Une vie à Londres
de Henry James

critiqué par Dirlandaise, le 30 novembre 2005
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Un infernal paradis
Laura Wing est une jeune américaine issue de la haute bourgeoisie mais dont les parents sont morts ruinés. Elle est recueillie par sa soeur ainée Selina, mariée à un riche gentleman londonien, Lionel Berrington. Selina a tout pour être heureuse: un bon mari, deux beaux garçons pleins de vie, une magnifique maison, un rang social enviable et une vie remplie de fêtes et de réceptions. Laura envie sa soeur et se réjouit de son bonheur.

Mais, Laura ne tarde pas à déceler des failles dans ce bonheur idyllique. Les deux époux Berrington sont rarement ensemble. Ils sortent chacun de leur côté et ne sont presque jamais présents en même temps à la maison. Laura découvre que Selina a une liaison avec le capitaine Crispin. Elle essaie de la raisonner, de lui faire entrevoir le gouffre où elle se dirige et le scandale qui ne tardera pas à éclater au grand jour si Selina ne renonce pas à son amant. Un soir, Selina s'effondre et promet à sa jeune soeur de changer de vie, de ne plus jamais revoir le capitaine Crispin, de devenir l'épouse et la mère parfaite. Elle arrose ses promesses de larmes et Laura assiste à cette scène sans vraiment croire aux bonnes intentions de sa soeur.

Un après-midi, Laura se rend dans un musée peu fréquenté situé dans une partie éloignée de Londres, avec un jeune américain en visite en Angleterre. Elle y surprend Selina en compagnie du capitaine Crispin. Laura sait alors que sa soeur est corrompue et ne s'amendera jamais. Quelques temps plus tard, Selina profite d'une invitation à Covent Garden pour s'enfuir avec son amant. Laura devra choisir entre témoigner contre sa soeur et se ranger du côté de Lionel Berrington, rejoindre Selina, accepter la demande en mariage de Mr. Wendover ou repartir pour l'Amérique...

Henry James est un écrivain que je découvre avec cette nouvelle assez courte mais savoureuse. Les personnages y sont bien analysés et la différence entre les deux soeurs est assez frappante. Selina est un jeune femme gâtée, insensible, cynique et sans moralité. Laura est sérieuse, réfléchie, idéaliste, naïve et respectueuse des bonnes moeurs. La vie à Londres dans la bonne société de l'époque y est très bien décrite et le lecteur est introduit dans une maison où tout semble aller pour le mieux mais dont les fondations sont complètement pourries, la rendant fragile et chancelante pour finalement provoquer son effondrement irrémédiable avec la fuite de Selina.

Henry James a écrit de nombreuses nouvelles, une centaine je crois, et celle-ci date de 1888. C'est un auteur qui est passé maître dans la satire sociale et qui aime évoquer les ressemblances et les dissemblances entres les Américains et les Européens. Un auteur que je découvre avec plaisir, dont le style m'enchante et qui me rappelle un peu celui d'Edith Wharton. De plus, c'est un auteur qui a laissé une oeuvre immense que j'ai bien l'intention d'explorer plus à fond.