Un été indien
de Truman Capote

critiqué par Sibylline, le 6 janvier 2006
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
L’autobiographie et ses limites
Bien que présenté seul en un ouvrage, ce titre se rapproche plus de la nouvelle un peu longue que du roman. 50 pages. Disons que cela se situe entre les deux.
Cet ouvrage a été retrouvé et édité après la mort de cet écrivain mondain que fut Truman Capote et tendrait à nous parler un peu de sa vraie vie. Si tant est que tout ce qui y est dit soit exact, ce que j’ignore. Le roman laisse entendre que strictement tout y est de l’ordre du souvenir vrai. Je pense, pour ma part, qu’il y a une bonne partie de réalité mais également certaines choses inexactes.
Capote nous parle d’un enfant paysan d’un trou perdu de Virginie Occidentale qui avait tout pour un jour augmenter les rangs des «petits blancs» de l’Amérique profonde et dont le destin bascula ce jour là, non sans douleur ni arrachement, parce que son père avait réalisé que «c’est d’être ignorant qui m’a ôté ma liberté» et qu’il était devenu primordial pour lui que Truman, en âge d’entrer à l’école, dispose justement d’une école pour ce faire. La situation de la famille était tel que ce choix, ce pari vers l’avenir, devait se faire aux dépens des grands-parents, l’héritage du passé.
Ce court roman ne porte que sur ce souvenir; des quelques jours qui précédèrent le départ de la plantation et la séparation d’avec les grands-parents, au décès du grand-père, quelques années plus tard. Il est présenté comme le compte rendu fait par un enfant de cet événement fort et fondateur, sans commentaire ajouté de l’adulte qu’il est devenu. Ce qui, bien sûr ne peut s’obtenir totalement.
Evocation nostalgique des fêlures de l'enfance 8 étoiles

Cette nouvelle, que Truman Capote offrit à sa tante en 1947, est une œuvre de jeunesse qui fut publiée après le décès de l’écrivain. Le titre français trahit un peu le titre original « I remember my Grandpa », beaucoup plus explicite sur les intentions de l’auteur qui raconte à la 1ère personne, en épousant le point de vue d’un jeune garçon, les fêlures de l’enfance, qui marquent une vie et laissent des regrets que rien n’efface. Avec un art maîtrisé de l’ellipse et avec un ton d’une remarquable justesse, qui diffuse une sorte de poésie douce-amère nimbant le récit, Truman Capote évoque le déménagement d’une famille rurale américaine, qui quitte la vieille ferme familiale pour s’installer à la ville, sur décision d’un père autoritaire mais aimant, qui veut permettre à son fils d’avoir la chance d’aller à l’école et de faire des études… A la douleur du départ avivée par la séparation avec les grands-parents, que l’enfant assimile à un abandon, succède la découverte d’une nouvelle vie dans une belle maison au cœur de la grande ville. Seule l’écriture, par les lettres que le garçon écrit maladroitement à son grand-père pour tenir la promesse de toujours penser à lui, entretient un lien que le temps va distendre peu à peu... La nouvelle enferme un noyau irréductible de solitude nostalgique et d’amour inassouvi, qui étreint le cœur du narrateur et ne peut qu’émouvoir le lecteur (à moins qu’il ne soit un psychopathe dénué de toute faculté d’empathie !). La neige, omniprésente dans le récit, incarne à la fois l’hiver, symbole de la mort lente et de la dureté de la vie campagnarde, et l’effacement progressif, qu’il s’agisse du paysage noyé de blanc ou des souvenirs de la vie ancienne…

Eric Eliès - - 50 ans - 3 décembre 2016


Nostalgie 8 étoiles

Grosse nouvelle de Truman Capote, sur la nostalgie de son enfance passée dans les montagnes avec ses parents et surtout grands-parents.
Jusqu'au jour où faute à la crise ses parents sont obligés de partir pour trouver un meilleur travail.
Ils partent avec lui en abandonnant ses grands-parents.
Ils seront séparés jusqu’à leurs morts.
Emouvant.

Free_s4 - Dans le Sud-Ouest - 50 ans - 31 décembre 2011


l'arrachement à ses racines 9 étoiles

Emouvante nouvelle autobiographique (je viens de l'apprendre), quoi qu'il en soit elle m'a émue, une très belle narration de la perte par les yeux d'un enfant, un monde qui s'écroule, disparaît. Et se rendre compte que ce que l'on croit enseveli est toujours là vivace.

Cafeine - - 50 ans - 16 mai 2008


Un petit garçon, l’Amérique profonde; 7 étoiles

Grosse nouvelle en fait, écrite par Truman Capote à 22 ans au sortir de l’enfance. Et ce serait justement son enfance-petit garçon qu’il évoque. Et plus précisément un évènement particulièrement marquant. Il a six ou sept ans quand son père, conscient du handicap d’être paysan non-instruit, prend la décision drastique de quitter avec femme et fils la ferme familiale (depuis des générations) pour aller louer ses compétences, « de l’autre côté des montagnes », comme fermier dans un endroit de Virginie où l’école existe. Ca se passe au détour de l’automne, l’été indien, et Truman Capote retrouve ses effarements et angoisses d’enfant pour raconter le traumatisme de la cassure de la cellule familiale, au sens large, l’abandon du grand-père adoré.
Il trouve aussi de très beaux accents d’amour et de sincérité pour évoquer la nature dans laquelle il était immergé. On ressent très fort cette particularité, pour nous autres européens, de l’espace nord-américain, ce souffle et cette sensation d’un certain infini.
Je l’avais lu (écouté en cassettes en fait) il y a plusieurs années et je me suis aperçu à la réécoute que ce texte était resté posé en équilibre quelque part dans ma mémoire. Tiens au fait, lire d’autres Truman Capote pourrait être intéressant !

Tistou - - 68 ans - 4 novembre 2006