Un demi-siècle avec Borges
de Mario Vargas Llosa

critiqué par Sahkti, le 20 novembre 2005
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Entre Borges et Vargas Llosa
A première vue, peu de points communs entre Vargas Llosa, féru d'histoire et de réalisme, et Borges, auteur onirique et inventeur de l'imaginaire. Le second a pourtant bercé les nuits du premier, reconnaissant lire un auteur représentant tout ce qu'il déteste mais le faisant avec plaisir, voire une certaine gourmandise.
Les deux écrivains se sont rencontrés plusieurs fois et ont beaucoup échangé. Un auteur qui se confie et l'autre qui s'interroge, un homme ayant perdu une certaine forme de vision du monde et un autre critiquant ceux qui l'écrivent tout en le faisant lui-même. De belles rencontres et une complicité qui s'installe au fil des ans. Un lien que Vargas Llosa évoque dans cette centaine de pages judicieusement éditées par L'Herne, de conversations en réflexions sur la littérature et la société. Un portrait amical, incisif aussi. C'est que Vargas Llosa a l'oeif vif et la critique aiguisée, personne n'y échappe, même les amis.

Quelques lignes de l'auteur:
"A l'inverse de ce qui m'arrive avec d'autres écrivains qui ont marqué mon adolescence, je n'ai jamais été déçu par Borges... Ma relation étroite de lecteur avec ses livres contredit l'idée selon laquelle on admire avant tout les auteurs proches de soi, ceux qui donnent corps et voix aux fantasmes et désirs qui vous habitent. Peu d'écrivains sont plus éloignés que Borges de ce que mes démons personnels m'ont poussé à être par l'écriture : un romancier intoxiqué par la réalité, fasciné par l'histoire. C'est sans doute pour cela que j'ai toujours lu - et relu - Borges avec une indéfinissable nostalgie et la sensation que quelque chose de cet éblouissant univers surgi de son imagination et de sa prose me sera toujours refusé, quels que soient mon admiration et le plaisir que j'y aurais pris."