Je veux devenir moine zen !
de Kiyohiro Miura

critiqué par FightingIntellectual, le 27 octobre 2005
(Montréal - 41 ans)


La note:  étoiles
Superbe livre passé sous le radar!
Prix Akutagawa au Japon en 1988, complètement passé incognito en occident. Dommage, très dommage si vous voulez mon avis. Présenté comme un livre qui arbore un humour décapant, je dois avouer que j'ai eu de la difficulté à y déceler le comique, chose qui, cependant n'enlève pas sa qualité à l'oeuvre.

Ryota, fils du narrateur, annonce à son papa qu'il veut devenir moine zen après une visite au temple. Le papa, adepte du zazen, semble plutôt désorienté par cette affirmation, mais voit la détermination du jeune Ryota à devenir moine. Puis, au travers des affres de l'adolescence, Ryota change et le narrateur nourrit l'espoir de voir les ambitions de son fils de devenir moine inchangées.

Pour ce il le pousse dans une école religieuse, ce qui force la séparation avec les parents, un changement de nom de Ryota, maintenant Ryokai-san (chose commune chez les moines) et provoque plusieurs prises de conscience et quelques crises dans sa famille.

Miura dépeint très bien les enjeux de devenir autre, les enjeux de la projection et de l'atteinte d'une image donnée. Miura possède également cette fluidité nippone qui plaît tant aux lecteurs. A lire!
Le point faible 7 étoiles

Kimura-San, après huit ans aux Etats-Unis mène une vie tranquillement banale dans son Japon natal. Chaque dimanche il se rend à une séance de zazen. C'est un peu par hasard qu'il y emmène son turbulent petit garçon qui devient étrangement calme quand il est dans le temple. Étonné quand il l'entend dire qu'il veut devenir moine, il hésite entre fierté et amusement. C'était sans compter sur l'impressionnante abbesse et sa force de caractère.
On suit donc le cheminement, non pas d'un adolescent turbulent devenant moine, mais celui d'un couple séparé de son enfant. L'éloignement familial imposé est vécu de façon très différente par le père, la mère ou la sœur. Pour la maman, c'est le deuil d'un fils qu'elle doit faire, et sa souffrance est double de voir son mari soumis, accepter le changement d'identité, la nomination d'un nouveau "père", l'impossibilité d'avoir de ses nouvelles si ce n'est par la femme de ménage.

Ce roman assez court nous emmène dans la tradition japonaise. Même si tous les mots ne sont pas expliqués, un glossaire conséquent nous permet de suivre les grandes lignes de la religion bouddhiste. Mais je crois que ce qui m'a touchée serait transposable dans toute autre religion : le départ d'un fils vécu tellement différemment par un père ou une mère; quand les parents sont les points faibles de leur enfant qui part bon ou mal gré.
Et pourtant, si le sujet est très intéressant, je n'ai pas été passionnée par la lecture sans que je sache vraiment l'expliquer. Une certaine distance, une froideur dans les personnages qui n'est peut-être due qu'à la distance culturelle.

Marvic - Normandie - 65 ans - 22 mars 2015


Père-fils 9 étoiles

C'est à travers les yeux du père qu'on suit l'évolution du fils qui veut devenir moine. Or, comme le père s'est converti sur le tard et a entraîné son fils dans sa pratique du zazen, il s'en sent responsable. Comment se fait-il que ce fils si ordinaire, si contemporain dans ses goûts veut-il entrer dans les ordres? En fait, le roman pose la question de la part parentale dans les choix de vie de nos enfants car, comme le fait remarquer la mère, le choix de nos enfants interroge toujours nos propres choix.

Vigno - - - ans - 1 janvier 2006