Franju et le porc
de Sandrine Willems

critiqué par Sahkti, le 30 janvier 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Le sang des bêtes
Ce recueil est consacré à Georges Franju, le cinéaste.
Tout commence avec une amitié d'enfance, Franju se sauve avec Jacob, un ami juif persécuté à l'aube de la seconde guerre. Ils trouvent refuge en clandestins dans une ferme du Finistère, Franju assiste à l'abattage d'un porc qui hurle sa douleur. Des images qui resteront gravées à jamais dans son esprit . Lorsqu'il apprend par un soldat allemand, après la guerre, que Jacob a été tué dans un camp et qu'avant de mourir, il a demandé qu'on fasse passer le message des atrocités commises dans ces lieux, Franju se souvient du cochon et décide de filmer les morts d'animaux dans un abattoir de Paris, opérant de la sorte de nombreux rapprochements avec les convois juifs envoyés à la mort.
Au fil du récit, le rapport entre Franju et les bêtes se précise et c'est sans complaisance qu'il examine à la loupe sa carrière et ce à côté de quoi il est passé.
Ton grave et résigné dans ce texte, Sandrine Willems donne la parole à un homme qui part sur un constat d'échec qu'il traînera avec lui sa vie durant. Fiction, toujours, mais analyse intéressante de l'oeuvre cinématographique d'un homme qui a été influencé par une vision d'horreur à l'entrée de l'adolescence, qui le marquera à jamais et dont il tentera de retrouver les traces comme il peut.