Agatha Christie, tome 05 : Mister Brown (version BD)
de Agatha Christie, François Rivière (Scénario), Frank Leclercq (Dessin)

critiqué par Shelton, le 21 novembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
J'attendais mieux...
Dans les romans d’Agatha Christie, on trouve de très nombreux acteurs détectives, même si souvent ce sont les frasques prétentieuses de Hercule Poirot qui ont pris le dessus, au moins dans nos mémoires… On a tendance à oublier les commérages de Miss Marple… et les amours tumultueuses de Tuppence et Tommy… et pourtant comme ils sont beaux à regarder et contempler… Côté efficacité, le résultat final est toujours là mais avec quelques difficultés…
Aborder Agatha Christie en bande dessinée commandait d’aller à leur rencontre, François Rivière, spécialiste de la reine du crime et responsable de la collection Agatha Christie en bédés chez Emmanuel Proust, l’a bien compris et il a organisé cet événement avec un dessin de Frank Leclercq. C’est ainsi que nous pouvons lire ce roman Mister Brown, un texte de 1922, dans une adaptation bédé correcte mais pas parfaite…
Tout d’abord, revenons sur l’histoire, pour ceux qui ne connaîtraient pas l’original. Nous voilà à bord du Lusitania, le 7 mai 1915, lorsque, touché par l’ennemi, le paquebot s’apprête à sombrer dans les flots… Un homme s’approche de Miss Finn et lui dit tout simplement :
« Je dois sauver des documents d’une importance capitale… Acceptez-vous de les prendre ? Sachez qu’il existe un réel danger… »
Oui, l’espion britannique savait bien que l’on sauverait, si c’était possible, les femmes et les enfants d’abord… Il prenait une option sur l’avenir les documents seraient sauvés !
Mais voilà, la guerre est maintenant terminée et on ne sait toujours pas ce que sont devenus les fameux documents. Ont-ils encore une importance le conflit n’ayant plus cours ? Oui, car un groupuscule bolchevique pourrait bien en faire usage contre la couronne…
Mais, pendant ce temps là, Tommy et Tuppence qui se retrouvent, eux-aussi après la guerre, et décident de créer une sorte d’agence de recherches, Les jeunes aventuriers SA, et ils vont devoir récupérer les documents disparus…
Mais si jusque là tout est parfait, les choses se compliquent dans l’adaptation en bande dessinée d’un roman très complexe. Or l’ellipse de la narration graphique ne permet pas une compréhension facile de ce roman. Je serais tenté de dire qu’on ne peut le comprendre qui si on a lu auparavant le roman d’Agatha Christie. Dans le cas contraire, vous aurez l’impression d’une succession à très grande vitesse d’évènements, de rencontres, de bagarres et de coups de théâtre… Mais ça risque d’être décevant…
Pourtant le dessin est d’assez bonne tenue, classique – mais pour Agatha Christie c’est assez cohérent –, et les dialogues sont assez rythmés. Mais je crois que ce qu’ont connu Rivière et Leclercq c’est tout simplement les difficultés que rencontrent tous ceux qui veulent simplifier un texte très dense pour l’adapter en bédé, au cinéma ou au théâtre… Je me souviens d’un auteur qui aurait bien accepté d’adapter le Seigneur des anneaux en bédé à condition de pouvoir le faire en plus de 3000 planches… Aucun éditeur n’a accepté et pourtant ce n’était pas son talent reconnu qui était en cause…
Cet album policier est donc incontournable pour les aficionados de la romancière anglaise, très utile pour les spécialistes de la bande dessinée policière, les amoureux de Tommy et Tuppence… quant aux autres, ils trouveront, sûrement sur ce site, une autre idée de lecture…
Heureusement, les auteurs ont fait ensemble d’autres adaptations beaucoup plus réussies comme nous le verrons prochainement…