A l'insu de la nuit
de Rosetta Loy

critiqué par Sahkti, le 21 janvier 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Vivre juste avant que...
Neuf nouvelles pour nous parler du monde. Un monde qui ne va pas très bien. Les années sombres, 1939, la folie, l'ignorance aussi, feinte ou réelle. Et puis cette vie de tous les jours qui continue d'avancer, animée par des êtres devenant des témoins - volontaires ou non - d'événements qui échappent à leur contrôle. Que fait l'être humain face à de telles situations? Il vit. Tout simplement.
Rosetta Loy le démontre de manière subtile, traquant dans nos gestes du quotidien l'absence de peur ou la présence de l'aveuglement. Elle observe, traque, raconte, passe au crible des destins comme on en rencontre tant. Avec en toile de fond, l'horreur qui se profile. Un ton grave qui ne dispense cependant l'auteur d'émailler son texte de moments tendres et touchants, avec de la sensualité dans certains cas.
J'ai aimé cette alternance chaud-froid, ce talent à jongler avec les sentiments humains. Une alliance entre le réalisme lucide et la naïveté. On sent que Rosetta Loy laisse une partie d'elle dans chaque ligne, que ces événements l'ont profondément bouleversée, même si elle était enfant à l'époque. Cela offre beaucoup de force à son récit.