Six problèmes pour don Isidro Parodi
de Adolfo Bioy Casares, Jorge Luis Borges

critiqué par Ferragus, le 30 mai 2001
(Strasbourg - 61 ans)


La note:  étoiles
Allez consulter le pensionnaire de la cellule 273...
Qui est Don Isidro Parodi? Un de ces personnages comme on en rencontre de multiples chez Borges, suggérés, esquissés presque mythologiques.
A peine apprenons-nous qu'il est condamné et incarcéré dans la cellule 273 du pénitencier. Viennent le voir, des figures colorées, outrancières et à peine compréhensibles, à la recherche d'une vérité qui leur échappent. Car Parodi c'est l'Hercule Poirot de l'Amérique latine, le Sherlock Holmes de la pampa, l'inspecteur Maigret des gauchos. D'un récit abscons, échevelé, et forcément criminel il tire une conclusion lumineuse et imparable. Comment ne pas penser aux chefs d'œuvre de la littérature policière d'inspiration britannique, celle du thé et des bonnes manières, apologie de l'esprit de déduction et de l'intelligence supérieure?
Mais si ce recueil de nouvelles n'était que cela, il ne serait pas d'un grand intérêt. Christie, Conan Doyle et Poe pour les plus téméraires, ont déjà balisé la route. Accompagné de son alter ego fidèle et gémellaire, Adolfo Bioy Casares, Borges nous invite à un extraordinaire exercice de style. D'abord, la limpidité de l'écriture émerveille. Chacun des mots semble avoir trouver sa juste place, tout cela dans un impeccable mouvement qui semble d'une risible facilité; et pourtant un camouflet pour tous les écrivaillons qui se pressent à la porte… Et puis, nous voyons se succéder des individus, des rues, des quartiers qui se dessinent petit à petit par touches apparemment nébuleuses, absconses, elliptiques. Les imaginations sont soumises à rude épreuve, sollicitées, triturées avant que de l'effort jaillissent de petits joyaux fins et délicats, gourmandises exquises que le lecteur persévérant goûtera au delà du raisonnable. On se surprendra souvent, un sourire léger sur les lèvres, enchanté d'être ainsi porté par tant de virtuosité, de légèreté et de perspicacité.
Borges est une des grandes figures de la littérature du XXe siècle. Ses ouvrages majeurs, "Fictions", "l' Aleph", "le Livre de sable" et les autres sont autant de pierres posées sur le bord du chemin. Ils invitent à l'infini et au merveilleux. "Six problèmes pour Don Isidro Parodi", petit livre peu connu, propose au lecteur curieux une autre facette de l'œuvre borgesienne. Celle du folklore argentin tout en contrastes austères où les hommes et les femmes sont des personnages de tragédie à l'allure fière et dont les travers ridicules n'échappent jamais à l'ironie indulgente de leurs auteurs. Borges et Casares ont construit en quelques paragraphes une vraie potion de bonne humeur et de jubilation spirituelle. Puisse-t-elle conduire vers d'autres horizons de la littérature argentine.
Eh bien non. 4 étoiles

Eh bien non. Je dois avouer moi que je n’ai pas été séduite. J’ai trouvé les récits extrêmement confus (ils sont si occupés à imiter le mode oral du personnage en scène qu’ils deviennent totalement embrouillés), les caractères outranciers, les situations superficielles hors de toute réalité, sans présenter pour autant le charme de la pure fantaisie. On s’y tue vraiment pour pas grand-chose et le fait que ce soit d’une façon originale n’excuse pas tout. Donc, les mobiles me semblent légers et le modus operendi inutilement compliqué. Pour ne rien dire de la situation et du rôle invraisemblables de Don Isidro lui même. Bref, je n’ai pas aimé et d’ailleurs, je ne suis pas allée jusqu’au bout. J’ai décidé de jeter l’éponge après le quatrième problème. J’aurais pu terminer le livre, c’est vrai. Ce n’est pas intolérable à lire, (C’est pour cela que je mets tout de même deux étoiles) mais je n’en espérais plus rien. Alors j’ai abandonné pour le suivant de ma pile dont j’attends, au contraire, beaucoup. Pour revenir au style, je lui reconnais une certaine adresse pour m’avoir gardée si longtemps, alors que le récit m’avait perdue.

Sibylline - Normandie - 74 ans - 13 octobre 2004


Savoureux mais nébuleux 6 étoiles

Les personnages qui se succèdent dans la cellule de Don Isidro Parodi sont pour le moins haut en couleurs et pitoresques. Leurs récits savoureux et colorés ne manquent certe pas de charme et on a rarement vu un livre si bien écrit.
Cependant c'est vraiment trop confus et nébuleux, les intrigues criminelles se succèdent mais le dénouement n'est pas à la hauteur, la solution de l'énigme semble sortir de nulle part, sans qu'on ne saisissent le comment de la déduction.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 15 septembre 2001