De l'univers
de Xavier Deutsch

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 7 décembre 2005
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Intérêt ?
C’est malheureusement la question que je me pose après avoir refermé mon premier Xavier Deutsch : quel est l’intérêt de ce livre ? C’est la soi-disant histoire de personnages soi-disant typés dont certains se préparent pour un voyage en bateau dont le but est de découvrir de nouvelles terres, rien moins que ça, expédition aux relents soi-disant initiatiques.

Une soi-disant histoire. En fait d’histoire, il n’y en a pas. Les habitants d’un village se croisent, rien ne s’élabore, pas la moindre réflexion, juste quelques dialogues creux. Aucun « liant ».

Des personnages soi-disant typés. Comme cet individu qui vit complètement nu dans les bois, été comme hiver. Ou cette petite fille qui aurait pu, sous la plume d’autres auteurs, devenir attachante. Une ébauche de personnages, des contours flous, des bizarreries qui n’ont aucun sens, qui n’apportent aucune cohérence au propos. Faudrait peut-être expliquer à l’auteur que l’étrangeté gratuite ne suffit pas. Le sel ne relève pas tous les plats, il peut aussi en gâcher ; peut-être que si Deutsch goûtait un gâteau au chocolat assaisonné d’une bonne louche de sel, il comprendrait que tout n’est pas toujours approprié…

Une expédition soi-disant initiatique. Ca aurait pu sauver le livre, une espèce de toile de fond deuxième degré. Mais non, c’est plat et linéaire. Deux personnages embarquent sur un bateau avec pour mission la découverte de nouvelles terres. Et ils sont mandatés par le roi Albert II ! Et c’est censé être l’apogée du livre, la fin énigmatique. Ou l’auteur a-t-il voulu être poétique ? Ben c’est raté !

Et ce n’est même pas « soi-disant » bien écrit…
De l'univers surréaliste 8 étoiles

Celui qui cherche une histoire solide, une trame qui se développe avec une tension dramatique en crescendo sera déçu. Ce roman sort des sentiers battus. Ni réaliste, ni policier, mais surréaliste à souhait. Sera comblé celui qui a gardé une âme d’enfant, une âme curieuse qui s’extasie devant les choses simples de la vie mais sublimées par une fantaisie poético-humoristique.
Le surréalisme est omniprésent à travers toute cette œuvre : Christophe Colomb, les manœuvres militaires, la noyade dont le héros en sort indemne, les terres à découvrir en remontant la rivière à la rame… Qui n’a pas rêvé d’immortalité ? d’être Christophe Colomb ? de recevoir l’estafette du roi porteur d’un pli royal ? de voguer à l’aventure ?
Imbriqués dans la vie du village, les personnages sont très attachants et profondément humains : le curé respectueux des principes mais qui se laisse influencer par Jules, le fou du village, un colonel d’armée en retraite martial mais bon enfant, une petite fille sage comme une image… qu’elle découpe et colle dans son cahier.
La langue de Xavier Deutsch est très pure mais avec de-ci de-là une fantaisie linguistique qui fait sourire le lecteur comme les Polnordiens, les Catholicistes…
La simplicité des constructions de phrases est en adéquation parfaite avec les scènes décrites : des situations de tous les jours transcendées par une fantaisie voire un délire surréaliste.

Ddh - Mouscron - 83 ans - 17 mai 2006