Je m'ennuie de Michèle Viroly
de Victor-Lévy Beaulieu

critiqué par Libris québécis, le 7 novembre 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
En quête du paradis perdu
Victor-Lévy Beaulieu est le Houellebecq québécois. Il prêche l’urgence de se civiliser. Pour illustrer cet objectif, il déguise son héros en redresseur de torts fasciné par le professionnalisme de Michèle Viroly, speakerine à la retraite de la chaîne nationale.

Le but est louable, mais les accusations virulentes portent la marque du caractère colérique de l’auteur. Il dénonce, sans aucune nuance, la mollesse des souverainistes, la corruption politique et les médias abrutissants… Son cri primal vise l’embrigadement de croisés pour que l’on retourne au paradis perdu. C’est en somme un discours romantique accroché au temps qui aurait dû suspendre son vol. Cet idéal est véhiculé par un Pistolet, un habitant de la ville de Trois-Pistoles, victime d’un accident de voiture au retour d’un tournoi de championnat de quilles qu’il a d’ailleurs remporté. Devenu handicapé et épileptique, il garde l’espoir, comme le Zadig de Voltaire, que l’humanité recouvre sa virginité.

Il n’est pas sûr que le message de l’auteur soit entendu, car il est véhiculé par des antihéros qui, comme des vers ou des mouches, se pavanent dans la bouse pour sonner l’alarme de notre béessitude (pauvreté de nos aspirations). Sa forte allégorie veut stigmatiser le manque d’originalité des jeunes écrivains, dont il n’a certes pas lu les œuvres pour soutenir une telle assertion. C’est tout de même une œuvre intéressante et originale, mais braquée sur des sentiments qui respirent le règlement de compte avec les détenteurs du pouvoir culturel.