La Collection Phillips à Paris
de Jean-Louis Prat

critiqué par Jlc, le 8 janvier 2006
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Embellir la vie
Comme la collection Barnes, il y a une douzaine d’années, ou le MOMA en 2004, la collection Phillips de Washington fait un tour d’Europe, le temps de rénover le musée qui l’abrite. La voici à Paris.

Le catalogue de l’exposition est remarquablement bien fait, sans trop de détails érudits. L’introduction explique ce que voulait faire Duncan Phillips et comment il le fit. C’est passionnant. Ensuite le catalogue des œuvres reproduit chaque peinture présentée avec une courte notice sur l’artiste et une « explication » du tableau. C’est superbe et captivant.

Duncan Phillips, riche américain du début du 20ème siècle, consacra une grande partie de sa vie à l’art qui, selon lui, apporte deux émotions : la reconnaissance et l’évasion. A 30 ans, il entreprend une collection de peintures où « chaque élément serait posé à sa place dans une vision d’ensemble ». Il considère que le collectionneur doit développer son goût personnel tout en soutenant l’artiste face à la tyrannie du conformisme. A l’inverse de Barnes qui refusait de montrer ses trésors à tous, Phillips expose et, parce qu’il considère l’œuvre d’art comme un message personnel et intime, il expose dans sa propre maison. Phillips a du passer pour un original dans le milieu qui était le sien!

Phillips a réussi sa vie en donnant à sa collection un ton très personnel où chaque œuvre renvoie à une autre, créant ainsi un langage harmonieux. Il a aussi réussi sa vie en réalisant son ambition d »interpréter les peintres pour le public et contribuer, peu à peu, à lui faire voir la beauté ».

Le choix des tableaux est de premier ordre et si « le déjeuner des canotiers » de Renoir est l’œuvre la plus médiatisée, bien d’autres soutiennent la comparaison/confrontation. Bien sûr on peut regretter l’absence du très beau Chardin de Phillips ou « le jardin des Lauves » de Cézanne ou celle de Rothko.

Des reproductions parfaites de toiles magistrales, des textes courts et intelligents. Voilà un livre qui m’a embelli ce dimanche d’hiver.