D'amour et de fantômes
de Paco Ignacio Taibo

critiqué par Fee carabine, le 10 janvier 2006
( - 49 ans)


La note:  étoiles
Du blues mais pas de guimauve !
"Mais quel est donc le fils de pute qui a dit que Chopin c'était de la guimauve?" (Guillermo Cuevas).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que voilà une épigraphe qui en jette! Une épigraphe très révélatrice aussi de l'atmosphère de ce roman de Paco Ignacio Taibo II, dure et tendre, violente et mélancolique à la fois...

Héctor Belascoarán Shayne, détective privé et héros récurrent des romans de Paco Ignacio Taibo II, vient de perdre un ami, catcheur connu sous le nom de ring de "l'Ange", assassiné pendant un entraînement en solitaire. Héctor a à peine le temps d'enterrer son ami et de commencer son enquête sur les circonstances de sa mort, que le voilà lancé dans l'investigation de deux autres morts mystérieuses: celles de deux adolescents, apparemment un double suicide provoqué par des amours contrariés... n'était que les deux adolescents se connaissaient à peine.

95 pages suffiront à Héctor pour résoudre les deux affaires, grâce à son intuition bien plus qu'à ses "petites cellules grises" selon la formule consacrée d'un autre très célèbre détective. Autant dire que ce n'est pas la qualité de l'intrigue qui fait l'intérêt de ce livre, mais ses personnages et l'atmosphère dans laquelle il baigne. Paco Ignacio Taibo II fait partie de ces auteurs de polars qui vous campent un personnage et vous créent une ambiance avec trois bouts de ficelles, quelques détails sans importance mais qui embarquent véritablement le lecteur dans leur sillage - l'étoffe des tentures d'une chambre d'hôtel, les vraies bouteilles de coca, en verre, que l'on peut encore dénicher ici et là dans les vieilles épiceries des quartiers modestes de Mexico et l'absence monumentale de la fille à la queue de cheval dans l'appartement d'Héctor... Et il n'en faut pas plus pour qu'on se régale à la lecture de ce "D'amour et de fantômes".