La petite
de Pascale Tison, Loren Capelli (Dessin)

critiqué par Sahkti, le 10 janvier 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le silence souffre
C'est l'histoire d'une petite qui grandit dans les Vosges et dont nous ne saurons pas le prénom. Elle évolue au milieu des moqueries de ses camarades de classe, au sein d'une famille étrange où le silence et la peur sont rois. Un enfermement qui la pousse à s'isoler des autres et ne fait qu'accroître le malaise qu'elle ressent vis-à-vis des autres mômes qui le lui rendent bien. La petite dérange par son mutisme, elle souffre sans mot dire. Assise au fond de la classe, à côté d'autres gosses rejetés par les diktats sociaux, elle accumule le retard et les seuls mots qu'elle daigne prononcer ne sont que bégaiement. Arrive le déménagement familial, qui ne règle cependant pas tout.

En vingt pages (c'est court vingt pages!), Pascale Tison réussit un tour de force, celui de donner corps à ce temps lourd et pesant qui fait naître l'isolement et la différence jour après jour. Son écriture est nerveuse, entrecoupée de silences étouffants, illustrée par des dessins de Loren Capelli qui traduisent assez bien le malaise de la petite (nuances de gris ou gribouillis, par exemple).
Un texte fort, qui explose au visage tant il transpire la souffrance et le mal-être d'une petite fille qui même en grandissant n'arrivera jamais à se défaire des fantômes de l'enfance.