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Vous voulez que j’vous parle de mes 20 ans ?! Y a belle lurette qu’ils sont passés mes 20 ans ! Attendez voir….1923 ! Et pourtant, je ne risque pas de l’oublier cette année là, c’est l’année où j’ai rencontré Germaine. Germaine que j’ai épousée 4 ans plus tard.
C’était au mariage de mon cousin ; à cette époque, chacun avait une cavalière. C’était la première fois que je la voyais, elle était la cousine de la mariée. Petite, menue, on aurait dit une petite souris apeurée. Allez, à vous, je peux bien le dire, j’ai fait un peu mon fanfaron, moi qui venais de la ville devant elle qui n’avait jamais quitté la ferme de ses parents. J’étais cheminot à la gare du Havre, j’ai vu que ça l’impressionnait.
Et quand à la fin du repas, au moment des liqueurs et du café calva, j’ai entonné Le Temps des cerises, j’ai bien vu qu’elle était émue. Quatre ans plus tard, on se mariait !
Je m’appelle Paulette et je suis la deuxième fille d’Irénée et Germaine. J’ai eu 20 ans en 1955, à cette époque, pas de fête, juste parrain et marraine pour manger le gâteau. J’habitais encore chez mes parents, dans les quartiers préservés derrière la gare, à quelques centaines de mètres du centre ville reconstruit du Havre. Avec mes sœurs, on aimait bien aller voir les grands travaux, aller au cinéma. Et surtout, acheter les partitions de nos chansons préférées. Je ne sais pas si on tenait ça de notre père, mais qu’est-ce qu’on aimait chanter ! Surtout Edith Piaf !
J’étais fière d’avoir mon diplôme de sténo-dactylo. Et fière aussi que Pierre, le meilleur ami de mon frère s’intéresse à moi. Et ça, c’est le meilleur souvenir de mes 20 ans !
Je suis la dernière fille de la famille et je m’appelle Véronique. Paulette et Pierre ne m’attendaient pas vraiment quand je suis arrivée en 1962 après mes deux sœurs. De bons souvenirs, j’en ai beaucoup. Tous ces repas de famille, où nous étions si contents de nous retrouver tous ensemble cousins et cousines, oncles et tantes, parfois jusqu’à 25 autour de la table. L’année de mes 20 ans, fut le dernier grand Noël ; trop de « pièces rapportées », de petits-enfants…
Un grand pincement au cœur bien sûr, mais c’est aussi l’année où je suis entrée dans le monde adulte avec ma première nomination, ma première année de « maîtresse d’école ». Et alors que je suis à la retraite, je me souviens comme si c’était hier de cette première rentrée où se chevauchaient fierté et appréhension.
Moi, c’est Marie. La petite « ravisée » comme on dit dans la famille.
J’ai eu 20 ans ; l’an dernier. Cela faisait des mois que Véronique et Jean, mes parents et moi-même préparions une belle fête ; je les entendais me répéter « 20 ans, c’est le plus bel age ! » Et moi je les croyais ! Même si ça me faisait un peu peur cette phrase ! Ça veut dire qu’après c’est moins bien ?!
Personne n’avait prévu qu’avoir 20 ans en 2020 n’allait pas être une fête du tout. J’étais en dernière année de licence, plus que 6 mois à la cité U de Mont Saint Aignan avant de quitter Rouen et d’aller vers d’autres horizons. En fait d’autres horizons, j’ai eu le choix entre les 25 mètres carrés de ma chambre étudiante ou retourner chez papa-maman. J’ai finalement choisi le confort, l’espace, la bonne cuisine préparée avec maman, et le jardinage avec papa. Pas forcément évident de retrouver nos marques. Petites tensions quand je passais mes heures sur mes écrans, surtout à table. J’avais beau leur rappeler que j’allais avoir 20 ans...
Mais bon ; ils sont hyper cool mes parents. Quand ils ont vu le deuxième confinement se dessiner, ils ont réservé la salle, le traiteur, sono et tutti quanti pour le même jour, à la même heure l’année suivante. Et là, je suis sûre qu’on sera tous réunis, familles, amis, qu’on n’aura qu’une envie, celle de faire la fête tous ensemble en ce 20 décembre 2021 à 20 heures précises !
C’était au mariage de mon cousin ; à cette époque, chacun avait une cavalière. C’était la première fois que je la voyais, elle était la cousine de la mariée. Petite, menue, on aurait dit une petite souris apeurée. Allez, à vous, je peux bien le dire, j’ai fait un peu mon fanfaron, moi qui venais de la ville devant elle qui n’avait jamais quitté la ferme de ses parents. J’étais cheminot à la gare du Havre, j’ai vu que ça l’impressionnait.
Et quand à la fin du repas, au moment des liqueurs et du café calva, j’ai entonné Le Temps des cerises, j’ai bien vu qu’elle était émue. Quatre ans plus tard, on se mariait !
Je m’appelle Paulette et je suis la deuxième fille d’Irénée et Germaine. J’ai eu 20 ans en 1955, à cette époque, pas de fête, juste parrain et marraine pour manger le gâteau. J’habitais encore chez mes parents, dans les quartiers préservés derrière la gare, à quelques centaines de mètres du centre ville reconstruit du Havre. Avec mes sœurs, on aimait bien aller voir les grands travaux, aller au cinéma. Et surtout, acheter les partitions de nos chansons préférées. Je ne sais pas si on tenait ça de notre père, mais qu’est-ce qu’on aimait chanter ! Surtout Edith Piaf !
J’étais fière d’avoir mon diplôme de sténo-dactylo. Et fière aussi que Pierre, le meilleur ami de mon frère s’intéresse à moi. Et ça, c’est le meilleur souvenir de mes 20 ans !
Je suis la dernière fille de la famille et je m’appelle Véronique. Paulette et Pierre ne m’attendaient pas vraiment quand je suis arrivée en 1962 après mes deux sœurs. De bons souvenirs, j’en ai beaucoup. Tous ces repas de famille, où nous étions si contents de nous retrouver tous ensemble cousins et cousines, oncles et tantes, parfois jusqu’à 25 autour de la table. L’année de mes 20 ans, fut le dernier grand Noël ; trop de « pièces rapportées », de petits-enfants…
Un grand pincement au cœur bien sûr, mais c’est aussi l’année où je suis entrée dans le monde adulte avec ma première nomination, ma première année de « maîtresse d’école ». Et alors que je suis à la retraite, je me souviens comme si c’était hier de cette première rentrée où se chevauchaient fierté et appréhension.
Moi, c’est Marie. La petite « ravisée » comme on dit dans la famille.
J’ai eu 20 ans ; l’an dernier. Cela faisait des mois que Véronique et Jean, mes parents et moi-même préparions une belle fête ; je les entendais me répéter « 20 ans, c’est le plus bel age ! » Et moi je les croyais ! Même si ça me faisait un peu peur cette phrase ! Ça veut dire qu’après c’est moins bien ?!
Personne n’avait prévu qu’avoir 20 ans en 2020 n’allait pas être une fête du tout. J’étais en dernière année de licence, plus que 6 mois à la cité U de Mont Saint Aignan avant de quitter Rouen et d’aller vers d’autres horizons. En fait d’autres horizons, j’ai eu le choix entre les 25 mètres carrés de ma chambre étudiante ou retourner chez papa-maman. J’ai finalement choisi le confort, l’espace, la bonne cuisine préparée avec maman, et le jardinage avec papa. Pas forcément évident de retrouver nos marques. Petites tensions quand je passais mes heures sur mes écrans, surtout à table. J’avais beau leur rappeler que j’allais avoir 20 ans...
Mais bon ; ils sont hyper cool mes parents. Quand ils ont vu le deuxième confinement se dessiner, ils ont réservé la salle, le traiteur, sono et tutti quanti pour le même jour, à la même heure l’année suivante. Et là, je suis sûre qu’on sera tous réunis, familles, amis, qu’on n’aura qu’une envie, celle de faire la fête tous ensemble en ce 20 décembre 2021 à 20 heures précises !
20 ans en 1923 ou en 2020.... c'est toujours "avoir 20 ans" .
mais on ne le réalise que bien des années plus tard.
Belle Prose Marvic !
mais on ne le réalise que bien des années plus tard.
Belle Prose Marvic !
Quelle jolie idée Marvic de suivre ces différentes générations. Et ça me touche d'autant plus que ça correspond à peu près aux dates de mes grand-parents et parents...Un sacré bond dans le temps cette distance entre ces 2 dates ! Merci pour cette belle photographie de tous ces personnages ; beaucoup de nostalgie et d'espoir aussi ça fait du bien...
Jolie galerie de portraits mélangeant les générations et le "20 ans pour de faux" est bien trouvé, avec le report d'un an à cause du covid ! Je ne sais pas si le texte est un clin d'œil à CL mais c'est l'un des grands charmes du site, qui permet à des lecteurs de tous horizons et de tous âges (même s'ils ont toujours 20 ans !!! :P) d'échanger librement sur toute la littérature bien sûr mais aussi sur tous les sujets !
Et voilà un texte qui mêle l'actualité la plus mortifère aux données de l'appel ; 20 ans pour de faux, merci le Covid. C'est très bien trouvé et le fil en arrière est bien remonté, jusqu'à Germaine et Irénée. Et voilà 100 ans de balayés. 100 ans de petits bonheurs et de sourdes inquiétudes.
Même que ça pourrait s'appuyer sur des données personnelles. Parfaitement dans les clous.
Marvic est sur C.L. depuis le 23/11/2008, elle s'est décidée à laisser son premier texte sur Vos Ecrits le 17/10/2010. C'était déjà dans le cadre d'un anniversaire ; les 10 ans de Critiques Libres ! Ca ne s'invente pas un truc pareil !
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
Même que ça pourrait s'appuyer sur des données personnelles. Parfaitement dans les clous.
Marvic est sur C.L. depuis le 23/11/2008, elle s'est décidée à laisser son premier texte sur Vos Ecrits le 17/10/2010. C'était déjà dans le cadre d'un anniversaire ; les 10 ans de Critiques Libres ! Ca ne s'invente pas un truc pareil !
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
Un texte façon interview qui balaie le temps et recueille les impressions, c'est une belle idée que tu as eue là, Marvic.
On voit bien l'évolution au fil des décennies, 20 ans aujourd'hui sembleraient moins importants que les 18 ans qui nous font passer dans la case "adulte", et pourtant ils comptent et les enfants réclament une grande fête ! Est-ce la frustration des deux années passées ? Certainement !
Merci Marvic pour ce texte réconfortant !
Quatre fois vingt ans qui ne font pas quatre vingt ans (ni huitante !!) : le compteur reste figé à vingt ans, les protagonistes changent. Vingt ans transgénérationnels, donc, avec des enjeux qu’il demeurent, certains qui apparaissent, d’autres encore en perte de vitesse. Heureuse de lire la clôture de ton texte : à te lire, on peut dire que plus encore que le Paris d’Hemingway, CL est une fête !
Belle série d'auto-portraits. Bien dans leurs époques respectives.
C'est surtout Véronique qui me touche, à peine plus jeune que moi. Et ce concept de "pièces rapportées", je le connais si bien, d'autant que certaines pièces changeaient régulièrement du côté de mes frères et sœurs, tous mes aînés. :-D
Il y a eu plusieurs années "sans", après le divorce de mes parents, mais ça a commencé à reprendre lorsque la génération suivante a pointé le bout de son nez, renifleur de papier d'emballage-cadeau. :-)
C'est surtout Véronique qui me touche, à peine plus jeune que moi. Et ce concept de "pièces rapportées", je le connais si bien, d'autant que certaines pièces changeaient régulièrement du côté de mes frères et sœurs, tous mes aînés. :-D
Il y a eu plusieurs années "sans", après le divorce de mes parents, mais ça a commencé à reprendre lorsque la génération suivante a pointé le bout de son nez, renifleur de papier d'emballage-cadeau. :-)
Des souvenirs à travers les générations. Des façons d'avoir 20 ans mais aussi de leur époque en témoignages.
Il y a plus de 100 ans naissait une femme qui fut ma grand-mère, à 20 ans enceinte puis jeune mariée. J'ai tout de suite pensé à son histoire, puis avec le temps des cerises, symbole de luttes mais aussi de la France. Et les personnages déroulent leur coucous, souvenir presque métronomiques, instantanés ou images de la pellicule du film accrochées à la scène précédente.
Et la fin ouverte vers le présent, les futurs, nous rappelle la période curieuse que nous vivons et les enfants qui à 20 ans ont faim du monde comme nous déjà rassasiés de nos 20 ans.
Pour perpétrer la tradition de la vie(un anniversaire j'imagine): celle de faire la fête tous ensemble en ce 20 décembre 2021 à 20 heures précises !
Merci pour ce joli calendrier de l'avent 20 à 20h
Il y a plus de 100 ans naissait une femme qui fut ma grand-mère, à 20 ans enceinte puis jeune mariée. J'ai tout de suite pensé à son histoire, puis avec le temps des cerises, symbole de luttes mais aussi de la France. Et les personnages déroulent leur coucous, souvenir presque métronomiques, instantanés ou images de la pellicule du film accrochées à la scène précédente.
Et la fin ouverte vers le présent, les futurs, nous rappelle la période curieuse que nous vivons et les enfants qui à 20 ans ont faim du monde comme nous déjà rassasiés de nos 20 ans.
Pour perpétrer la tradition de la vie(un anniversaire j'imagine): celle de faire la fête tous ensemble en ce 20 décembre 2021 à 20 heures précises !
Merci pour ce joli calendrier de l'avent 20 à 20h
Quatre générations racontent leurs vingt ans, en commençant par l'arrière grand-père. Quatre vingt ans qui ne se ressemblent pas, sauf peut-être dans leur enthousiasme face à la vie qui s'ouvre devant eux. Et je l'envie, cet enthousisame, ce courage, cette soif. Et le besoin de se souvenir des vingt ans, ou de marquer le coup. Que faisais-je à vingt ans ? Mazette, à part des études, m'en souviens pas. Du coup ton texte me fait me creuser la tête...
Une belle continuité et une fraîcheur dans ces 20 années à chaque fois pleines de promesse au fil de l'arbre généalogique.
Un texte touchant. Merci. :-)
Un texte touchant. Merci. :-)
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