Le soleil des morts
de Bernard Clavel

critiqué par Tistou, le 18 décembre 2005
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Une vie, droite.
On me l’avait passé en parlant du chef d’oeuvre de Bernard Clavel. Un bien beau Clavel, c’est vrai. Tout l’univers de Clavel est là, dans ce gros ouvrage. La ruralité du début du 20ème siècle, le Jura, des âmes droites, la guerre, la grande et les autres, …
L’histoire commence en 1887. Charles Lambert, que B. Clavel va passer à la loupe au fil des 592 pages jusqu’à la fin dudit Lambert, enfant élevé par sa grand-mère, voit son instituteur proposer sa mise en apprentissage afin d’aider sa grand-mère à subvenir aux besoins.
On verra successivement Charles Lambert se déployer tel une chrysalide, rosser un malfaisant et se comporter tel qu’on voudrait que nos enfants …, voir arriver la guerre de 1914 avec l’espoir de venger son grand-père tué par les allemands pendant la précédente guerre, connaître l’amour pour sa femme, la carrière militaire dans les colonies, la vie rangée de celui qui cherche à s’élever au dessus de sa condition, les heurts et malheurs d’une vie qui se respecte, le chaos d’une nouvelle guerre et les suites pas toujours belles de la dite guerre.
Nous sommes dans un Clavel. Les bons ne font pas semblant d’être bons. Ils le sont jusqu’à leur extinction. Les méchants finissent en général mal, comme on aimerait que ça arrive dans la vraie vie. Ce n’est pas gnan-gnan pour autant. Grace, entre autres, à la belle écriture de Clavel, qui pourrait, parfois, nous faire prendre des vessies pour des lanternes
C’est qu’il écrit bien le B. Clavel. Que ce soit dans les descriptions de la Nature, le traitement psychologique de ses héros (très cohérent, toujours), les scènes de guerre (très crédibles, bien horribles, comme en vrai quoi !), un certain anticléricalisme rigolard et le sentiment amoureux entre êtres droits, Charles et Pauline. Tout Clavel est dans le respect de cette droiture entre les êtres. ( Ca risque de se démoder hélas très rapidement !)
Pas spécialement fantaisiste mais pas un sermon non plus. De la belle ouvrage, au déroulement linéaire, qui émeut malgré sa prévisibilité.