Des mots qui volent comme des oiseaux. Lettres et témoignages des prisons du monde
de Cécile Rolin

critiqué par Zaphod, le 6 décembre 2005
(Namur - 60 ans)


La note:  étoiles
On a raison de se révolter
Il y a des romans très durs, qui parlent de haine, de souffrance, de malheur. Mais il me semble que dans la lecture d’un roman, même très réaliste ou autobiographique, on a toujours une sorte de filtre ente soi et la réalité, une possibilité de se dire dans un coin de son cerveau « c’est de la fiction ».
Ce livre-ci n’est pas de la fiction.

Dans un récit journalistique, de la même façon, on a le filtre médiateur d’une troisième personne qui formate les évènements. On peut se dire « c’est terrible ce que cette personne à vu ! », tout en gardant une certaine distance.
Ce livre n’est pas du journalisme.

C’est un recueil de témoignages bruts constitué de la correspondance échangée entre des victimes de violations des Droits Humains – souvent en prison, et les membres d’Amnesty International qui les soutiennent.
On est en prise directe avec la souffrance, sans aucun filtre protecteur, si ce n’est la pudeur de ceux qui écrivent. Et çà demande d’avoir l’estomac solide pour pouvoir absorber une telle dose d’injustice.

Ce n’est pas que ces lettres sont un catalogue de tortures, au contraire, elles sont souvent remplies d’espoir et de détails du quotidien, et il faut admirer la résilience de es personnes qui trouvent encore des raisons de vivre, d’espérer et de lutter.
On voit toute l’importance de ces lettres pour les victimes. Elles sont comme un fil ténu qui les relie à la vie. Que ce fil se brise et les elles retombent dans l’anonymat, sous le couvert duquel tout est permis à leurs bourreaux.

A la lecture de ce livre, on passe par l’horreur, la colère, la révolte, la compassion, et –je l’espère, la résolution. Résolution qu’on va aussi faire quelque chose personnellement, conviction que l’action individuelle, si dérisoire qu’elle semble, peut changer quelque chose.