Les Annales du Disque-Monde, tome 03 : La huitième fille
de Terry Pratchett

critiqué par Belial, le 29 décembre 2005
(Anvers - 45 ans)


La note:  étoiles
Mars et Vénus sur un balai
Les annales du Disque-Monde constituent l’œuvre majeure de l’anglais Terry Pratchett, qui y a gagné ses galons d’humoriste reconnu et vénéré. Avec plus de 30 volumes au compteur, voilà une série qui a séduit bien des lecteurs et suscité un enthousiasme sans cesse renouvelé. Un monde plat et rond, porté par quatre éléphants eux-mêmes juchés sur la carapace d’une énorme tortue. Tout ça a de quoi surprendre. Sur ce gigantesque disque, un univers inspiré des romans de fantasy, peuplé de dieux, sorciers, brigands, monstres, assureurs, etc. qui constituent un petit monde hétéroclite, bigarré et complètement frappé. Car le Disque-Monde est avant tout une gigantesque farce, parodie lancée à la face du monde, qui n’épargne rien ni personne.
Le mage Tambour Billette est aux portes de la mort. Avant son dernier soupir, il cherche un successeur à qui transmettre ses dons : le huitième fils d’un huitième fils, comme l’exige la tradition séculaire. Or, il se trouve que dans le charmant petit village de Trou d’Ucques, où se trouve le mage actuellement, le huitième fils du forgeron - lui-même dernier enfant d’une famille de huit – est sur le point de naître. Catastrophe ! L’enfant est de sexe féminin et le pouvoir lui a été transféré ! Une femme mage ? On n’a jamais vu pareille incongruité sur le Disque-Monde… Mémé Ciredutemps, sorcière du charmant patelin, va se charger de forcer les portes de l’Université Invisible pour la petite Eskarina.
Comme le suggère explicitement le jeu de mot du titre en v.o., « Equal Rites », Terry dirige son artillerie comique vers les relations hommes-femmes. La paillarde Mémé Ciredutemps, fer de lance d’un féminisme balbutiant sur le Disque, tente de faire accepter Eskarina, neuf ans, comme premier mage femelle. Il va de soit que mage est typiquement une profession d’homme, à l’instar de médecin, maire ou pompier, et que les sorcières (« un métier très respectable ») tiennent à peu près la même place que les infirmières ou les sages-femmes. Ce présent volume des annales du Disque-Monde nous offre donc un délicieux cocktail de misogynie rampante et de stéréotypes sexuels auquel vient s’ajouter une vision au papier de verre des universitaires. En effet le bon sens campagnard de Mémé se heurte de plein fouet à l’archétype du professeur bouffi d’orgueil et puant de prétention, du chercheur plongé dans ses concepts mais incapable de s’asseoir proprement sur des toilettes. L’Université Invisible, lieu d’apprentissage de tous les mages, est une version au vitriol de nos bonnes vieilles facultés rutilantes et fières. On se prend tout de même à regretter que Pratchett ne soit pas allé un peu plus loin dans la satire, l’occasion était vraiment belle.
Extrait :
« Il avait bien essayé de lui faire comprendre par des allusions qu’elle devait obéir aux règles tacites de la vie zoïde et rester à bord, mais une allusion n’avait pas plus d’effet sur Esk qu’une piqûre de moustique sur un rhinocéros moyen : si l’on ignore les règles, apprenait-elle déjà, la moitié du temps elles se réécrivent tranquillement pour cesser de vous concerner. »
Mage ou sorcière, il faut choisir ! 5 étoiles

J’ai un petit faible, je l’avoue, pour l’ami Terry Pratchett, qui a réussi à s’approprier les codes de l’heroic-fantasy de belle façon, à travers ses fameuses Annales du Disque-Monde. Évidemment les différents opus de la série ne se valent pas tous, mais le talent de l’écrivain britannique fait qu’on retrouve en général toujours avec plaisir ses personnages et l’univers si particulier du Disque-Monde.

Dans la huitième fille c’est l’accès des femmes à certains statuts et à certaines professions qui sert de moteur à l’histoire. La thématique est peut-être moins travaillée que dans certains autres volumes de la série, mais elle permet quand même de servir une trame intéressante et de livrer une histoire fort plaisante et, comme d'habitude, pleine d’humour.

Si le personnage de Eskarina, la jeune aspirante au métier de mage, ne m’a pas énormément touché, Mémé Ciredutemps, sorcière bougonne mais au grand cœur, est au contraire extrêmement attachante. La sorcière deviendra d’ailleurs l’une des figures récurrents de la série.

Fanou03 - * - 49 ans - 30 octobre 2014


C'est mieux... 6 étoiles

J'avais lu il y a quelques années les deux premiers tomes des "Annales du Disque-Monde" ; j'avais moyennement aimé, même si ma critique de l'époque laisse croire le contraire (je sais même pas pourquoi j'ai mis ça...). J'ai donc eu peur de perdre mon temps cette fois-ci, mais la curiosité l'emporte toujours, et je l'ai lu !
Les amateurs le savent, à chaque livre son lot de parodies ; à l'honneur dans "La huitième fille", Lovecraft et son mythe de Chtuhlu (pardonnez l'éventuelle faute d'orthographe...). Donc, sont présentes des Choses dans les rêves de deux des personnages ; je n'en dis pas plus !
L'histoire n'est pas transcendante, pas de suspense, pas de frissons, pas de grosse péripéties, mais ce n'est pas ce qu'on recherche avec Terry Pratchett : on veut rire ! Et on rit bien et beaucoup : un humour très british, très décalé, dans la lignée des Mr Bean, Monthy Python et autres comédies délurées. Certaines blagues sont un peu limites, mais très drôles : "Il fallait avouer que, transformé en cochon, il avait un sacré port". Ou bien, encore, "On remarquait à peine le village sur une carte des montagnes ; à vrai dire, on le remarquait à peine sur une carte du village...". bref, c'est sûr que Pratchett est drôle, mais malgré tout, je reste sur ma faim.
Je vais continuer ma découverte de l'auteur avec le tome suivant, "Mortimer" ; on m'a conseillé de lire quelques-unes des grandes tragédies de Shakespeare pour goûter particulièrement l'ambiance de ce quatrième livre.

Poupi - Montpellier - 34 ans - 18 avril 2007


Le moins des quatre que j'ai lus... 5 étoiles

J'ai lu les deux premiers tome et j'ai été bluffé, histoire totalement délire, loufoque, mais quand même épique... Mais ce tome-ci m'a vraiment ennuyé au point que j'ai lâché "les annales du disque-monde" pendant pas mal de temps, jusqu'à ce qu'un pote me prête le quatrième tome et à présent je veux de nouveau lire la suite!!
Mon avis est le suivant: pas très marrant et scénario faiblard dans le genre histoire pas très intéressante... à vous de voir!!

Klutjo - - 43 ans - 4 août 2006


De mieux en mieux 8 étoiles

Moins loufoque que les tomes précédents (avec quand même des passages épiques) mais aussi plus structuré, ce roman me semble plus abouti. Maniant toujours l'humour tel un flambeau, Pratchett nous dévoile encore un peu plus les mystères de son incroyable Disque-Monde, dans un florilège de jeux de mots, de calembours, de situations grotesques et de phrases tranchées ("les chances sur un million, elles se réalisent neuf fois sur dix").

On se retrouve à suivre allègrement la jeune Eskarina et sa "mémé" sorcière dans leurs aventures à la recherche de l'Université Invisible afin que la fillette puisse suivre une formation de mage. A mourir de rire!

Missparker - Ixelles - 42 ans - 25 février 2006


Mon préféré dans la série du Disque Monde 8 étoiles

L'univers posé par T. Pratchett est délirant, purement loufoque, et très rafraîchissant.

J'ai lu quelques tomes de cette série du Disque-Monde avec beaucoup de plaisir, mais force est de reconnaître qu'hélas les histoires sont la plupart du temps brouillonnes et ne laissent pas de souvenir impérissable...

A consommer espacés et avec modération donc.

Cette "Huitième fille" est l'un des plus réussis.

Dune - - 49 ans - 13 février 2006


Magie et féminisme 10 étoiles

C'est purement génial! On dirait que l'auteur, face aux petits défauts de la première histoire (tome 1 et 2), a changé son raisonnement de simple comique en véritable conteur burlesque. Cette histoire, je la conseille à tous! Entre la vieille Ciredutemps, une sorcière féministe à qui on a refilé une mage fille surprise qui veut devenir sorcière (on est pas dans le délire total, là!), le Haut Mage Traitel, contradicteur par excellence et son apprenti, le jeune mage Simon, bégayant et boutonneux, l'histoire devient purement atypique. Ma critique est courte mais c'est pour ne pas dire mille fois bravo!!!!

Orea - - 30 ans - 11 février 2006