Canardo (Une enquête de l'inspecteur), tome 08 : Canal de l'angoisse
de Sokal

critiqué par Shelton, le 30 octobre 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Je veux un rendez-vous chez mon canardologue !
Pour ceux qui ne connaissent pas encore – ça doit bien exister – le fameux, l’illustre Canardo, il faut que je vous dise qu’il s’agit d’un privé à la mode ancienne, celle qui donnait aux auteurs la possibilité de faire boire et fumer leurs héros sans restriction, sans aucune restriction… Ah, comme il est loin ce temps… Mais rassurez-vous, je comprends bien le souci d’hygiène publique, d’autant plus que devant l’épidémie de baxtoplasmose qui touche le monde, il faut bien faire quelque chose… Mais comme cette maladie ne se soigne que dans le service de canardologie du professeur Baxter… entrons dans le cabinet et attendons, en compagnie de Canardo qui a fait un petit malaise en sortant du bar, hier soir…
Mais voilà, il se passe des choses bien surprenantes dans ce service où va être hospitalisé notre privé, dans une salle commune comme on en voit plus beaucoup, heureusement… Betty, une jeune infirmière voudrait bien parler à Canardo, elle voudrait dire quelque chose d’important qui touche à la sécurité… Mais elle a parlé rapidement devant Josiane, sorte de chef de service… et on retrouve Betty noyée le lendemain matin, dans le canal qui coule devant l’hôpital… Mais est-ce vraiment le pousseur dans le canal qui a encore frappé, non, poussé…
Les aventures de Canardo se présentent comme une série policière, animalière pour adultes, où le côté psychologique est très important. Souvent le fond de l’intrigue est très bien construit, digne d’un véritable policier, l’ambiance est capitale et souvent glauque… Au bout de quelques planches, on oublie complètement l’aspect animalier pour ne plus vivre que dans une histoire humaine, gorgée d’humanisme, où Canardo, sous des aspects de dégénéré représente souvent la raison et le bon sens incarné…
Les méchants le sont à fond, parfois d’une bêtise accablante comme dans cet album avec le professeur Baxter manipulé par son infirmière adorée Josiane… Mais parfois, le méchant, que dis-je, le très méchant, peut avoir des aspects sympathiques, je pense à ce Raspoutine, magnifique chat aux yeux d’or et qui peut être cruel comme on ne peut pas l’imaginer…
Je trouve que cet album est particulièrement réussi, avec beaucoup de mouvement dans le dessin, une narration très efficace, des personnages plus crédibles que dans certains épisodes, j’aime en particulier le riche chef d’entreprise malade, Brissac, et son voisin prolétaire Piccoli, homme coquin, en plus, ce qui ne gâche rien… Quant à l’intrigue, elle est si bien construite qu’elle aurait pu faire l’objet d’un roman ou d’un film très sérieux… Enfin, là, c’est sérieux quand même, je veux dire un bon Canardo…
Je ne peux pas dire si c’est mon préféré, mais c’est un de ceux que j’aime beaucoup et que je ne saurais trop vous conseiller de lire…