
"Le propos se voudrait atroce, mais je n'y ai pas cru une seule fraction de seconde."

Certes, on peut voir, dans ce livre, une dénonciation des horreurs de la guerre, obtenue en forçant le trait .... Mais bon, le style et l'écriture restent assez pauvres, le livre n'apporte rien de nouveau sur le thème de la guerre "sale" et l'intrigue ne tient pas la route.

Bref, pas génial ! Mais bon, je vais faire confiance à Patman et me diriger vers les nouvelles de Gunzig pour lui laisser une deuxième chance.

Tophiv - Reignier (Fr) - 49 ans - 25 août 2004


Quelle écriture! 8 étoiles

Thomas Gunzig. Déjà, quand j'avais lu ses recueils de nouvelles, j'avais été charmé par son écriture un peu "nouvelle", un peu jamais vue. Ses métaphores sont uniques; ses comparaisons donnent une dimension curieuse et hyper- intéressante à tout ce qui sort de sa plume. Là encore, on reconnaît son style. Des images tellement bien trouvées qu'elle font sourire de plaisir. Je suis un fan du style gunziguien (pas très joli ce mot, soit dit en passant!); je suis un fervent admirateur de ses nouvelles qui me restent collées à la mémoire alors que je les ai lue il y a plus d'un an. Néanmoins, je le trouve plus à l'aise dans son côté nouvelliste que dans son côté romancier. En reprenant l'expression de l'autre, je dirait que tout est relatif et que ce roman se lit avec un plaisir ostensible.

Niddle - Le Raincy - 45 ans - 14 janvier 2004


Au suivant! 5 étoiles

Ce n’est pas ma critique éclair qui va hausser la moyenne des étoiles attribuées à ce livre.
Moi qui couvre des pages entières de notes pendant mes lectures, je n'ai pas été inspirée dans ce cas : à peine cinq lignes, et encore, parce qu’il le fallait bien et au forceps !
Je vous les livre sans les trafiquer.
Très particulier, genre « berk », quel est l’intérêt ?… Le propos se voudrait atroce, mais je n'y ai pas cru une seule fraction de seconde.
S’il faut lui trouver un intérêt : Gunzig dénonce l’immixtion des média dans les guerres, transformées pour la cause en spectacles grand-guignolesques, tout ça au sacro-saint nom de l’audimat.
Et ce truc a remporté le Rossel ?
Au secours !
Vite, un autre livre, j'ai assez perdu mon temps…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 28 octobre 2003


Reflet d'une génération 6 étoiles

Intriguée par les motivations d'un jury à octroyer un prix Rossel, j’ai emprunté ce livre.
Les critiques de Lucien sont fondées, orthographe et syntaxe ne sont pas toujours respectées. Mais est-ce là l’important ? Une chanteuse nulle qui se prend pour Dietrich s'exhibe devant des soldats engagés dans une guerre fictive. On a les références qu'on peut. Roman sans queue ni tête rédigé par un représentant de la jeune génération nourrie aux dessins animés et autres mangas truffés d'invraisemblances comme si les concepteurs s'étaient shootés au hash avant de s’atteler à l’histoire, le tout avec violence comme toile de fonds.. Bref, l’écrivain, à l’instar des jeunes de son époque, connaît le monde sans le connaître, habitué qu’il est depuis toujours à côtoyer des Mokhtar, Dao Min et autre Irving, tout en s'emmêlant les pinceaux sur leur origine. Pour comprendre ce qui se passe dans leur tête, y a qu’à lire les textes créatifs sur n'importe quel site de consommateurs pour se rendre compte que Thomas Gunzing est un pur produit de la génération actuelle, j’allais dire virtuelle, gonflée de cynisme, de sans gêne, de violence gratuite, d'insultes et autre Star Academy, toutes valeurs véhiculées par cet auteur, reflet sans faille de notre temps. Cette petite décharge d’adrénaline pour expliquer les raisons d’un prix Rossel, ce petit prix qui n'est quand même pas le Goncourt.

Darius - Bruxelles - - ans - 16 novembre 2002


qu'en penser? 5 étoiles

Encore un retard récupéré mais la question que je me pose est de savoir si cela en valait la peine? Après la lecture de "Dans le train" de Christian Oster, petite perle de roman,passer à ce livre est pour le moins décoiffant. Certes l'auteur a un style qui prend aux tripes mais ce livre me laisse quand même un goût douteux. Beaucoup de morts gratuits dans ce livre mais bon comme le dirait Lucien c'est la guerre. A la limite, là n'est pas le plus grave! Le problème est que j'ai eu du mal à rentrer dans ce livre, la description des personnages s'échelonnant dans le temps. Reste malgré tout une critique de la publicité qui envahit tout et cette vision cynique à savoir que la pub pourrait bient%

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 19 octobre 2002


Certes ! 5 étoiles

Te connaissant un peu, je me doute bien que tu n'as pas abordé "à la légère" l'ami Gunzig. Il est également clair pour moi que son Rossel est très surprenant. Personnellement, en le voyant finaliste, je le classais 5ème, préférant de loin Guy Goffette et Corine Hoex. Même le bouquin d'Yvon Toussaint est meilleur à mon sens. Quand à Engel, je l'avais classé parmi mes favoris bien avant que l'on ne connaisse les finalistes. Je t'assure que les recueils de nouvelles sont très supérieurs à ce roman, ce qui explique peut-être mon indulgence! Après relecture, je descends quand même ma note... j'espère que Gunzig nous reviendra bientôt au mieux de sa forme.

Patman - Paris - 62 ans - 14 janvier 2002


Merci, Chini! 3 étoiles

Merci, Chini, jeune lectrice de 32 ans, de confirmer les impressions d'un lecteur de 46 ans qui pourrait être considéré, vu son profil, comme un vieux prof de français puriste et grincheux coupable de racisme anti-JEEEEUUUNNNES. Quant à toi, cher Patman, tu ne crois pas - j'en suis persuadé - que j'aie pu "aborder cet auteur à la légère". J'ai critiqué ce roman en juin, peu de temps après sa sortie. Si je dois préciser ma pensée, je dirais que je donnerais 5/5 à Céline, et même 5/5 à San Antonio, mais pas à un pseudo San Antonio que l'on voudrait faire passer pour Céline. Enfin, après avoir lu "Retour à Montechiarro" entièrement, et après avoir lu les dix premières lignes d'"Un été autour du cou", je n'arrive toujours pas à comprendre comment on a pu préférer ce roman. Quand le jury du Rossel parle de "ton inimitable", il y a de quoi suffoquer de rire car la langue de Thomas Gunzig dans cette oeuvre (je tiens préciser que je n'ai pas lu ses nouvelles) pourrait très facilement faire l'objet d'un pastiche.

Lucien - - 69 ans - 13 janvier 2002


Dénouement décevant 3 étoiles

J'aime bien le ton du roman de Thomas Gunzig mais j'ai été très déçue par le dénouement. Tout au long du roman, on nous parle des "événements" et quand on arrive à la fin et qu'on découvre enfin ce que c'est, on n'y croit pas. J'ai aussi été très dérangé par les fautes d'orthographe, de syntaxe, d'accord etc qui jonchent le roman.

Chini - Liège - 54 ans - 13 janvier 2002


Et un prix Rossel ! Un ! 7 étoiles

Lucien n'a pas aimé, je n'en suis pas étonné outre mesure. Thomas Gunzig est un auteur déroutant et que l'on aborde pas à la légère. Mort d'un parfait bilingue est son premier roman, et comme il le dit lui même, c'est une nouvelle plus longue que d'habitude (la nouvelle est le genre où il excelle). Le Prix Rossel 2001 qui vient de lui être décerné en a surpris plus d'un, je pense cependant qu'il n'est pas immérité. Quant à la qualité du papier et la masse de fôtes d'aurtaugraffes, le problème vient de la maison d'édition plus que de l'auteur lui-même. On peut quand même regretter le peu de soin pris par l'éditeur dans la relecture. ça fait perdre quelques étoiles effectivement.

Patman - Paris - 62 ans - 10 décembre 2001