Rien de grave
de Gabrielle Cluzel

critiqué par Enzo, le 12 décembre 2005
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Excellent !!!
Ce recueil de nouvelles ne se lit pas. Il se déguste, un peu comme un vieux cognac millésimé. Le livre a été édité par les Editions Clovis, ce qui est logique. Un éditeur « du monde » n’aurait pas pu comprendre toute la subtilité, toute la richesse de l’œuvre.

Au total, neuf histoires : Erwan, un cadre compétant dont la carrière a été brisée le jour où il écrasa par accident un délinquant ; Brian, un enfant suicidaire incompris de ses parents ; Hugues, le jeune loup de la politique qui s’aperçoit de la vacuité de celle-ci ; Monette, l’histoire d’un ancien brave de 1914-1918 dont on se demande au fond pourquoi il s’est battu ; Armel, le jeune garçon droit perdu dans un collège public et qui renvoie sa très gauchisante prof de français à la nullité de son existence ; Marie, où une très « libérale » gynécologue va se heurter à la volonté de fer d’une toute jeune femme tradi qui refuse de se faire avorter alors qu’elle est certaine d’accoucher d’un enfant mort-né ; Paul, où dans une paroisse morte un petit garçon trouve la foi ; Brigitte, où une dame de la bonne société versaillaise s’aperçoit de la superficialité de ses « amies » et Odile, où un hédoniste s’aperçoit au contact d’une anticléricale que, finalement, la Foi sauve… Ce qui filtre de ces histoires qui ont un goût d’expériences vécues , c’est que les héros et les valeurs qu'ils incarnent les seuls, les vrais exclus de cette société.

En lisant Rien de Grave, on se dit qu’effectivement, il serait temps de se demander quelle est leur place dans la société. Prenons par exemple la nouvelle « Erwan ». Comment ne pas être indigné par cet homme broyé judiciairement par pure démagogie politique, pour un accident alors qu’il rentrait chez lui pour amener d’urgence son fils à l’hôpital et viré par son gros capitaliste de patron par pure lâcheté. Et cette prof gauchiste, qui massacre la copie d’un jeune collégien de droite parce qu’il avait écrit toute l’admiration qu’il portait à sa maman, femme de militaire et mère de famille nombreuse. Cette enseignante qui a raté sa vie, qui ne veut pas l’admettre, et qui en vient à haïr ces femmes heureuses. Et cette larve de ministre qui laisse des allogènes siffler la Marseillaise alors qu’il remet la Légion d’Honneur à des anciens combattants et à un fort exotique tapeur de ballon… Et ces sales perruches de la bourgeoisie versaillaise qui, parlant du gentil gendre d’une de leur partenaire de bridge qui s’avère catholique de tradition : « Voilà un garçon qui doit sentir bon la poussière et les toiles d’araignée ! »... Un roman qui entrouve une porte où vit une contre-société, totalement exclue certes, mais dont le dynamisme nataliste va crescendo et l'amenera bientôt à occuper la place qu'elle mérite...
Justement si, c'est grave ! 9 étoiles

Enfin, un livre rafraîchissant qui va à l'encontre de la bobomanie, qui dit la vérité (mais bien sûr "le poète a dit la vérité, il doit être exécuté" comme le font Arundhati et Le rat des champs…).
Loin d'être anti-jeunes, Gabrielle Cluzel est anti-jeunisme, à l'opposé de la démagogie qui met sur les plateaux des éternels 1ère année en Lettres modernes ou en Psycho (dont tous les analystes économiques démontrent qu'ils sont de futurs chômeurs professionnels), qui insultent des professeurs émérites et proclament, comme lors de l'une de leurs dernières et nombreuses manifs que les études "ne doivent pas servir à rentrer en entreprise"… J'aimerais savoir qui paie leur toit, leur nourriture… car à un moment donné, il faut bien le gagner, ce sale argent……
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces nouvelles (je ne comprends pas pourquoi Guigomas écrit une critique sans l'avoir lu………) anticonformistes et tellement véridiques ! Ayant failli me faire écharper par des manifestants haineux (alors que j'avançais tranquillement dans ma voiture comme "Erwan"), je peux témoigner de la véracité de sa description… Bref, bravo à Gabrielle qui ose dire tout haut ce que beaucoup pensent mais n'osent surtout pas exprimer… Ce n'est pas du Balzac, mais c'est bien écrit et surtout très profond !

Salambo - - 68 ans - 19 février 2011


La part de l'intégrisme... 1 étoiles

La maison d'édition "Clovis" est celle de la droite dure française. Un prof gauchiste qui maltraite un élève de droite... L'histoire de cette jeune femme qui veut mener sa grossesse jusqu'au bout pour accoucher d'un enfant mort laisse rêveur, quelle peut en être la raison, même pour un catholique traditionnaliste? Quel que soit le texte spirituel chrétien vers lequel on se tourne, on n'a jamais lu ça nulle part. Ca s'appelle être plus catholique que le pape, et en fin de compte, on peut se demander si le problème, outre un style littéraire assez désolant, plein de clichés (le fauteuil qui lui tendait les bras) n'est pas là? Un intégrisme chrétien forcené... Lors d'une conférence récente, l'immense écrivain qu'est Eric-Emmanuel Schmitt disait que l'intégrisme, c'est la foi sans intelligence.

Le rat des champs - - 74 ans - 16 décembre 2005


Sectaire et moralisant 1 étoiles

Gabrielle Cluzel fait les goûters des manifestations des oeuvres catholiques intégristes pour vendre son "livre".
Il faut bien cela, qui autrement aurait le courage de se taper volontairement ce pensum mal écrit !
Tout dans ce recueil de frustrations sent le renfermé. Il n'est bien accueilli que dans les milieux les plus droitiers, simplement parce qu'il est anti-jeune, anti-cosmopolite, bref intolérant.

Arundhati - - 63 ans - 14 décembre 2005


Les pauvres 1 étoiles

L'art de retourner les valeurs d'une société qui ne reconnait plus ces vrais enfants et dire qu'ils se reproduisent a grande vitesse et qu'ils veulent vaincre grâce a sa natalité abondante, ca me rappelle quelque chose d'un peu effrayant.

Zondine - - 57 ans - 14 décembre 2005


Neuf perles 5 étoiles

Le problème de la littérature "à message", c'est que bien souvent la démonstration que veut faire l'auteur implique la réduction de ses personnages à leur archétype.
C'est le cas ici, visiblement, avec ces neuf perles qu'on enfile comme autant de clichés qu'on aligne.
Certains, ceux qui sont convaincus d'avance, crient alors au génie, au "bien vu", louent la subtilité de l'auteur...
D'autres n'y voient que de la propagande lourdingue déguisée en romance...
Je le dis de ce recueil de nouvelles, mais cela s'applique hélas à beaucoup de romans.
La moyenne, car je n'ai pas lu l'oeuvre et lui accorde le bénéfice du doute.

Guigomas - Valenciennes - 55 ans - 12 décembre 2005