Hieronymus Bosch : Le jardin des délices
de Hans Belting

critiqué par Sahkti, le 9 janvier 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Un peintre humaniste
Beaucoup de spécialistes de la peinture et/ou de Jérôme Bosch se sont penchés sur son oeuvre pour y déceler les signes avant-coureurs d'un éventuel apocalypse ou bien un message formulé par Bosch contre l'église catholique. Plusieurs éléments corroborent ces thèses, que ce soit le mélange merveilleux et tourments, hommes et animaux, paradis et enfer.
Ma foi, pourquoi pas... Belting tente cependant une approche différente, dans ce sens qu'il estime que Bosch a voulu avant tout placer un message humaniste au centre de ses peintures, influencé en cela par des penseurs tels Thomas More. Pour Belting, Bosch a travaillé dans l'esprit du temps et il compte bien le démontrer, s'appuyant pour cela, entre autres, sur l'identification du commanditaire de l'oeuvre "Le Jardin des délices" (Musée du Pardo), un laïc convaincu.
Après une description minutieuse (et ô combien intéressante!) du célèbre triptyque, Belting aborde le rôle supposé de Henry de Nassau et le contexte de création de cette oeuvre. Il s'attarde ensuite sur le panneau central qui représente le monde (et le paradis) tel qu'il serait si le péché originel n'avait jamais existé. Hypothèse séduisante qui a le mérite d'être argumentée (avec beaucoup d'enthousiasme lorsque Belting dévie vers Erasme ou l'Utopie de More, des références à lire ou relire!). Belting évoque la liberté du peintre à une époque où la peinture dite religieuse était étroitement surveillée. Or de peinture religieuse, il n'en est sans doute point ici!
Un livre très riche et intéressant à lire pour avoir une vision différente ou complémentaire de l'oeuvre de Bosch et du Jardin des délices qu'il est possible d'admirer dans cet ouvrage, tant par les images que par le texte.