Riverdream
de George R. R. Martin

critiqué par Numanuma, le 20 décembre 2005
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Mark Twain versus Anne Rice
Georges R.R Martin est un grand auteur, un de ceux qui donnent envie de lire. Auteur de la magistrale série du Trône de Fer, 9 volumes existent actuellement en français chez J’ai lu, série que je situe au niveau du Seigneur des Anneaux et certains volumes sont critiqués sur ce site, Georges R.R Martin nous emmène cette fois sur le Mississippi avant la guerre de Sécession, au fil des caprices du grand fleuve.
Abner Marsh est un capitaine coriace et expérimenté, fort en gueule, ça fait partie du métier, fort laid, fort gros et fort tout court. On ne s’impose pas comme ça face au capitaine Marsh.
Pourtant, à la suite d’une série de revers, le voila en possession d’un unique bateau, une antiquité, pour faire tourner son business.
C’est à ce moment qu’un mystérieux individu, fort élégant, fort cultivé, fort ignorant de la navigation, fort éloigné en tout du capitaine Marsh en fait, lui fait une proposition commerciale qui va changer sa vie. Si Joshua York aurait l’air plus à sa place dans les salons richement décorés de la bonne société de Louisiane, s’il risque une grosse somme d’argent à faire construire le plus gros vapeurs que le Mississippi ai jamais vu, c’est qu’il a de bonnes raisons. Et de biens étranges habitudes…
Le Rêve de Fèvre est le rêve devenu réalité du capitaine Marsh et le véritable héros du roman, l’enjeu de toutes les convoitises et de toutes les passions. Et le Mississippi est l’écrin parfait, toujours changeant et majestueux, dangereux et source de profit, juge de vie de et de mort, pour cette nouvelle visite au mythe du vampire.
L’auteur est plus proche de Anne Rice que de Bram Stoker dans sa vision des êtres de la nuit, nos prédateurs naturels, nos cousins hostiles et mystérieux. Les légendes ne sont que des légendes : l’ail, l’argent et les crucifix ne sont d’aucune utilité. Les vampires se reflètent dans les miroirs et ne dorment pas dans des cercueils. Les loups-garous et les fantômes ne seraient que les versions déformées par la peur d’une seule et même race ; seuls les vampires existent quel que soit le nom qu’on leur donne. Et leur soif est bien réelle.
Et Vlad Dracul, l’homme à l’origine du mythe n’en était pas un, selon York.
Cependant, ils nous ressemblent plus que nous voulons bien le croire et en cette période de l’Histoire, les esclavagistes possèdent des caractéristiques identiques à celles des êtres nocturnes : une vision de la société portée par la loi du plus fort, une aversion pour les Noirs qui ressemble étrangement à celle des vampires pour le bétail dont nous faisons partie…
L’allure du bateau correspond à la course à la vie à laquelle se livre Joshua York. Une course contre sa nature propre, une course contre une humanité toujours plus nombreuse et toujours plus dangereuse pour ceux de sa race. York a une vision et il veut la faire partager à ses congénères. Le Rêve de Fèvre est le vaisseau de leur liberté.
Pour ne pas trahir l’intrigue, je ne dirai rien de Damon Julian, le Maître du Sang, porté par une vision tout autre que celle de Joshua York mais qui se rend compte bien vite de l’importance du Rêve de Fèvre.
Entre ces deux personnages, le capitaine Marsh, malgré sa corpulence paraît bien faible. Pourtant, il représente une sorte de trait d’union entre eux. De plus, il fait corps avec son bateau ; sa présence à son bord est indispensable car il en est le maître. Et l’âme.
A DECOUVRIR ! 9 étoiles

Ne vous fiez surtout pas à la couverture plutôt moche de l'édition de poche ni au titre qui fait un peu littérature d'ado. Ce bouquin est tout simplement excellent.

G. R. R. Martin n'est pas un écrivain mais un conteur. Il vous embarque dès les premières lignes et ne vous libère qu'une fois son histoire terminée.

La littérature avec des dents pointues dedans est plus qu'abondante. Il faut donc trier. Perso, outre l'incontournable Dracula, je mets le G. R. R. Martin devant les premiers Anne Rice. Les autres, soit je ne les connais pas, soit je les mets en option.

Botchman - - 52 ans - 13 novembre 2011