Le temps des colonies
de Charles-Henri Favrod

critiqué par Sahkti, le 17 janvier 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Les bienfaits de la colonisation?
Au moment où l'on évoque législativement en France les effets positifs de la colonisation, Charles-Henri Favrod, directeur du superbe musée lausannois de l'Elysée (musée de la photo) ouvre les portes de ses collections personnelles et rassemble dans cet ouvrage des clichés de toutes les colonisations. L'occasion de rappeller simplement et efficacement que celle-ci a aussi sa part de méfaits et d'effets négatifs et qu'il est bon de l'accepter et le reconnaître ouvertement.
Ces photographies illustrent les dérives d'un système, mais pas uniquement du côté des colonisateurs. Favrod témoigne également, via ses photographies, des us et coutumes en vigueur dans certains pays, loin d'être toujours pacifiques, et qui ont sans doute contribué à augmenter l'impression qu'avaient les "envahisseurs" de faire le bien et d'apporter la civilisation.
Charles-Henri Favrod présente quelques explorateurs, des habitants, des scènes de la vie en pays colonisé, avec tout ce qu'il peut y avoir d'injustice et de violence derrière tout cela, mais aussi une certaine forme de beauté et de mystère.
Un recueil instructif qui résonne d'étrange manière face à l'actualité française et sa loi sur la colonisation positive.

Dès lors, on peut s'interroger sur cette croyance bien établie que notre mode de vie est généralement considéré comme étant supérieur à celui d'autres peuples. Question qu'on ne peut s'empêcher de soulever en consultant le recueil de Favrod. Parce qu'il présente quelques aspects peu reluisants de notre mode de colonisation, de domination, d'avilissement. Mais aussi parce qu'il présente des facettes des moeurs des pays colonisés qui nous paraissent, hier comme aujourd'hui, barbares et peu conformes à ce que nous appellons la civilisation. Impossible ou presque de contempler ces clichés sans garder en tête notre subjectivité d'être autoproclamé supérieur.
Cette question a donc toute son importance et j'ai pensé à plusieurs reprises que si Favrod voulait dénoncer le colonianisme à sa manière (à l'aide de photos), il apportait cependant quelques arguments que les adeptes de la colonisation positive s'empresseront de saisir. Ouvrage à double tranchant?