Les prétendants 2007
de Alain Duhamel

critiqué par Jlc, le 17 janvier 2006
( - 80 ans)


La note:  étoiles
Prétendants ? oui. Légitimes? ...
Qui écoute ses chroniques radiophoniques quotidiennes sait qu’Alain Duhamel a le style concis, la clarté d’exposition et le goût de la formule. Ses livres lui permettent d’exercer ces mêmes qualités avec en plus la possibilité de détailler, d’expliquer, de juger, ce que la radio, medium de l’immédiat par excellence, ne permet pas.

Alain Duhamel est depuis plus de trente ans un personnage « incontournable » du monde politico-médiatique français. C’est dire qu’il en connaît intimement tous les rouages, toutes les arcanes, tous les acteurs.

C’est à ces acteurs qu’est consacré son dernier livre. L’élection présidentielle est en France, qu’on le veuille ou non, l’élément politique majeur qui domine, voire écrase, tous les autres. On sent bien, dans le pays, que celle de 2007 sera peut-être encore plus cruciale, changement de génération oblige. A quinze mois du scrutin, les prétendants, ceux « qui peuvent parce qu’ils pensent qu’ils peuvent » comme le dit Virgile, sont nombreux et la décantation n’a pas encore commencé.

L’auteur a choisi quinze prétendants dont il dit lui-même que, bien sûr, très peu ont des chances d’être élus. Cette brillante galerie de portraits est extrêmement plaisante à parcourir, du tenace Chirac à Besancenot l’idéaliste, de Fabius le mal aimé à l’incandescent Villepin, de Sarkozy l’intrépide à Jospin le recours, du résolu Bayrou à Hollande l’opiniâtre, de Mamère le provocateur au flamboyant Lang, de Le Pen l’imprécateur au moderne Strauss-Kahn, de la très habile Marie-George Buffet au procureur Villiers sans omettre Christine Boutin la Pasionaria. Mais en oubliant Ségolène Royal, « expédiée » en dix sept lignes, Duhamel ne croyant pas qu’elle sera « un feu de paille qui dure » comme disait Cocteau de Trenet.

Outre le style brillant, ce livre, très agréable à lire, est aussi intéressant par ce qu’il révèle et qu’on ne connaît pas forcément. Ainsi il m’a amené à réviser mon jugement un peu hâtif que j’avais sur tel ou tel. Certains portraits sont certes moins réussis que d’autres, peut-être parce que le personnage intéresse moins l’auteur. Mais on sent chez lui une certaine admiration pour beaucoup d’entre eux (de droite comme de gauche), parfois de l’affection. Ce n’est pas un pamphlet, c’est un recueil de caractères, ce n’est pas une hagiographie, c’est une œuvre en réhabilitation de la classe politique.

A lire maintenant. A relire entre les deux tours car le portrait de l’une ou l’autre ou des deux finalistes y sera certainement. A relire enfin après l’élection pour mieux comprendre à qui nous aurons confié la plus haute charge du pays.

En espérant qu’elle ou il n’oubliera pas d’où vient sa légitimité.
Des fiches utiles pour l'histoire 7 étoiles

On retrouve, en effet, cette concision de style et cette verve, mais dans le cadre d'un format trop concis et d'un exercice de styles un peu facile, en tout cas pour l'auteur.
En effet, il nous offre une série de portraits, fort justes, mais que j'ai trouvé trop brefs à mon goûts, pour en trouver une réelle valeur ajoutée, par rapport à celle qu'Alain Duhamel nous apporte d'habitude. Il montre ici encore, il est vrai, son sens de la formule, ce qui est assez agréable, bien que sans grande surprise, à bien le connaître. De plus, certains portraits eussent mérité d'être approfondies, et le rappel des parcours politiques m'est apparu comme souvent assez bref, notamment pour Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et François Bayrou. Qui plus est, malgré ses dires, l'omission de Ségolène Royal me semble bien être une erreur. Je ne sais évidemment pas qui sera retenu par les militants socialistes, mais elle détient sans conteste le statut de présidentiable, alors que figurent dans ce livre des candidats assurés qui ne l'ont pas, comme Arlette Laguiller, Christine Boutin, Noël Mamère, et même François Bayrou, Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen.

Je pense que ce livre sera utile rétrospectivement, dans les années futures, à partir du prochain mandat présdentiel en cours, à compléter tout de même. C'est en tout cas un assez bon "flash", qui pourra être utilement utilisé comme un outil armi d'autres par les historiens et les politologues.

Veneziano - Paris - 46 ans - 11 mars 2006