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Steven et Killian s’ennuient ferme en ce début de vacances de Noël 2021. Vautrés dans le désordre de la chambre de Steven, ils ont chacun les yeux rivés sur l’écran de leur portable, scrollant machinalement et se lançant parfois quelques mots pour… bah, comme ça.
« T’as vu ce truc-là, ABBA ? C’est vraiment des vieux qui se sont fait numériser pour faire un concert ! lance Killian, partagé entre la consternation et l’étonnement.
- Ouais, c’est un truc que mes parents écoutent parfois, c’est de leur génération, ça doit avoir presque vingt ans, c’est ouf !
- Ah ouais, complétement ! »
Le silence s’installe à nouveau quelques minutes, le retour d’un groupe mythique sur le devant de la scène après trente-neuf ans d’absence (mais cela, ils l’ignorent), n’ayant pas ému plus que cela les ados. Les écrans accaparent leurs yeux qui passent de vidéos de petits chats à celles de défis culinaires à base de beaucoup trop de fromage. Internet, c’est fabuleux, on peut savoir ce que cela fait de couler de l’aluminium fondu dans une pastèque ou une fourmilière.
« Ouais, vingt ans, c’est fou… ils faisaient quoi tes parents il y a vingt ans ? demanda Steven, ennuyé par son écran.
- Je sais pas moi. Et toi, les tiens ?
- Ben, je sais pas trop, y’avait pas internet. Ils regardaient la télé je suppose ? »
Tous deux font immédiatement la grimace. La télévision, ce pourvoyeur de programmes ringards avec des présentateurs hors d’âge, les mêmes depuis… au moins vingt ans !
« Wesh ! t’as vu ce truc, là, Télématin, c’est pas possible ça ! c’est tellement le début des années 2000 ! se moque Killian.
- C’est pas plus vieux encore ?
- Peut-être, je sais pas. Tu crois que c’est aussi vieux que ce que regarde ta grand-mère, là, le truc avec les questions ?
- Sans doute. Ouais, c’est fou qu’il y ait encore des gens pour regarder la télé, c’est tellement nul.
- Bah, mes parents, il regardent Arte, y’a des reportages. Ils disent que c’est pas mal.
- Ah ».
Dans la pièce d’à côté, les parents de Steven sont assis devant l’écran d’un PC portable.
« P’tain, ce site n’arrête pas de bugger, c’est nul leur truc ! lance le père.
- Mais c’est ta faute aussi, il faut d’abord se logger avec ses identifiants ! ça fait dix fois que je te le dis !
- Puff, tout le monde doit être là, comme nous, à prendre rendez-vous pour la troisième dose, le site est saturé. Faut dire qu’ils nous emmerdent avec ça ! Pouvaient pas attendre mars pour cette fichue dose ? On va se faire piquer deux fois par an maintenant ?
- Ouais, bé en attendant, si j’ai pas de rendez-vous avant janvier, je ne sais pas comment je vais pouvoir assurer ma réunion ! »
Quelques minutes de silence et de concentration s’installent. Les rendez-vous sont pris. Les yeux se détachent de l’appareil.
« J’en peux plus de ces écrans, toute la journée devant, et le soir, pour n’importe quoi, il faut encore s’y mettre ! soupire la mère.
- A t’entendre on croirait que tu as eu vingt ans dans les années soixante-dix ! se moque le père. Il y avait aussi des écrans quand nous étions ados !
- Pas autant, pas pour tout et n’importe quoi ! et surtout, il n’y avait pas ces réseaux sociaux remplis d’idioties et de violence.
- Tu dis ça, mais tu les consultes aussi.
- Oui, mais je ne suis pas accroc… bah, laisse tomber et éteint le PC. Je vais voir ce que font les gosses, je les trouve bien calmes.
- C’est justement parce qu’on n’entend rien que je ne m’inquiète pas, dit le père ».
La mère soupire à nouveau :
« Pauvres gamins ! Ils vont avoir dix-huit ans et ils ont déjà connu deux années de pandémie, les masques, les vaccins, le confinement, les cours en ligne…
- Oui, c’est sûr. Pas simple. Surtout pour le lien social. On s’était posé moins de questions, à leur âge. Avoir à faire attention à tout, à garder ses distances, autant de temps, il y a de quoi considérer une bonne fois pour toutes chaque personne comme un sac à microbes !
- Oui, il y a vingt ans on ne faisait pas attention à tout cela. Tout était plus simple…
- Tu le penses vraiment ? s’étonne le père. Pourtant, il y avait bien des horreurs dans le monde, nous avions nos inquiétudes. Aujourd’hui il semble qu’on focalise tous nos malheurs sur la pandémie, alors que le reste n’a pas vraiment changé, malheureusement.
- Oui, tu as raison. Mais cela ne me rassure pas pour eux.
- Nos parents ont dû penser la même chose pour nous. J’ai l’impression que vingt ans ont passé sans que cela ait changé grand-chose au final.
- Peut-être… »
La mère se lève, attrape deux verres dans le placard et leur sert un peu de vin rouge.
« Tiens, après tout, profitons-en tant qu’on a la paix. A nos vingt ans ! »
« T’as vu ce truc-là, ABBA ? C’est vraiment des vieux qui se sont fait numériser pour faire un concert ! lance Killian, partagé entre la consternation et l’étonnement.
- Ouais, c’est un truc que mes parents écoutent parfois, c’est de leur génération, ça doit avoir presque vingt ans, c’est ouf !
- Ah ouais, complétement ! »
Le silence s’installe à nouveau quelques minutes, le retour d’un groupe mythique sur le devant de la scène après trente-neuf ans d’absence (mais cela, ils l’ignorent), n’ayant pas ému plus que cela les ados. Les écrans accaparent leurs yeux qui passent de vidéos de petits chats à celles de défis culinaires à base de beaucoup trop de fromage. Internet, c’est fabuleux, on peut savoir ce que cela fait de couler de l’aluminium fondu dans une pastèque ou une fourmilière.
« Ouais, vingt ans, c’est fou… ils faisaient quoi tes parents il y a vingt ans ? demanda Steven, ennuyé par son écran.
- Je sais pas moi. Et toi, les tiens ?
- Ben, je sais pas trop, y’avait pas internet. Ils regardaient la télé je suppose ? »
Tous deux font immédiatement la grimace. La télévision, ce pourvoyeur de programmes ringards avec des présentateurs hors d’âge, les mêmes depuis… au moins vingt ans !
« Wesh ! t’as vu ce truc, là, Télématin, c’est pas possible ça ! c’est tellement le début des années 2000 ! se moque Killian.
- C’est pas plus vieux encore ?
- Peut-être, je sais pas. Tu crois que c’est aussi vieux que ce que regarde ta grand-mère, là, le truc avec les questions ?
- Sans doute. Ouais, c’est fou qu’il y ait encore des gens pour regarder la télé, c’est tellement nul.
- Bah, mes parents, il regardent Arte, y’a des reportages. Ils disent que c’est pas mal.
- Ah ».
Dans la pièce d’à côté, les parents de Steven sont assis devant l’écran d’un PC portable.
« P’tain, ce site n’arrête pas de bugger, c’est nul leur truc ! lance le père.
- Mais c’est ta faute aussi, il faut d’abord se logger avec ses identifiants ! ça fait dix fois que je te le dis !
- Puff, tout le monde doit être là, comme nous, à prendre rendez-vous pour la troisième dose, le site est saturé. Faut dire qu’ils nous emmerdent avec ça ! Pouvaient pas attendre mars pour cette fichue dose ? On va se faire piquer deux fois par an maintenant ?
- Ouais, bé en attendant, si j’ai pas de rendez-vous avant janvier, je ne sais pas comment je vais pouvoir assurer ma réunion ! »
Quelques minutes de silence et de concentration s’installent. Les rendez-vous sont pris. Les yeux se détachent de l’appareil.
« J’en peux plus de ces écrans, toute la journée devant, et le soir, pour n’importe quoi, il faut encore s’y mettre ! soupire la mère.
- A t’entendre on croirait que tu as eu vingt ans dans les années soixante-dix ! se moque le père. Il y avait aussi des écrans quand nous étions ados !
- Pas autant, pas pour tout et n’importe quoi ! et surtout, il n’y avait pas ces réseaux sociaux remplis d’idioties et de violence.
- Tu dis ça, mais tu les consultes aussi.
- Oui, mais je ne suis pas accroc… bah, laisse tomber et éteint le PC. Je vais voir ce que font les gosses, je les trouve bien calmes.
- C’est justement parce qu’on n’entend rien que je ne m’inquiète pas, dit le père ».
La mère soupire à nouveau :
« Pauvres gamins ! Ils vont avoir dix-huit ans et ils ont déjà connu deux années de pandémie, les masques, les vaccins, le confinement, les cours en ligne…
- Oui, c’est sûr. Pas simple. Surtout pour le lien social. On s’était posé moins de questions, à leur âge. Avoir à faire attention à tout, à garder ses distances, autant de temps, il y a de quoi considérer une bonne fois pour toutes chaque personne comme un sac à microbes !
- Oui, il y a vingt ans on ne faisait pas attention à tout cela. Tout était plus simple…
- Tu le penses vraiment ? s’étonne le père. Pourtant, il y avait bien des horreurs dans le monde, nous avions nos inquiétudes. Aujourd’hui il semble qu’on focalise tous nos malheurs sur la pandémie, alors que le reste n’a pas vraiment changé, malheureusement.
- Oui, tu as raison. Mais cela ne me rassure pas pour eux.
- Nos parents ont dû penser la même chose pour nous. J’ai l’impression que vingt ans ont passé sans que cela ait changé grand-chose au final.
- Peut-être… »
La mère se lève, attrape deux verres dans le placard et leur sert un peu de vin rouge.
« Tiens, après tout, profitons-en tant qu’on a la paix. A nos vingt ans ! »
Eh oui.... le " 20 ans" transgénérationnel est sympa !
Le transgénérationnel est sympa mais le bilan, c'est qu'avoir 20 ans aujourd'hui, c'est bien déprimant ! Heureusement, on peut se consoler en regardant des vidéos sympa d'expériences de pastèque et d'aluminium fondu, dont je ne savais même pas qu'elles étaient à disposition sur youtube ! Merci Antinéa, car sans toi je n'aurais pas eu l'idée d'aller les chercher ! :P (en revanche, je ne cautionne pas le massacre des fourmis !)
20 ans pour de faux, c'est donc Abba. Abba dont Saule nous mettait un extrait le 10 Décembre sur Conv. & Bad.. C'est ça qui t'a donné l'idée ou c'est une coïncidence (moi je pense que l'idée est venue de son extrait).
Et donc dialogues intra-générationnels sur une actualité qui nous colle aux pattes comme le sparadrap sur le doigt du Capitaine Haddock ! C'est bien senti et tout à fait crédible. Et truffé de dialogues ; ce ne serait pas un texte d'Antinea par hasard ?!
Antinea s'est inscrite sur le site dès le 27/08/2005, on va la qualifier d'ancienne malgré son jeune âge (mais il y a encore plus ancienne qu'elle ayant participé). Elle a mis son premier texte sur Vos Ecrits 2 mois après, le 14/10/2005 :
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
Mais son grand oeuvre c'est L'homme du train, un roman entièrement disponible sur C.L./Vos Ecrits, par petits morceaux ...
Et donc dialogues intra-générationnels sur une actualité qui nous colle aux pattes comme le sparadrap sur le doigt du Capitaine Haddock ! C'est bien senti et tout à fait crédible. Et truffé de dialogues ; ce ne serait pas un texte d'Antinea par hasard ?!
Antinea s'est inscrite sur le site dès le 27/08/2005, on va la qualifier d'ancienne malgré son jeune âge (mais il y a encore plus ancienne qu'elle ayant participé). Elle a mis son premier texte sur Vos Ecrits 2 mois après, le 14/10/2005 :
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
Mais son grand oeuvre c'est L'homme du train, un roman entièrement disponible sur C.L./Vos Ecrits, par petits morceaux ...
Dingue ! J'entends mes filles dans le dialogue des ados, ton texte est drôle, un train à deux vitesses et les uns regardent les autres dans l'incompréhension. Conflit générationnel, je me souviens avoir connu ça avec ma mère pendant l'adolescence, mais je crois que l'écart n'était pas si grand, je consentais tout de même à écouter Mike Brant et Frédéric François sans mettre les Boules Quiès :-)
Merci Antinea pour ce texte, et heureuse que tu aies eu le temps de participer à cet anniversaire !
Ah ,on est vraiment dans l'actualité! Avec le thème "c'etait comment avant.."?.Je découvre cet impact aussi important des écrans pour les enfants et jeunes. Enfin surtout je me rends compte que j'ai échappé à ça pour ma fille et je n'en suis pas mécontente ...
Tres amusant ces dialogues entre enfants d'un côté et parents de l'autre. C'est clair que c'est bien dur à gerer ces petits ecrans, je le vois bien pour mes petits enfants, on essaie de tenir bon mais les copains eux...et dès qu'ils les ont enfin entre les mains l'attrait est tel qu'on se demande s'il ne fallait pas faire autrement, par petites doses, mais à l'époque actuelle la mesure n'est pas vraiment possible...
Heureuse de retrouver cette belle ecriture et cette pertinence dans la reflexion...
Tiens bon Antinea et surveille bien ton petit qui va bien j'espère:-))
Tres amusant ces dialogues entre enfants d'un côté et parents de l'autre. C'est clair que c'est bien dur à gerer ces petits ecrans, je le vois bien pour mes petits enfants, on essaie de tenir bon mais les copains eux...et dès qu'ils les ont enfin entre les mains l'attrait est tel qu'on se demande s'il ne fallait pas faire autrement, par petites doses, mais à l'époque actuelle la mesure n'est pas vraiment possible...
Heureuse de retrouver cette belle ecriture et cette pertinence dans la reflexion...
Tiens bon Antinea et surveille bien ton petit qui va bien j'espère:-))
Oh que je me sens vieille en lisant les échanges des deux jeunes et leur vocabulaire qui me dépasse :-)
Quand en plus, on a chanté et dansé sur ABBA !! C'était presque dans une autre vie !
Il n'empêche que les écrans sont maintenant intergénérationnels.
Les dialogues donnent du rythme au texte qui traduit bien l'ambiance actuelle. Bien vu !
Quand en plus, on a chanté et dansé sur ABBA !! C'était presque dans une autre vie !
Il n'empêche que les écrans sont maintenant intergénérationnels.
Les dialogues donnent du rythme au texte qui traduit bien l'ambiance actuelle. Bien vu !
Belles interrogations que tu nous livres là, Antinéa.
Il y a sûrement toujours eu un écart de points de vue entre générations. Il me semble néanmoins que depuis le début du XXème siècle, la vitesse des changements augmente de façon exponentielle, et donc également les sujets à incompréhension mutuelle.
Tes ados me font un peu penser à Aggripine et sa copine Bergère. :-)
"y avait pas internet"; "y avait pas de gsm" (et encore moins de smartphones) "Mais comment ils faisaient, nos parents ?!" :-)
Il y a sûrement toujours eu un écart de points de vue entre générations. Il me semble néanmoins que depuis le début du XXème siècle, la vitesse des changements augmente de façon exponentielle, et donc également les sujets à incompréhension mutuelle.
Tes ados me font un peu penser à Aggripine et sa copine Bergère. :-)
"y avait pas internet"; "y avait pas de gsm" (et encore moins de smartphones) "Mais comment ils faisaient, nos parents ?!" :-)
Merci à toutes et tous pour m'avoir lue et pour vos petits mots !
Tistou, pour te répondre : pure coïncidence !
Tistou, pour te répondre : pure coïncidence !
Étant désormais la tante d’un petit bout de huit mois qui a fait de l’onomatopée « Abba » son « areu » personnel, ce texte me parle : que pensera-t-elle de la génération de ses parents dans vingt ans ? Et à quel point sera-t-on largués devant leurs connaissances et leurs pratiques (technologiques, mais pas que) ? Ça fait plaisir de te lire, Antinea !
C'est un plaisir de te retrouver Antinéa ! Les souvenirs ne datent toutefois pas de 20 ans.
Le temps passe, les modes changent et ici c'est surtout le modèle qui a changé. Autrefois tous assis devant le poste de télévision, désormais c'est chacun devant son écran.
Le temps passe, les jeunes le sont un peu moins et d'autres les remplacent.
Le temps passe, la roue tourne et ce qui semble ringard aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain, ou alors l'inverse...
Le temps passe et qu'est-ce qui change vraiment ?
Alors oui, Antinéa, je lève mon verre avec toi !
À la paix. Nous avons cette immense chance de vivre en paix dans nos contrées.
Merci de nous le rappeler.
C'est doux à vivre de n'avoir pas à devoir prendre une arme pour la pointer vers un autre humain comme nous.
C'était bien de te retrouver !
Le temps passe, les modes changent et ici c'est surtout le modèle qui a changé. Autrefois tous assis devant le poste de télévision, désormais c'est chacun devant son écran.
Le temps passe, les jeunes le sont un peu moins et d'autres les remplacent.
Le temps passe, la roue tourne et ce qui semble ringard aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain, ou alors l'inverse...
Le temps passe et qu'est-ce qui change vraiment ?
Alors oui, Antinéa, je lève mon verre avec toi !
À la paix. Nous avons cette immense chance de vivre en paix dans nos contrées.
Merci de nous le rappeler.
C'est doux à vivre de n'avoir pas à devoir prendre une arme pour la pointer vers un autre humain comme nous.
C'était bien de te retrouver !
On est toujours le ringard de quelqu'un et ça arrive vite!
Moi quand j'étais ado, ce n'était pas fourrée devant un écran que j'étais mais dans mes bouquins! Je n'étais pas beaucoup plus sociable en famille, pour le coup... :-)
Bon Antinea, tu viens à la prochaine rencontre CL? ;-))
Moi quand j'étais ado, ce n'était pas fourrée devant un écran que j'étais mais dans mes bouquins! Je n'étais pas beaucoup plus sociable en famille, pour le coup... :-)
Bon Antinea, tu viens à la prochaine rencontre CL? ;-))
A nos 20 ans alors. Ce qui est appréciable c'est que tu pose ton texte tranquillement, très agréable à lire et nous situe dans le monde directement, dans les temps d'un monde où ABBA squattait les premières places du top 50. Les idées du texte passent finement et l'humour omniprésent rajoute à la légèreté.
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