Les Lames du Roi, tome 3 : Un ciel d'épées
de Dave Duncan

critiqué par Belial, le 29 décembre 2005
(Anvers - 45 ans)


La note:  étoiles
Torrents de Lames
Voici enfin le dernier tome des Lames du Roi, trilogie qui nous est décrite par l’éditeur français comme le sommet du talent de l’auteur, Dave Duncan. Chacun des tomes peut être lu de manière totalement indépendante des autres. Toutefois, comme on le verra ci-après, la lecture d’Un Ciel d’Epées offre bien des synergies avec celle des précédents. Les Lames du Roi se range aisément dans le genre fantasy, puisqu’il dépeint un univers parfaitement imaginaire, bien que proche du nôtre. Le contexte est assez voisin de l’Europe du XVIIème siècle ; on note également la présence discrète du surnaturel : filtres d’amour, nécromancie voisine du vaudou, etc. Chacun des volumes du cycle se focalise sur le destin d’un des personnages : « L’Insigne du Chancelier » traitait de Durandal, épéiste et éminence grise anoblie, « Le Seigneur des Terres de feu » retraçait l’ascension vers les sommets du guerrier Paeahrd Aedeling, et ce présent roman s’intéresse à la princesse Malinda, fille du roi Ambrose IV.
Malinda est une jeune fille dynamique et décidée, dont l’appétit de vie est constamment contrarié par la réserve que lui impose son statut de princesse. Un tragique évènement la propulse à la tête du royaume, où elle se trouve plongée dans un nid de vipères inextricable. Dans cet enfer conspirationniste, ses seuls atouts sont les Lames : des gardes du corps aux ressources immenses dont la loyauté est assurée par un rituel magique secret. Malinda devra sauver son amour et son pays au bord de la guerre civile.
Encore plus que les deux premiers tomes, le romanesque de Duncan est sans doute plus voisin des Chouans de Balzac ou de l’œuvre d’Alexandre Dumas que de Tolkien et ses dérivés. Si l’aventure reste présente, dans la lignée des volumes précédents, elle cède quelque peu la place aux manipulations et aux intrigues politiques, que l’auteur ne maîtrise peut-être pas aussi bien. Le fil conducteur se fait ténu et difficile à suivre, la faute à une galerie de personnages secondaires un peu confuse car les composants en sont trop brièvement décrits, donc peu identifiables au cours du récit. A cela, il faut ajouter quelques problèmes de rythmes, avec des scènes dont la puissance dramatique est parfois trop faible. Là où Duncan rehausse largement l’intérêt d’Un Ciel d’Epées, c’est dans le lien qu’ont les trois romans entre eux. Après avoir semé des informations en apparence contradictoires, la conclusion de ce troisième volume lie merveilleusement le cycle, telle la dernière pièce d’un puzzle de peinture surréaliste. Trois histoires en apparence indépendantes se révèlent ne faire qu’une ; et les incohérences grossières disparaissent de la plus belle des manières : brillant scénario. Et cette fin vraiment jouissive fait oublier les quelques bâillements provoqués par quelques chapitres sans relief. Du grand art.
Extraits :
« Les secondes comptent plus que les années.
Quelques instants suffisent à changer une vie à jamais. » (Messire Chien)
« La guerre, comme l’amour, ne devrait jamais être faite en public. » (Baron Léandre)