Secrets - Le serpent sous la glace : tome 1
de Frank Giroud (Scénario), Milan Jovanović (Dessin)

critiqué par Shelton, le 19 novembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Que la vérité apparaisse !
Dans une nouvelle collection, appelée Empreinte(s), Giroud nous offre une sorte de label, Secrets, qui comporte, à la date d’aujourd’hui, les séries Le serpent sous la glace, L’écharde et Le masque d’Aurore… Frank Giroud, grand scénariste de la bande dessinée, pensons à cette série Décalogue, tente, ici, de nous dévoiler des secrets, importants, intimes ou universels, avec, à chaque fois un dessinateur particulier…
Pour nous emmener en URSS, dans ce Serpent sous la glace, cycle prévu en trois albums, il fait appel à Milan Jovanovic, un auteur dont il semblerait bien que ce soit son premier travail, du moins en langue française… et pour un coup d’essai, c’est très réussi…
Tout commence, lorsque à la mort de leur père, deux enfants, Nathalie et Valentin Kozlov, commencent à fouiller les vieilleries familiales… Voilà que Valentin décide de partir de Paris où il habite pour découvrir qui était son père…
Là, les choses commencent à se compliquer un petit peu… Son père ne s’appelait pas Vassili Kozlov, comme il l’avait toujours cru, mais probablement Dimitri Yakovlev… Mais cela, il l’apprend de la femme de Yakovlev, elle-même, au début de son enquête à Moscou. Pourquoi avoir changé de nom ? Pourquoi avoir pris celui d’un autre ? Cet autre est-il mort, a t-il été assassiné par Dimitri, lui-même ? Autant de questions qui vont assaillir son cerveau et qui vont l’obséder jusqu’à ce que toute la vérité lui soit connue… Mais que de chemin à parcourir… de dangers à affronter… de mensonges à battre en brèche…
Heureusement, pour une telle démarche dans ce pays étranger, car finalement Valentin est avant tout français ayant eu un père qui fut russe en son temps, il va trouver une alliée de taille, de charme et de qualité, Elena, la petite fille de son père, sa nièce en quelque sorte, enfin si son père avait réellement été Vassili et non Dimitri…
Cette enquête va les emmener de découverte en découverte, et pas des moindres. Par exemple, on va apprendre que ce fameux Dimitri fut celui qui mit le premier le pas sur le pôle nord, le véritable pôle nord, pas celui qu’avaient raté les Robert Peary, Tasman, Hudson ou Amundsen… Une photo a immortalisé cet événement et pourtant le nom de Dimitri Yakovlev n’apparaît nulle part. Pire, juste après cette expédition, il est envoyé en Oural, presque en exil… Alors que s’est-il passé ?
Le mystère durera encore quelques temps, car il ne s’agit ici que du premier tome… Le scénario tient bien la route, c’est complexe mais bien construit et agréable à lire. La narration graphique est de très bonne tenue pour un premier album, les phases de discussion, enquête, rencontre, huis clos, très nombreuses, sont si bien présentées qu’elles ne semblent pas trop lentes… Bravo… et… (A suivre)…
Ce petit mot (A suivre) me rappelle ma jeunesse avec ses histoires que l’on lisait en attendant, à chaque fois, une semaine… Moi c’était dans Pilote et Tintin, je sais que pour d’autres c’était Spirou… Mais nous avions pris l’habitude d’attendre pour avoir la suite, même quand le suspense était insoutenable… Aujourd’hui, on veut tout, tout de suite, mais je crois que c’est dommage, car je vois trop d’enfants en collège qui lisent trop vite, sans prendre le temps de rentrer dans l’histoire, d’accompagner les personnages dans les aventures… Alors redécouvrons le temps d’attendre qui permet de mieux vivre les histoires… Le charme du feuilleton…
Voyage au fond de la misère 9 étoiles

Shelton a donné une fois de plus une excellente critique de ce très bon thriller, et je n'ai pas grand chose à ajouter, sauf qu'il met bien en lumière la manière dont fonctionne la société russe depuis la chute du mur de Berlin. Les décors sont hallucinants de vérité, la misère sociale est décrite en images criantes de vérité, avec tous ces gens qui tentent désespérement de survivre à l'époque où Moscou s'ouvre à l'économie de marché. Le dessin de Jovanovic est précis et efficace, sans atteindre au génie de Rosinski ou Jigounov, par exemple.

Le rat des champs - - 73 ans - 19 novembre 2005